mardi 20 juin 2017

En quel sens la manifestation est conscience

Dans son Introduction à sa traduction de la Doctrine secrète de la Déesse (Tripurârahasya, Fayard, 1979), Michel Hulin saisit clairement l'un des points de divergence entre le shivaïsme du Cachemire et l'Advaïta Védânta :

"à la différence de ce qui vaut pour le Védânta, la conscience n'est pas comprise ici comme influencée de l'extérieur (serait-ce fictivement) par une insaisissable mâyâ, mais comme produisant le monde sensible en vertu d'une nécessité intérieure : elle "spatialise" et "temporalise" à partir de son essence la plus intime. Miroir, certes, mais comme le dit l'invocation initiale [de la Doctrine], "miroir pensant", miroir qui suscite en lui-même ses propres reflets, loin de les recevoir passivement de l'extérieur".



Et voilà donc pourquoi le Védânta n'échappe peut-être jamais au dualisme : il conçoit la conscience comme un espace passif, un Témoin face à la manifestation. Le Védânta peut rétorquer que ce face-à-face est fictif, donc non-duel... Reste que cette manifestation demeure pour lui un mystère tout à fait exclut, en droit, de la Lumière consciente. La conscience, selon le Védânta, n'intègre pas la manifestation, mais la réfute seulement. Et quand le Védânta affirme, finalement, que "tout est conscience", c'est parce que la manifestation est réfutée par son impermanence active, face à la permanence passive de la conscience qui se révèle ainsi, dans la doctrine védântique, très proche d'une sorte d'inconscience. A cet égard, il est d'ailleurs révélateur que Shankara (le formulateur de ce Védânta) parle d'abord de l'absolu comme "être", puis ensuite seulement comme "conscience", et presque jamais comme "félicité"...

La citation ci-dessus vient de la Doctrine, oeuvre du Sud de l'Inde qui reste à ce jour l'introduction la plus claire à la philosophie tantrique de la Reconnaissance.

1 commentaire:

  1. Etre -Conscience-Félicité
    Cet ordre n'est il pas logique?
    Pour être conscience,il faut d'abord être.
    De cette expérience de conscience vient la félicité car cet expérience de conscience me rend libre d'être,ou ne pas.

    Etre; expérience de Je(suis) de l' état. père naissance
    Conscience; expérience de connaissance de l'état; fils. seconde naissance
    Félicité; re-connaissance(connaissance du principe de l'état); esprit. rennaissance

    Cette expérience n'est elle pas sans solution de continuité, cyclique,instantanée,ouverte.(symbole de la spire)
    Ainsi l'éternité est ,toujours,seulement, maintenant.Alors la conscience est un état,la félicité est conscience et l'être est félicité.

    Si la divergence parait pertinente si l'on accentue l'un ou l'autre de ces aspects co-essentiels,
    L'on peut aussi envisager leur communauté.
    Comme par exemple, deux soeurs ,filles du même père.

    Merci pour le partage de ces merveilleux textes.
    Pardonnez mon expression ,en espérant que vous comprendrez le sens de ce que j'essaye de dire,
    j'ai peu d'instruction.
    cordialement
    j

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