mercredi 28 juin 2017

Méditation I - Théorie et pratique

Si je ne comprends pas un discours,
j'avoue que j'ai tendance à le rejeter
en disant "c'est théorique... des mots, des mots...".
Je me justifie ainsi de ma paresse
ou de mon incapacité à me concentrer :
à la manière du renard qui trouvait que,
finalement, les raisins tant convoités
mais hors de portée étaient "trop acides",
je sauve les apparences.

Plonger dans le flot,
le monde du silence


L'anti intellectualisme affiché de la plupart
des spirituels illustre cette façon de retomber sur ses pattes.
"Tout ça, c'est de la théorie. Moi, je veux de la pratique,
du concret, du réel". Je veux voir la marchandise.
Et il en va de même pour lesdites "pratiques" :
quand elles exigent une discipline,
nous y reconnaissons volontiers des "concepts". 
Mais peut-être que certains enseignements
ne sont vraiment pas à la portée de certains esprits.
Je ne sais pas.
Pour commencer, on peut exercer son attention (la concentration).
Mais comment devenir intelligent ? 
Question qui fâche, donc rarement posée...

En tous les cas,
dans la voie de méditation que j'explore et que je partage,
il y a à la fois de la théorie et de la pratique.

La pratique, c'est le silence intérieur.
Instant après instant.
...
La théorie, c'est la contemplation intense de ce qui se présente,
de ce qui jaillit, depuis la surface jusqu'aux profondeurs
de la Source bouillonnante, depuis les nuages jusqu'à l'espace frémissant -
l'attention à ces vagues, à cette palpitation, à cette vibration,
à ce flot.

La pratique, c'est immobiliser la bougie.
La théorie, c'est regarder avec sa lumière.
Et il n'y a là rien de dualiste,
puisque ce qui est regardé est ce qui regarde :
Lumière qui s'illumine,
espace qui s'ouvre
sous ses propres caresses.

Cela fait penser au couple shamatha et vipashyanâ du bouddhisme.
Pourquoi ?
Parce que cette voie est celle du Kâlî Krama, l'une des traditions
du shivaïsme du Cachemire (mais qui n'existe pas qu'au Cachemire !),
voie qui révèle le pouvoir libérateur de l'observation
de l'impermanence. 
Kâlî est la conscience divine comme impermanence,
comme Temps qui engendre et qui englouti simultanément.
La théorie - qui est donc une pratique ! - 
est l'attention poussée, continue distincte
de ce Flot divin.

Or comme le Kâlî Krama est, avec le Trika,
la grande voie de l'adoration du tantra non duel,
j'en parlerai la prochaine fois.

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