mercredi 19 juin 2019

La conscience est liberté - Le Cœur de la Reconnaissance 8

la déesse, représentée avec sa ceinture de méditation

Kshéma Râdja revient enfin sur les termes du premier aphorisme qui n'ont pas encore été expliqués : 

"Dans le premier aphorisme ["la conscience libre est la cause de l'univers et la source de toute réalisation"], « la » conscience est au singulier afin d'exprimer qu'elle n'est pas enfermée dans le temps ni dans l'espace, etc. Je montre ainsi la fausseté de toutes les théories dualistes.
Le mot libre indique la différence entre notre philosophie de la Reconnaissance et la doctrine du Védânta. Il exprime le fait que la conscience est douée d'une souveraineté totale.
Enfin, l'expression source de toute réalisation signifie que cette conscience est à la fois douée de tous les pouvoirs, qu'elle est la source de tout, qu'elle est un moyen facile (d'atteindre la réalisation), et qu'elle est le fruit le plus beau (que l'on puisse atteindre en cette vie)."

Ce premier aphorisme est plus important que les autres. En effet, ceux qui vont suivre ne sont que des explications du premier. Il y a une tendance, dans la littérature indienne, à commencer un discours par le plus important et à l'expliquer ensuite, en répondant à des objections possibles sur tel ou tel point. Selon la Reconnaissance, ce schéma est analogue à l'action de la conscience. La conscience est tout. Pour elle, agir ou créer, c'est donc prendre conscience de soi. D'abord, elle prend pleinement conscience de soi, puis de manière de plus en plus différenciée. De l'implicite on passe à l'explicité. C'est ce qui se passe à chaque instant : tout repart de l'origine, de la conscience. Mais d'ordinaire, cette action est si rapide qu'elle passe inaperçue. Le but de cet enseignement est justement d'attirer notre attention sur l'expérience. Ce discours est donc le développement graduel d'une intuition atemporelle, de même que le devenir est la manifestation temporelle d'une réalité éternelle, car tout est conscience, de manière indifférenciée d'abord, puis différenciée, "comme l'arbre est déjà dans sa graine".

Les théories dualistes sont "fausses" car elle oublient l'unité, sans laquelle aucune dualité n'est possible.

La différence entre la Reconnaissance et le Vedânta et que, pour ce dernier, l'absolu n'agit pas. Il n'est pas un agent, sauf en apparence, c'est-à-dire de manière tout à fait illusoire. Alors que pour la Reconnaissance, l'absolu est action, création et acte de créer. Être soi est bien plus que d'être simplement immuable, ce qui serait une limitation. L'absolu est justement ce pouvoir extraordinaire de se manifester comme autre que soi tout en restant soi. Et c'est cela que l'on appelle "la conscience".

La manifestation, le monde, sont donc la voie vers l'absolu, puisqu'ils en proviennent. De même que les reflets révèlent la pureté et donc l'essence même du miroir, le monde révèle l'absolu. La dualité est donc une voie, tout autant que l'unité. Les deux ne s'excluent pas : unité et dualité sont deux façons, pour la conscience libre, de se réaliser. 

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