samedi 18 juillet 2020

Comment progresser dans notre compréhension de la situation ?

Cycladic Thinker Statue Like Rodin The Thinker Early Greek Adaptation

I - La base logique

Le complotisme est à la véritable science politique ce que le Père Noël est au business réel. C'est une caricature simpliste de la situation objective et de sa compréhension possible.

Mais comment atteindre à cette compréhension ? Ne sommes-nous pas limités dans nos capacités cognitives ?

Il est vraiment que nous sommes inégaux sur ce plan, comme sur le plan des capacités physiques. Mais ces inégalités intellectuelles sont moindres ou, du moins, elles peuvent être comblées en partie grâce aux exercices adéquats.

Lesquels ?

- La méditation, le silence intérieur, améliorent la mémoire, la concentration, l'élocution. Heureusement, la méditation est à la mode. Il suffit de s'asseoir et écouter les sensations. Encore plus simple : sans s'asseoir ni rien faire d'autre, se taire à l'intérieur.

- La logique. En Europe et en Méditerranée, il y a l'Organon d'Aristote. Il y a aussi la Logique de Port-Royal. En Inde, il y a le Nyâya, "l'art de conduire (la pensée)", l'une des trois "portes vers la délivrance" (moksha-dvâra), avec la grammaire et l'interprétation. Malheureusement, la logique n'a pas bonne réputation. 

Cependant, il est certain que l'on ne peut comprendre quoi que ce soit si l'on ne s'exerce pas à bien penser. Cette pratique est la grande absente des voies spirituelles. Et je crois que cette lacune explique en grande partie le sentiment de frustration que l'on rencontre souvent dans la clientèle des coachs, thérapeutes, etc. Si je ne sais pas comment distinguer un raisonnement valide d'un sophisme, comment pourrais-je m'éveiller ? Si je ne connais rien à l'art de penser, je risque fort de tomber sous le contrôle d'une idéologie ou d'individus peu scrupuleux. Je vais me retrouver dans les impasses du complotisme, de l'occultisme, du consumérisme, du fanatisme ou d'une doctrine superficielle, sans réelle solidité. La vie me rappellera sans cesse que tout cela n'est qu'illusion et faux-semblants, et je finirai déçu.


Pour s'exercer à la logique, il y a des sites sur les paralogismes (les raisonnements erronés) et des vidéos :







Il faudrait proposer des stages de logique. Ou faire de la logique dans les séminaires de yoga. Mais cela n'aurait guère de succès. Pourtant c'est l'un des fondements de la tradition. Et, selon le shivaïsme du Cachemire, "la raison/logique est le suprême auxiliaire du yoga". 

Mais je ne me fais guère d'illusion. La raison ne fait pas vendre. Au contraire, elle dégoûte. Or, il s'agit bien de vendre, n'est-ce pas ? Bref.
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II - La situation

Une fois cette base posée, voyons quelle est notre situation ?

On peut la schématiser ainsi les fouillis apparemment inextricable des idées, des doctrines et autres idéologies :

Trois visions : 

1 - La vision pré-moderne : 
Il existe des valeurs éternelles venant du passé, transmises par la tradition ou telle Autorité. Le progrès est une illusion. Le meilleur est derrière nous. L'Homme doit se soumettre à la tradition. Il y a une réalité atemporelle. La Nature est belle et bonne. L'Homme doit l'imiter. Tout dégénère. Si l'Homme désobéit à Dieu ou à la Nature, il est puni. La Nature nous montre quoi faire, il suffit de l'imiter. Il y a un ordre naturel ou divin des choses. Il n'y a pas de hasard.

2 - La vision moderne :
L'Homme peut choisir son avenir. Le progrès est possible et il est un devoir. L'Homme doit se bâtir son propre monde, parfois contre la Nature ou mieux qu'elle. Dieu et la Nature sont rationnels. La raison est fiable. L'Homme peut progresser vers la vérité, améliorer sa condition, inventer des techniques, comprendre la Nature et Dieu, et même améliorer sa nature, son éthique et sa politique. Il existe des valeurs universelles, des Droits de l'Homme, une égalité des races et des sexes. L'Etat ne doit pas décider des conditions du bonheur, ni de toutes les valeurs, ni des croyances, mais seulement poser un cadre minimum. L'individu existe, il est doué de libre-arbitre. La liberté de conscience est essentielle. Même si Dieu existe, chacun doit être libre de croire ou non. Les libertés d'expression, de circulation, d'échange, sont essentielles.

3 - La vision post-moderne :
Tout est relatif, tout est construit par des pouvoirs. Il n'y a aucune vérité universelle, aucune valeur universelle. Il n'y a pas de progrès, pas d'individu, pas de sujet, pas de libre-arbitre, mais seulement des forces qui s'affrontent. Tout est subjectif : il n'y a pas de vérité objective. Il est donc impossible de vraiment communiquer. Les cultures comme les points de vue individuels n'ont rien de commun. Chacun dit vrai de son point de vue. Tous les points de vue se valent. Il n'y a pas de critère de vérité, de beauté, de bonté, de justice. Les minorités sont plus importantes. Le laid est beau. Le faux est vrai. Le mauvais est bon. Tout est construit par les mots, les mots ne connaissent rien de la réalité. L'homme blanc est toujours méchant, raciste et sexiste. L'Autre est sacré. Il n'y a pas d'essence, il ne faut pas juger, on ne peut rien définir. L'Occident est mauvais. 


Ces trois visions ont dominé
1 - Prémoderne : Jusqu'à la Renaissance
2 - Moderne : Jusqu'aux années 1960
3 - Postmoderne : Depuis les années 1960

Mais attention : en réalité, ces trois visions se retrouvent à chaque époque, dans toutes les grands cultures (Europe, Inde, Chine). 

Ainsi, dès l'Antiquité il y a eu des postmodernes : les sophistes en Grèce, les Cârvâkas en Inde et "l'Ecole des Noms" en Chine.

Chaque vision a ses qualité et ses défauts.

Cependant, dans la situation présente, il y a deux visions en position dominante et une vision en état de faiblesse.

Les deux visions qui dominent aujourd'hui sont la vision prémoderne (islamisme, intégrisme, fondamentalisme, traditionalisme, écologisme radical, boboisme populaire, occultisme, complotisme, etc.) et la vision postmoderne (justice sociale radicale, politiquement correcte, bien-pensance, wokeness, racialisme, communautarisme, indigénisme, relativisme, LGBTisme, inclusivisme, décolonialisme, etc.).

En outre, ce qui se passe est que la vision postmoderne fait le lit du retour de la vision prémoderne :

En effet, s'il n'existe pas de vérité objective, il devient impossible de réfuter les croyances et les superstitions. 
S'il n'existe pas de critère universel de justice, il devient impossible de dénoncer les injustices de "l'ordre naturel. divin des choses". 
Si tout se vaut, alors à quoi bon discuter ? 
Si tout n'est que verbiage creux, à quoi bon discourir ? 
Il n'y a plus de morale, plus de politique, plus de culture, plus de mémoire, plus d'identité, plus de repères, plus d'âme, plus rien... Et dans ce désert, dans ce magma impersonnel, la vision prémoderne peut fleurir. C'est le "retour du religieux", si vous voyez ce que je veux dire.

Paradoxalement, la destruction des traditions par la vision postmoderne permet le retour au prémoderne. La terre est plate pour ceux qui croient qu'elle est plate, etc. Tout se vaut. Toute velléité de défendre un point de vue au nom de quelque chose de plus que ce point de vue - comme la raison, la vérité, l'objectivité, la cohérence - est immédiatement interprétée comme l'expression d'une volonté de pouvoir, généralement occidentale, c'est-à-dire mauvaise, raciste, "fachiste", etc. 

L'un des buts initiaux de cette "déconstruction", qui est en fait une véritable destruction, est de neutraliser le racisme en détruisant la raison. Autrement dit : casser le thermomètre dans l'espoir de faire baisser la température....
 Mais ce qui se passe bien plutôt, c'est que tout les prophètes et autres charlatans peuvent désormais raconter n'importe quoi sans crainte d'être contredits. Car à présent, tout le monde craint d'être labellisé "occidental", "intellectuel", "rationaliste", c'est-à-dire raciste et "facho", terme qui constitue l'horizon ultime de la vision actuellement dominante et le centre de son champ lexical.

Et c'est ainsi que l'on voit des féministes (postmodernes) manifester avec des femmes voilées (prémodernes). Les premières luttent pour que les secondes puissent imposer leur volonté aux premières. Mais il est vrai que l'incohérence fait la fierté de la vision postmoderne. Plus c'est obscur, charabiatesque et imbitable, plus on se donne des airs de supériorité "mystérieuse", voire "poétique". C'est de l'art, alors circulez, pauvres débiles réfractaires ! 

En fait, il n'y a rien d'autre, dans cette vision postmoderne, que des sophismes. L'actuelle domination postmoderne dans tous les secteurs de la société mondialisée, c'est la victoire des sophistes. Tout simplement. De la fumée.

Or, ce triomphe fait aussi la joie du capitalisme libre-échangiste. Car il a toujours prôné la dérégulation, la disparition des frontières et l'uniformisation au sein d'un Marché divinisé, présenté comme la solution à tous les problèmes. 



Le commerce a joué un rôle dans l'Histoire, certes. Mais il a toujours été perçu, à raison, comme une source de déséquilibre potentiel. La vision prémoderne et la vision moderne n'ont jamais voulu mettre les commerçants au pouvoir. Platon parlait juste quand il décrivait ainsi les marchands : "Il s'agit le plus souvent de ceux qui sont faibles physiquement et inaptes à exécuter un autre travail. La tâche qui leur convient est de rester au marché, d'acheter des marchandises contre un paiement en argent à ceux qui ont besoin de les vendre, et de les revendre contre paiement en argent à ceux qui ont besoin de se les procurer" (République, 371b-d, GF). On voit de suite qu'ils sont le point faible de la cité, le ver dans le fruit. 

Aujourd'hui, le Marché est idolâtré : considéré comme omniprésent, omniscient et omnipotent. Et avant que le Marché ne soit divinisé, la divinité a été marchandisée, par des marchands qui se sont proclamé prophètes. 

Ainsi, la plus récente des "grandes religions" (grande par la quantité) a été fondée par un marchand, propagée par des marchands. Ceux-ci ont d'abord mis à leur service les guerriers, puis les intellectuels et les prêtres. Leurs premières cités furent donc bâties dans l'excès, en détruisant les forêts. Aujourd'hui, cette religion est l'alliance la plus aboutie du consumérisme et du fanatisme. 

Le consumérisme se nourri de la vision postmoderne ("tout est relatif" = "tout est à vendre") et le fanatisme, à son tour, se nourri de cette même vision postmoderne et de quelques éléments prémodernes pervertis, en une sorte de culte de l’Oeil Unique. 

Toujours est-il que le capitalisme s’accommode parfaitement de ce fanatisme, et concourt à une stupéfiante renaissance du communautarisme, du tribalisme et des formes les plus primitives d'identité, à l'opposé de l'universalisme des grandes civilisations. Voulant détruire les identités, le postmodernisme accouche des pires monstres identitaires.

Enfin, le culte de la tribu trouve un dernier allié dans le boboisme apparemment écologiste et réellement capitaliste qui s'étale partout, dans un moment de triomphe inédit. Sans doute victimes d'un accès virulent du Syndrome de Stockholm, les classes moyennes en voie d'extinction célèbrent à tue-tête, dans un dernier cri aussi fou que touchant, les valeurs sacrées qui sont en train de les anéantir. Car les classes moyennes, "l'honnête homme", étaient l'humain moderne, celui des Lumières, épris d'idéaux harmonieux.

III - La solution

A mon sens donc, il faut aujourd'hui se battre pour toutes sortes de valeurs et de choses. Mais l'axe doit être moderne : raison, progrès, universalité, république, égalité des chances, éducation, méritocratie, vertu, fraternité dans la fierté assumée d'un héritage unique. La France a toujours été le fer de lance du progrès de l'humanité. Elle doit le redevenir, au lieu de se complaire dans une culpabilité aussi imaginaire que mortifère.

Au fond, tout ceci est une question d'équilibre, de juste mesure. L'Autre, oui, mais dans un cadre universaliste et juste. La diversité certes, mais dans l'unité d'une raison seule capable de juger, de répartir, d'assigner à chacun sa juste place, de faire progresser l'ensemble, d'émanciper des superstitions, de former des citoyens, de discerner le bon grain de l'ivraie. Sans cela, nous allons droit à la libanisation du pays, à l'image des reste du monde. C'est déjà le cas et cela empire, sous l'emprise du poison postmoderne et des filous qui en profitent, tant du côté des tribus, des religions, que du Marché.

Nous avons de quoi nous en sortir : c'est la vision moderne. Un héritage exceptionnel. Une véritable sagesse. Équilibrée, juste, rationnelle, faite pour évoluer, en elle est notre salut. Sinon, c'est la barbarie. C'est elle qu'il faut redécouvrir. 

Un exemple de défense de ces valeurs : Paul Boghossian, La Peur du savoir. Le voici dans une conférence :


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IV - Un idéalisme moderne est-il possible ?

Soit. 
Mais comment adhérer à cette vision moderne quand on épouse une doctrine de la conscience universelle ? Si "tout est conscience", tout n'est-il pas subjectif, et donc relatif ? Si tout est conscience, alors cela ne va-t-il pas dans le sens du narcissisme new age actuel ? Le divin, le cosmos, la Nature ne sont-ils pas au servie de "mes envies" ? 

Non.
Il est possible de maintenir à la fois que "tout est conscience" et qu'il existe des critères universels et rigoureux de jugement du vrai, du beau, du bon. Idéalisme (l'appellation technique du "tout est conscience") ne rime pas avec relativisme.

Deux exemples : le platonisme et le shivaïsme du Cachemire.

Ces deux doctrines sont 1) idéalistes ("Penser et être sont le même") et 2) très conscientes de la relativité des opinions ("Tout est illusion").

Pourtant, elles ne sonnent pas du tout comme le relativisme actuellement omniprésent.

Pourquoi ?

Parce qu'elles prennent soin de distinguer entre l'opinion et la science, entre l'imagination et la raison. 

Certes, le shivaïsme du Cachemire ne fonde pas sa théorie de la science sur une opposition entre monde sensible et monde intelligible. Néanmoins, le shivaïsme du Cachemire prend soin de montrer que "les idées" ne sont pas de simples "constructions" subjectives ou sociales. Car il y a un critère du Vrai : la cohérence. L’objectivité étant une forme de cohérence entre sujet et objet ; et l'efficacité étant une autre forme de cohérence, entre le moyen et la fin. 

Ce n'est pas le lieu ici de rentrer dans les détails, mais le platonisme (c'est-à-dire presque toute la philosophie européenne) est idéaliste sans être relativiste. Or, le shivaïsme du Cachemire offre l'exemple d'une entreprise semblable. 

Voilà pourquoi je suis convaincu que le platonisme et le shivaïsme du Cachemire sont des visions vitales pour notre avenir. Nous devons les explorer, de même que nous devons redécouvrir la pensée moderne. Et nous devons trouver le courage de la mettre en pratique. Nous n'avons pas le choix. Les Lumières ou la mort.

10 commentaires:

  1. Dans la vision prémoderne que vous décrivez,je n'ai pas l'impression que les fous de dieu se préoccupent beaucoup de la nature.Pourtant d'après leur croyances celle-ci est la création de dieu.Peut-être qu'au fond ils n'aiment pas vraiment dieu?Si la nature était belle et bonne selon cette vision pourquoi cacher les femmes et éloigner le plaisir sensuel?Je n'ai pas l'impression que ceux qui portent cette vision prémoderne détruisent moins les animaux,arbres et autres non-humains....Je ne crois pas que la nature,l'écologie (pas la tambouille politique mais comme science des interactions entre tous les êtres et phénomènes ) fassent partie de leurs préoccupations.....

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    1. Oui, très juste. Il faut distinguer dans la vision prémoderne plusieurs idées de Dieu et du cosmos. C'est bien pour cela qu'à propos des "fous de Dieu", j'ai évoqué une perversion. A mon sens, cette dernière religion est quasi postmoderne. De plus, l'abrahamisme en général rompt avec la vision prémoderne dans la mesure où l'Homme a pour mission divine de remplir toute la Terre, etc., et non plus de s'ajuster au Cosmos divin. Cela étant, l'abrahamisme a intégré l'essentiel de la vision prémoderne, par le truchement du platonisme. Aujourd'hui, la plupart des abrahamistes sont contre le transhumanisme, par exemple, au nom de la création divine" qu'est la Nature. Il ne faut pas toucher à l'oeuvre de Dieu. Sur ce point les abrahamismes sont bel et bien prémodernes.

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  2. Je suis à 100% d'accord avec votre analyse de notre situation post-moderne. Par contre la pré-modernité peut-elle se résumer au fondamentalisme religieux ? Toutes les traditions mystiques que vous nous partagez sur ce blog et qui nous nourrissent spirituellement ne sont-elles pas issues de mondes pré-modernes portées par la Transmission de la Tradition au sein d'une religion ? Le moderne se revendique souvent hors religion, même lorsqu'il suit une tradition qui a maturée pendant des siècles dans une transmission religieuse... N'est-ce pas ce début de revendication individualiste d'être "hors-sol" qui porte déjà en lui le germe de la post-modernité que vous dénoncez justement ? Sans les religions qui ont porté ces traditions et qui leur ont donné le vocabulaire et l'appareil philosophique, le cadre dévotionel et rituel, pour s'exprimer, seraient-elles parvenus jusqu'à nous ? Certes certaines religions par excès d'exclusivité, très présent dans les monothéismes abrahamique, ont persécuté et mis sous le boisseau des traditions mystiques, telle qu'exprimées par maître Eckhart, par exemple, ou celle étiquetée de quiétisme, pour ce qui est du catholicisme. Il n'empêche que la religion chrétienne occidentale fut le terreau qui les a faites éclore, même si elles puisaient dans des sources païennes systématisées dans l'œuvre de Denys l'Aréopagite. Là aussi quelle aurait été la postérité d'une telle œuvre si elle n'avait été incluse dans la tradition chrétienne ? L'attitude moderne de se déclarer hors religions, n'est-elle pas, de part même son relativisme, comme si toute ses traditions spirituelles étaient "in the air", le prémisse d'une certaine post-modernité ?

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    1. Oui, la vision prémoderne ne se réduit pas au fanatisme. Certes pas. Et en effet, on peut dire que le postmoderne est une dérive du moderne. La vision moderne est situé au milieu des deux autres, historiquement et, surtout, spirituellement. Mais c'est une dérive : il y a, en effet, un abyme entre l'uniformisation impersonnelle qu'on nous assène aujourd'hui et l'universalisme moderne.
      Dans cet article, j'ai essayé de dire beaucoup en peu de mots. En réalité, ces visions se mélangent. Reste qu'aujourd'hui, c'est la vision moderne qu'il faut approfondir.

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    2. PS : c'est bien parce que je ne réduis pas la vision postmoderne au fondamentalisme que je présente le platonisme (qui, au sens où je le prends, enveloppe le christianisme) et le shivaïsme du Cachemire comme des solutions, où des éléments de la solution.

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    3. Merci pour ces précisions. À mon avis le caractère principal du modernisme et ce qui en fait une dérive en germe est d'établir une rupture d'avec la Transmission traditionnelle. En ce sens les monothéismes abrahamiques sont des modernismes religieux avant l'heure. La pente naturelle des paganismes "polythéistes" est d'arriver à proclamation : "il n'y a que Dieu seul". Même au sein du christianisme occidental un maître Eckhart est arrivé à cette proclamation avec une autre formulation mais qui revient au même. Les philosophies de l'Inde aboutissent avec des nuances au même constat. L'abrahamisme et la religion mosaïque proclame : "Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu le Seigneur Un (Adonaï Ehad) ce qui contient en germe la même Connaissance mais ce qui est entendu ce n'est plus que Dieu est l'Un mais qu'il n'y a qu'un seul Dieu (le nôtre), ce qui est révolutionnaire et tout pallier de modernité est introduit par une révolution, quelle qu'elle soit, et une rupture. Le monothéisme abrahamique contiennent déjà la modernité, aussi paradoxal que cela puisse paraître... L' universalisme des religions issues du judaïsme est donc associé forcément à un prosélytisme, comme le sera finalement aussi celui de l'occident humaniste démocratique. Le judaïsme en lui-même fait exception car il est avant tout idéologiquement un suprémacisme ethnique appuyé par une monolâtrie tribale exacerbée, ce que les tribus Aryennes, eux aussi nomades comme les hébreux n'avait idéologiquement pas.
      Ce sont juste des avis et des réflexions personnelles certainement lacunaires...
      Cordialement.

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    4. A mon sens, toute la vérité ne se trouve pas dans une seule vision. Voilà pourquoi j'emploie le schéma en trois visions utilisé aussi par Ken Wilber. De plus, il ne faut pas, comme je l'ai dit, confondre chaque vision avec une époque ou un lieu, comme je l'ai précisé d'emblée. Ainsi, la vision moderne connait certes un Âge d'Or à l'époque moderne, mais à mon sens, cette vision existe déjà dans le bouddhisme, l'aristotélisme, le stoïcisme ; inversement, il y a des éléments prémodernes essentiels chez un "moderne" comme Rousseau. Comme je dis, il y a du bon et du mauvais partout, et il s'agit bien de synthétiser, de progresser, non de revenir en arrière. Seulement, c'est aujourd'hui la vision moderne qui est attaquée de toutes parts, en particulier dans les milieux spirituels. Voilà pourquoi j'en souligne la valeur.

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    5. Merci, je comprends mieux votre position.

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  3. La nature n'est ni bonne ni mauvaise,ce n'est pas qu'un vague environnement.La nature c'est ce qui nous fonde,nous sommes dedans quoi que l'on fasse et nous sommes un bout de la nature.Même si nous nous imaginons autonomes avec nos frigos pleins,nos voyages en avion,nos ordinateurs et nos croyances puériles,nos sommes en fait totalement dépendants pour notre nourriture,notre santé,notre air,notre climat....Croire que la nature ce n'est qu'une petite partie de notre vie que l'on peut considérer de façon hautaine et quelque peu méprisante c'est être aveugle,sourd et profondément stupide.
    Être moderne c'est pouvoir exercer son esprit critique sans être inféodé par une quelconque croyance.Pourquoi tous ces fondamentalismes (qui ne sont souvent que de vastes problèmes de cul)nous menacent physiquement?Pourquoi ce sont souvent des jeunes ,donc l'avenir,qui épousent ce genre d'imbécillité?Au fond tout cela laisse peu d'espoir pour le futur....mais j'aimerais tant être contredis par celui-ci et par des faits

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  4. Il devient de bon ton de critiquer le post modernisme et son relativisme absolu ainsi que les dérives qu'il engendre.
    On ne peut qu'entre d'accord si on ne voit que cela.
    Ce n'est pas le doute qui tue c'est la certitude (croyance non remise en doute) du pre- moderne ou du moderne.
    Voulant défendre la pensée universaliste moderne vous oublier de décrire les horreurs qu'elle a engendré (le colonialisme par exemple).
    À promouvoir un retour vers le modernisme, je préfère la vision intégrale de la spirale dynamique et la Meta grillé de Ken Wilber.
    La spirale dynamique est, je trouve, plus pertinente que votre Division en trois paradigmes, trop réductrice.
    La solution, au point où l'humanité est rendue, n'est plus dans dans l'horizontalité mais dans la verticalité.
    Les quatres philosophies qui vous tiennent à coeur le shivaisme du Cachemire (je ne vous remercierai jamais assez pour tout le travail de traduction et de transmission que vous faites), le Dzogchen, le Mahamudra et la Vision sans tête, quatre voies "" Tantriques"", qui transcendent et incluent, sans confusion.
    Et ces quatres voies sans voie, j'ai une prédilection pour la VST qui me semble plus adaptées à notre temps, laïque, sans maître, sans fioriture religieuse.
    Donc pas de retour en arrière, mais un saut dans le vide.
    La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a pas de sol. :-)

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