lundi 21 septembre 2020

Équinoxe




 Aujourd'hui est un temps hors du temps :
jour et nuit s'égalisent.
Tout est engendré et dévoré par le Temps.

Dans les intervalles entre deux bouchées,
le Temps suspend son vol.
Il ne marche plus, n'avale plus.

Comme l'instant d'apesanteur au sommet d'une courbe,
comme la fin d'une pensée, avant que la suivante ne naisse,
comme la fin d'un expir,
comme la fin d'une longue journée.

Ni ceci, ni cela :
dans cette fissure l'âme s'échappe
vers la lumière.

Ni oui, ni non :
dans ce silence l'oreille
peut être saisie par la parole.

Là où la fin rejoint le commencement.
Là où le repos se love dans le mouvement.
Quand la vie et la mort
se retrouvent nez à nez.
Et nous, émerveillés.

Ni pour, ni contre.
Ni jour, ni contre-jour.
Ni lumière, ni ombre.
Jour de trêve.
La serrure est ouverte.
Un souffle d'audace,
elle s'ouvre.
Une feuille de l'épaisseur de rien,
un simple regard la déchire.
Un vol sans repères.

Hors du Temps, il n'y a plus de mesure.
Et quand on a goûté à cela, le Temps
qui revient est renouvelé.
La mort est repos.
La naissance est lumière.
Savourer ce gouffre,
c'est donner à la vie l'occasion 
de remettre les drames à leur place.
A chaque vague son moment,
partie du tout infini.

L'équinoxe est le moment de la reconnaissance,
de la renaissance. Du réveil.
M'y embrasse ce qui embrasse tout.
L'atemporel infuse tous les temps.
Se découvrir libre du Temps,
c'est rendre possible l'amour du Temps 
- de ce qu'il nous donne et nous prend.
C'est se sentir axe, distant et généreux.
Simple comme une claque
et inépuisable comme un moustique.

Maintenant tout commence.

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