mardi 15 septembre 2020

L'éveil de la Kundalinî et la Lune












Mark Dyczkowski, dans sa traduction monumentale, cite de nombreux tantras inédits, restés à l'état de manuscrits.

Voici un extrait d'un commentaire sanskrit, anonyme, à la Collection en six mille versets :

"Il y a quinze phases lunaires depuis le début de la Quinzaine sombre [=Lune décroissante] jusqu'à la Nouvelle Lune [=quand la Lune recommence à croître]. 'Les sages disent que la Nouvelle Lune est destruction', c'est-à-dire résorption. [Puis, le lien de ces cycles macrocosmiques avec le cycle microcosmique de la respiration :] Le mouvement du Soleil de l'expir est dans le (canal) de droite (par rapport au canal central). 'Il va du lotus du coeur jusqu'au (niveau subtil appelé) 'shakti', à (environ) 20 centimètres au-dessus (de la tête). A gauche se trouve le flot de la Lune qui entre - c'est l'inspir." (Shatsahasrasamhitâvyâkhyâ, ad X, 50a, cité dans le Manthâna, vol. I, p. 368)

Ce commentaire, comme la plupart des textes de la tradition de Kubjikâ conservés dans la vallée de Kathmandou, ne montrent aucune connaissance des exégèses cachemiriennes. Cela montre que la pratique du souffle est bel et bien au coeur de la pratique du yoga Kaula. Elle n'est pas du tout propre au "shivaïsme du Cachemire". 

Un autre passage, tiré d'un autre tantra de la tradition Kaula de la Déesse Kubjikâ, décrit en détails cette même pratique, dans le contexte de la divinisation du corps, avant l'adoration du panthéon :

"On expire, on inspire puis on retient le souffle dans le corps. Quand (la sensation de l'inspire) pénètre la région de l'anus ("de la roue-racine"), il faut le bloquer par en bas et par en haut (simultanément). La (Kundalinî) en forme de serpent endormi et de boucle d'oreille, s'éveille et s'élance rapidement vers la fontanelle par le canal central. Elle perce/révèle les niveaux du corps subtil et entre dans le domaine ultimen la limite suprême à la fin (du corps, la conscience) Non-mentale (unmanâ).  Là est l'union de Shiva et Shakti dont l'étreinte/le barattement est émerveillement." (Shrîmatottara, XXIII, 16-19)

Ce même texte décrit ensuite comment la Kundalinî se "verticalise" par l'attention portée aux intervalles entre les respirations. La 'Lune' de la pleine conscience inonde alors le corps. C'est le 'yoga de l'immortalité, de l'ambroisie' (amritayoga).  

C'est encore et toujours la même pratique qui est décrite dans des contextes différents. Mais si l'on en ignore les clés pratiques, ces textes restent des énigmes.

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