vendredi 7 octobre 2011

Le signe de reconnaissance

La tradition des yoginīs d'Uḍḍiyāna est la crème de la crème du shivaïsme du Cachemire. Elle est la source de la Danse de Kâlî (Kâlîkrama). Mais à côté de cet aspect rituel, il y a un ensemble d'instructions orales transmises par les yoginīs. Ces instructions sont nommés "allusions" (chummā), car elles sont comparables à des paroles amoureuses échangées dans l'intimité. Nous avons trois textes sur ces instructions. Lilian Silburn en a traduit un. En voici un autre, un recueil d'une centaine d'aphorismes en kashmiri ancien, commentés en vers sanskrits par Niṣkriyānanda. Nous avions déjà traduit la fable du "livre qui révèle le sans-demeure", qui relate la rencontre avec la Déesse qui révéla ces aphorismes. Voici la stances inaugurales, le premier aphorisme et son commentaire.

L'élucidation des allusions contenues dans les instructions secrètes

La tradition des instructions secrètes n'a pas son pareil.
Par-delà ce qu'il y a de plus haut, sans demeure,
Elle est (pourtant) le chemin vers le réel.
Le cœur parfumé par ta bonté,
Je la révèle maintenant sans tarder
Par des paroles plus que claires
Qui s'écoulent d'elles-mêmes. [1]


Le signe de reconnaissance - 1

Toutes ces cognitions
Qui surgissent à l'extérieur et à l'intérieur,
Surgissent dans le suprême Śiva,
Le sans-demeure, espace ultime que rien ne touche, 1
Au-delà du couple manifesté et non-manifesté,
Beauté d'une félicité immobile.
(Ces cognitions) s'absorbent (en lui) les unes après les autres.
Voilà, dit la tradition, le signe suprême ! 2
Lui seul transcende tout.
(Mais il est aussi) évident car il est en tout.
Lui qui est déployé sous la forme des trois mondes
Est toujours le signe de reconnaissance du Soi. 3



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