lundi 30 juin 2014

Ici et maintenant


Toute chose, tout être
Reposent dans le Soi,
Remplis de ta Présence.
C'est ta Présence, et nul autre,
Qui manifeste tout cela au dehors.
Je veux que cette absolue certitude
Brille ici et maintenant
Avec une parfaite clarté !

Utpaladeva, Hymnes à Shiva, 8, 13

samedi 28 juin 2014

Pas de super pouvoirs !


Un parfait contentement,
Ineffable,
S'élève en moi,
Engendré par la mastication
De ta gloire.
Oui, je veux que ce contentement
S'élève en moi
En tous temps ici-bas !
Mais que le yoga, la gnose
(Et les super pouvoirs) 
Comme celui de grandir le corps (à volonté)
Restent au loin !

Je veux que le désir 
Des plaisirs des sens
Soit pour moi aussi intense
Qu'il l'est pour les gens ordinaires.
Mais je veux les voir
Comme étant ton incarnation,
Sans aucune hésitation
Ni alternative !

Je veux que tu sois visible
En chaque forme,
Car tu es mon Soi,
Car tu es dans les états du corps,
Dans l'esprit,
Dans le mouvement dualisant de la respiration
Et aussi dans les chemins de l'expérience.

Je veux que les activités de mes sens
S'emparent de leurs domaines propres
(Telles des rayons) qui dansent, séducteurs.
Mais que pas un seul instant
Ne disparaisse soudain
La saveur de l'identité avec toi !

Utpaladeva, Hymnes à Shiva, 8, 2-5


vendredi 27 juin 2014

Le bac philo 2014 : Quoi qu'est-ce ?



"Vivons-nous pour être heureux ?"

Lu dans une introduction  :

"Tout esclave humain pratiquant la technique et muni d'un esprit détonateur de risque par mémoire d'expériences, l'affûte comme une lance afin d'incessamment faciliter le tripalium et son ressenti qu'elle induit (...) Le confort de la transformation de résidus arboriques (ou aborigènes) en nid-progéniteurs, la récompense qu'engendre le travail de mémorisation d'une souris de laboratoire, la répétition voulue d'un plaisir dénué - de préférence - de tout effort confondant expérience de qualité et vice en abondance : qu'est-ce que cette quête nouvelle/ naissante au sein d'une conscience consécutivement devenue plus aisément réfléchie que la spontanéité intemporelle ?"

Hum...
Quelqu'un comprend ou c'est moi qui flanche ?

mercredi 25 juin 2014

Victoire sur la solitude



Maître !
En toi, félicité du pays des sources, des rivières et des lacs,
Mon cœur se fond, se baigne et s'harmonise.
Je ne veux plus dépendre de la séparation,
Comble de l'absurdité !

Maître !
Que tombe la hache 
De l'unité avec toi !
Qu'elle s'abatte sur cette racine profonde,
Cette chaîne : l'attraction et l'aversion,
Quand je me dis "Ceci est à moi, mais pas cela".

Que cet arbre touffu
- la cage des doutes et autres constructions imaginaires -
Disparaisse, et que fleurisse
Dans le cœur la liberté.
Bienheureux !
Que mon incarnation, simple conscience,
Baigne dans le nectar délectable de la félicité !

Utpaladeva, Hymnes à Shiva, 7, 1-3

Un film sympathique sur la vie de Vivekânanda, celui qui a façonné pour une bonne part la vision populaire de l'hindouisme et ce que l'on appelle le néovédânta :


mardi 24 juin 2014

Stage Vision Sans Tête

 Je vois un monastère, lieu d'éveil et de mystère...
... mais qui voit cela ?


Tout ce que je pense, dis et fais est basé sur ce que je crois être.

Qui suis-je ?

Nous avons tant de témoignages de sages qui nous disent la joie, la paix et la liberté de notre essence !
Mais comment le vivre ? Où faut-il regarder ? Pendant combien de temps ? Où faut-il aller ? Cet éveil à notre essence dépend t-elle de nos efforts ? de notre pratique de la méditation ? de la grâce ? de la présence d'un maître ? d'un travail intérieur ? du hasard ? 

Douglas Harding, un sage et un philosophe au sens traditionnel de ce terme, a mis au point durant plus d'un demi-siècle une série d'expériences simples pour pointer notre essence. Dans cette voie simple mais surprenante, la fortune sourit aux audacieux. Il suffit d'être un peu curieux. Et d'être prêt à reprendre tout à zéro.

José Leroy, Catherine Harding, moi-même et d'autres animeront une stage de pratique de ces exercices d'éveil. Cette semaine nous permettra de découvrir qui nous sommes et de goûter la richesse de cette découverte si simple. Une occasion de partager l'essentiel, quelque soient nos goûts, nos opinions et nos chemins spirituels par ailleurs.

Les lecteurs de ce blog y retrouverons l'essence de traditions orientales mais dans une présentation moderne.

Le lieu est un grand mas en Ardèche, sur une colline dégagée.
Dates : du 13 au 19 juillet 2014


dimanche 22 juin 2014

Conférence sur le tantra VI - ?

Tantra ?

Juste pour vous rappeler qu'aura lieu demain soir la dernière séance de la saison 2013-2014 sur le tantra.

Le sujet : tantra, tantra pas ?
lundi 23 juin 2014
18h30-20h30
salle Germaine Tillion, Carré des sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Attention : pour les séances se déroulant au Carré des sciences, vous devez donner votre nom et présenter votre pièce d'identité ou votre passeport.

Tu es la Présence indubitable


Seigneur !
Séparé de toi un seul instant
Je brûle ardemment.
Reste toujours
Dans le champs de (ma) vision !

L'essence du cycle du devenir douloureux
Est d'être séparé de toi, cher maître !
Aussi je veux n'être jamais séparé de toi
Et toujours séparé du monde !

Je ressens par mon corps, ma parole et mon esprit
Que tout est toi seul.
Même si je sais que telle est la vérité ultime,
Je veux que pour moi
Tu sois l'absolue plénitude !

Tu es la Présence
Sans alternatives (possibles) ni concept, indubitable,
Débordante de la félicité qui rassemble toutes les autres.
De même, je veux que ma parole
Se convertisse à nouveau
Pour chanter l'hymne de ta Présence. 

Possédé par ta Présence,
Contemplant ta Présence
Identique à ta Présence :
Quand je médite cela
Je n'ai plus aucune attente,
Je déborde de joie !

Quand je vois le monde entier
Rempli de ta Présence
Cela seul suffit à me combler.
Alors tu n'as plus à souffrir (mes prières). 

Les êtres et les choses
Se dissolvent d'instant en instant
En toi seul,
Tels des filets de nuages dans le ciel.
Je veux qu'ils m'apparaissent ainsi,
Ces êtres qui s'en vont
Perpétuellement vers la transparence !

Je veux que cet être ineffable
M'apparaisse à chaque instant et partout,
Joyau de la Présence
Au cœur de l'existence,
Lui qui éradique à jamais le cours des ténèbres
Par l'éclat de sa propre lumière !

Quelle terre n'est pas ton royaume ?
Qu'est-ce qui n'est pas ton incarnation ?
Je veux te trouver partout, toujours
Sans effort, moi qui suis épuisé.

Si je peux embrasser
Le corps de ta Présence
Comme bon me semble
Alors, maître, qu'est-ce donc que
Je ne pourrais maîtriser ?

Sois évident, maître !
Alors, tu ne souffrira plus d'autres
Vaines requêtes.
Épuisés, nous ne demanderons que toi !

Utpaladeva, Hymnes à Shiva, 6

Poème de Walt Whitman mis en musique par R. Vaughan Williams, "Vers le pays inconnu"... :



samedi 21 juin 2014

"... est-il permis de te chanter autrement ?"


Toi qui est au-delà de tout, est-il permis de te chanter autrement ?

Une parole peut-elle te célébrer ? 
Non, car tu ne peux être dit par aucune.
Seul, tu es indicible puisque tout ce qui est vient de toi.
Un esprit peut-il te connaître  ?
Non, car tu ne peux être saisi par aucun.
Seul, tu es inconnaissable puisque tout ce qui est connu vient de toi.
Tout ce qui parle et qui ne parle pas te proclame d'une voix claire,
Tout ce qui connaît et ne connaît pas te rend des honneurs,
Car tous les désirs et toutes les nostalgies de toutes choses
Se portent vers toi ;
Tous les êtres t'adressent une prière,
Et tout ce qui connaît ton chiffre te dit un hymne silencieux.
En toi seul tout demeure.
Vers toi tout ensemble s'élance,
Tu es la fin de tout,
Tu es l'unique, le tout, le rien,
Tu es non-un, non-tout.
Innommé, comment te nommerait-on, 
Toi, le seul innommable ?
Quel esprit céleste pourrait 
S'insinuer dans les ténèbres plus que lumineuses ?
Sois favorable.

Toi qui est au-delà de tout, est-il permis de te chanter autrement ?

Hymne de Proclos (vers 450), trad. H. D. Saffrey, Arfuyen, p. 79

vendredi 20 juin 2014

Que faire des pensées ?



Parfois on prend conscience que l'on est retombé dans les ornières d'une vision étroite, artificielle et vaine. Retour dans le rêve. Or on croit que ces rechutes sont provoquées par les pensées, les bavardages parasites.

Et donc on se dit qu'on l'a "perdu", cet état ineffable, simple mais insaisissable... et on se dit au fond de soi que l'on va recommencer, qu'on nous y reprendra plus, qu'on va être encore plus motivé et que, cette fois, on restera vigilant. 

Le hic c'est que ça ne marche pas. Et plein de gens très expérimentés en cette matière nous le confirment. On ne peut supprimer l'activité mentale. Ou seulement temporairement. Avec un début et une fin. Le retour des pensées est inévitable. Si nous voulons ce que nous désirons vraiment, nous devons donc comprendre les pensées. Par "pensées" j''entends cette sorte de radio intérieure qui zappe sans cesse, ce ballet de fantômes qui est là sans y être, qui nous nargue et nous hypnotise mille fois par jour.

Alors que faire ?

On ne peut pas supprimer les pensées.
Mais on peut voir que les pensées vont et viennent dans la conscience. Dans l'espace du présent. L'attention, la vigilance et les état méditatifs vont et viennent dans la présence qui ne va ni ne vient. Comme tout.

La conscience est comme un océan et il est dans la nature de l'océan d'être parcouru de vagues. La taille et l'humeur des vagues sont imprévisibles. La mer a ses humeurs. Mais aucune peur. 

Rien ne sort de la conscience. Peu importe où vont les pensées ! Elles sont toutes l'océan.
Voir cela a le pouvoir de transformer les pensées. Elles s’apaisent d'elles-même et surtout elles perdent leur pouvoir hypnotique. Même agitées, les pensées ne sont que des vagues dans l'océan. Plus de peur, de culpabilité, de frustration, d'angoisse. Seulement l'émerveillement toujours nouveau. Plus rien à contrôler. Juste l'espace infini, la paix de l'océan. C'est vrai !

La terre tremble :

jeudi 19 juin 2014

Ermites

Juste pour notre culture générale, voici quelques documents sur la vie spirituelle en communauté (monachisme) ou en solitude (érémitisme).

D'abord les nâgas indiens, ascètes extrêmes et guerriers :



Bénares et ses saints hommes... :



D'autres sâdhus :



Les bénédictins, en français :



D'autres bénédictins. Très beau film :



Un petit monastère orthodoxe russe :



Mont Athos :



Valaam, un magnifique monastère en Sibérie, en français :



Les moines coptes, en français :



Ermites bouddhistes chan :




Ermites thaïs, Ajahn Chah :



Ermites et yoginîs tibétaines :



Un film sur les sâdhus himâlayens :



mercredi 18 juin 2014

Ne plus être un valet du Savoir


"La pratique naît de l'ignorance. Elle cesse donc avec la cessation de l'ignorance :

Quand toute prétention à (une pratique) 
A été consumée par 
Le feu de la connaissance de l'Immense,
Le sage n'est plus le valet du Savoir.
Il est de fait à la tête du Savoir."  

Sureshvara, La Réalisation qui  ne dépend pas d'une pratique, 1, 40

Le Savoir est la Culture. La sphère de toutes les activités humaines, de toutes pratiques, de tous les commerces. Et même au-delà, puisque en vérité elle inclut toutes les expériences possibles, des enfers au paradis. Le Savoir ultime - "tu es cela" - clarifie la situation : nous sommes l'espace (la "tête") dans lequel tout ceci semble apparaître, comme l'eau "apparaît" dans un mirage.

D'ordinaire, nous sommes les valets du Savoir. Du plaisir, du profit, du pouvoir, de la morale (quoi que ce dernier cas soit plus rare...). C'est épuisant. Mais imaginaire. Quand on reconnaît la situation - tout apparaît et disparaît dans l'espace de la conscience présente - alors on n'est plus esclave de rien ni de personne, fut-ce de soi.


mardi 17 juin 2014

Faut-il incarner ?


Si l'on éprouve le besoin d'incarner une expérience que l'on a faite, une intuition que l'on a eue, c'est qu'il s'agissait d'une expérience d'unité. Comme il s'agit d'une expérience d'amour, on sent souvent un décalage entre ce que nous sommes dans ce ressenti et ce que nous somme après. C'est comme pour n’importe quel amour : parfois, on ne se sent pas à la hauteur, ou bien on a l'impression d'un décalage entre le potentiel et la réalité... plein de sentiments de ce genre. Et à juste titre.

Mais notre essence - essence de tout et de tous - n'est pas cette expérience. 
Elle est l'espace qui accueille toutes ces expériences d'unité ou de dualité, sacrées ou profanes, bonne ou mauvais, duelles ou non-duelles... elle les accueille sans condition, quelque soit l'ambiance mentale. Elle est toujours présente. En amont. Avant toute décision, acceptation ou rejet. Et elle n'est pas loin. Elle n'est pas à venir : elle est ce qui accueille ces mots en cet instant, que ces mots soient compris ou non, qu'ils soient acceptés ou non.
Elle ,n'est pas l'espace qui s'incarne.
Elle est non-duelle.
Infuse en tout et en tous,
Mais sans dualité, 
sans séparation.
Donc pas d'incarnation.
Pas de progression.
Et pourtant, la vie !

Ce n'est pas une expérience nouvelle, mais une reconnaissance indicible. Non pas dans le sens d'une extase presque insupportable comme peut l'être l'expérience de l'unité, mais comme un soulagement, un appel d'air, un éveil, un réveil. Sans que l'on puisse non plus le situer dans le temps. L'éveil non-duel, la compréhension de la non-dualité est unique. Ce n'est pas une expérience de sommet. Mais pour autant, il est clair que l'expérience s'en trouve radicalement changée. Il y a un silence absolu. C'est incroyable ! Stupéfiant. Un silence absolu. Tout est présent, plus que jamais. Étincelant, transparent, contrasté. Mais personne n'est présent. Il y a une personnalité, des choix, des émotions, des extases, tout. Mais rien. C'est incompréhensible. Et très familier pourtant. Mais pas nécessairement extatique. C'est parfait.

Sublime, simple comme un coucher de soleil :

C'est comme tomber d'un arbre



Le bonheur qui découle d'une pratique est transitoire,
Car on l'atteint par une méthode de réalisation (sâdhana).
Mais la liberté est éternelle,
Parce qu'elle ne dépend que d'une clarification
(De ce qui est).

Sureshvara, Sambandhavârttika, 300


La compréhension de la non-dualité ne dépend pas d'une pratique personnelle (purusha-tantra), mais de la réalité elle-même (vastu-tantra). Elle ne dépend pas de la subjectivité, mais de l'objectivité. C'est comme un homme qui tombe d'un arbre : qu'il le veuille ou non, il va s’écraser au sol.


Un homme qui tombe d'un arbre
S'écrase au sol,
Même contre sa volonté !
De même, celui qui voit
(La différence entre) la conscience et les expériences

Devient l'absolu sans qu'il n'y fasse rien.

Stances d'Âdhâra, 83

samedi 14 juin 2014

Conférence tantra - V - intervalles




Tout baigne dans la conscience.
En cet instant.


La conscience s'est oubliée et s'est identifiée à ses créations, à certaines plus que d'autres - "mon" corps, "mon" ressenti, "ma" famille, "ma" communauté, "mon" opinion.
Mais elle reste libre comme le ciel.
Il suffit de le reconnaître.

Il y a toutefois des moments, des occasions où la reconnaissance de notre essence est plus facile, semble-t-il.
Par exemple, au premier instant d'une émotion, d'une surprise, d'un choc, d'une joie, d'une peur, quand la situation n'a pas encore bifurqué en "fuir ou combattre". Ou entre deux pensées, deux respirations. Comme entre deux nuages.
La tradition du tantra non-duel décrit ces occasions de manière très précise. C'est l'une de ses spécialités.

Nous avons donc le choix à chaque instant :
Soit suivre la voie des pensées et des sensations.
Soit suivre la voie de ce qui est présent entre les pensées et les émotions.

Quelles sont ces circonstances ? Qu'ont-elles de particulier ? A quelles conditions sont-elles un accès vers notre vraie nature ? Que s'ensuit-il ?

Je m'appuierais sur ce livre.

David Dubois

Conférence gratuite 
Lundi 16 juin 2014
19h-20h30
Attention : le début de la séance est reporté d'une demi-heure.
salle Maurice Allais, Carré des sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Attention : pour les séances se déroulant au Carré des sciences, vous devez donner votre nom et présenter votre pièce d'identité ou votre passeport.

vendredi 13 juin 2014

"C'est facile à reconnaître !"

Voici ce que dit le yogi Mingyour, fils cadet de Tulkou Orgyen, sur notre vraie nature :

"On ne peut la dire aux autres, mais on peut la connaître par soi-même. Cette ultime réalité est cela qui connaît et qui est inné en vous. Plus précisément, ce n'est pas juste une conscience en général, mais la conscience qui a conscience d'elle-même. On l'appelle donc 'conscience de soi, présence éveillée, conscience originelle'.
...
En certaines circonstances, la présence éveillée survient facilement. Si l'on vous a présenté à elle et que vous êtes capable de reconnaître cette présence éveillée, ces circonstances peuvent être un grand bienfait. Bien sûr, si la personne n'est pas informée au sujet de cette présence éveillée, alors ce n'est là qu'un autre épisode au sein de l'illusion. Par exemple, il est dit que si vous allez au sommet d'une haute montagne, que vous vous exténuez à parvenir au sommet, et qu'une fois là, épuisé, vous vous asseyez et vous regardez l'immensité du paysage, il est plus que probable que vous aurez une expérience de la présence éveillée en toute sa nudité. Une autre occasion est quand vous êtes surpris ou choqué. A cet instant, le mental dualiste est dégagé et l'expérience de la présence éveillée survient en sa nudité. 


La présence éveillée est toujours présente avec nous. Elle est toujours là mais nous ne le savons pas. Est-elle présente là, maintenant ? Oui, absolument. Elle est là tout le temps. Elle est là quoi que vous fassiez, en toutes circonstances. Pendant que vous buvez, que vous mangez, que vous allez aux toilettes, que vous dormez, elle est toujours présente. Simplement, d'ordinaire on ne la reconnait pas.
Elle est facile à reconnaître. Il suffit d'arrêter de penser, et elle est là. Il n'y a pas grand-chose à faire. Il n'y a pas besoin de faire ceci, cela. C'est comme d'essayer de toucher l'espace avec le doigt. Pour toucher l'espace, vous n'avez pas besoin de bouger le doigt - il touche déjà l'espace, n'est-ce pas ?"

Oui, cet espace est facile à reconnaître. Plus facile à reconnaître que n'importe quoi d'autre. Il est plus proche que nos pensées, nos sensations. La présence éveillée est présente avant toute pensée, avant toute sensation. Tout baigne en elle. Nous sommes cette présence. Il suffit de retourner le regard vers ce qui regarde.

jeudi 12 juin 2014

Capacité

"La pure conscience éveillée a une capacité. Une capacité, c'est-à-dire qu'elle est le lieu vierge de l'expérience. Cette capacité est simplement le fond transparent dans lequel survient l'expérience."

Tulkou Orgyen


Ici, "capacité" traduit le tibétain thugs rje, littéralement "la noblesse d'âme", la magnanimité. C'est ainsi que les Tibétains ont choisi de traduire le sanskrit karunâ, que l'on rend habituellement par "compassion". 

Notre vraie nature est l'espace conscient et transparent, absolument transparent, dans lequel ces mots et tout le reste apparaissent en ce moment même.


"Dans cet espace, dans cette capacité, surgit sans cesse une vaste succession de pensées, d'images et d'idées, revêtues de ressentis qui s'élèvent ici dans l'espace, qui fleurissent et disparaissent. Les pensées et les sensations naissent, fleurissent et meurent dans la conscience, la conscience éveillée de ce vaste espace. Qu'est-ce donc qui peut bien périr ici ? C'est comme être un écran de télé infini sur lequel le programme est parfois tragique, parfois comique, parfois dur, parfois doux. Des fusillades, des incendies apparaissent sur l'écran sans l'affecter. Vous n'avez pas besoin de le réparer après un western. N'est-ce pas ce que vous êtes, cet écran immaculé, infini ? Qu'êtes-vous en cet instant, si ce n'est cette capacité consciente, invulnérable ?"

Douglas Harding, Face to No-Face, p. 58

Et Douglas ajoute que l'espace n'est pas un ressenti, pas une sensation, pas une émotion, pas une expérience particulière, mais bien le ressenti fondamental, la sensation fondamentale, l'émotion à la source de toutes les autres, l'expérience elle-même, pure et simple :

"Cet espace, cette capacité d'accueil des ressentis évanescents est ce que je suis toujours, toujours disponible. Donc ce dont je parle n'est pas une affaire de ressentis. C'est un fait... Nous ne cherchons pas les ressentis. Ce qui nous occupe ici, c'est d'où ils viennent, ce qui est en amont des ressentis : les faits. Ce sont les faits qui nous soulagerons de notre anxiété. Les ressentis ne le feront pas".

Douglas Harding, Face to No-Face, p. 61

Ce point est capital. En amont des ressentis...
Bien sûr, cela ne veut pas dire que l'on rejette les ressentis. Cela ne veut pas dire que l'on ne ressent rien. Mais cela veut dire que l'on ne se focalise sur rien. On n'attends rien. Les ressentis ne nous disent rien sur qui nous sommes vraiment. Sauf dans la mesure où ils naissent de l'espace, vivent et meurent en la transparence sans forme. En ce sens et en ce sens seulement ils pointent, comme toute chose, vers notre vraie nature éternellement libre.

mardi 10 juin 2014

La conscience embrasse tout dans un regard sans visage


Je suis conscience.
Tout est conscience, car rien ne peut être perçu, pensé, imaginé ou remémoré en dehors d'elle.
Peu importe que le monde soit réel ou non. Réel ou irréel, il n'existe que dans la conscience et par elle.
Peu importe que l'on soit d'accord ou non. D'accord ou pas d'accord, tout cela n'existe que dans la conscience et par elle.
Peu importe que l'on ressente ceci ou cela. Ceci ou cela, tout n'existe que dans la conscience et par elle.

C'est ce que dit cet hymne :

Si l'on pouvait t'imaginer
Un moment, quelque part, d'une quelconque manière,
Comme étant séparé de ta manifestation,
Alors certes on pourrait dire
Que ce tableau universel 
Est du à un accident extérieur,
A la manière d'un cristal
(Qui reflète passivement ce qui l'entoure).

Laissons les abrutis
Affirmer que l'univers
Est une fusion d'atomes,
Une transformation, 
Une illusion
Ou une simple apparence...
puisque ce ne sont là que
Des constructions imaginaires.
Quant à ton pouvoir,
Il ne pourra certes pas
Être expliqué ainsi !

Shiva !
C'est toi seul qui te manifeste,
Joyau de conscience,
Objet d'un pur émerveillement,
Corps de parfaite transparence,
Ornée du mandala
Des rayons formés par les différentes alternatives
(Au sujet de qui tu es vraiment),
Qui sont en ce monde
Comme autant de clins d’œils
Qui éclosent et se résorbent à chaque instant.

Autre chose. Dans le tantra, la pratique de l'imposition des Mantras (dieux) et des Vidyâs (déesses) est un rituel très important. On peut installer ces panthéons dans un mandala, une statue, son propre corps ou le corps d'un autre. Cette vidéo illustre cette dernière possibilité :

La même pratique, mais sur une statue :

vendredi 6 juin 2014

Weekends de méditation

La tradition du tantra non-duel est une intuition à vivre dans le quotidien, sans séparation entre sacré et profane.



Il existe toutefois une pratique de méditation dans cette tradition : le Geste de Shiva.

Par des jeux de regard, de corps et de souffle, par des évocations sensorielles précises, la reconnaissance de notre vraie nature est induite naturellement. Nous faisons inévitablement l'expérience de cette reconnaissance par-delà le mental et le doute.

Une fois notre vraie nature reconnue clairement dans ce contexte, nous pouvons transposer cette reconnaissance dans le quotidien, afin que toute notre vie devienne un yoga, une méditation naturelle de la conscience. 
Notre conscience d'ordinaire repliée sur ses obsessions mentales redevient ainsi une pleine conscience, une conscience ouverte, vaste et capable d’accueillir la vie.


Je vous invite à partager cet art du Geste de Shiva durant deux weekends, dans une salle de yoga située au centre de Paris. Dans ce lieu de calme nous pourrons partager ce trésor du yoga du Cachemire qui ouvre la conscience et la rend à son immensité naturelle, comme un glaçon jeté dans un océan tropical.

Ces deux journées consisteront en une alternance de méditations guidées et d'explication des instructions essentielles de ce yoga unique en son genre. 



Dates et horaires :
7 et 8 mars 2015 
A Chailly-sur-Armançon (Bourgogne)


Pour plus de renseignement :
06 03 33 05 58
deven_fr@yahoo.fr

Le yoga de l'homme-lion

L'Homme-lion est une incarnation de l'Omniprésent destinée à tuer le démon de l'aveuglement.


Dans la spiritualité indienne, il y a traditionnellement deux voies :
-la voie de l'expérience, celle du yoga qui veut atteindre un état spécial de conscience puis le stabiliser.
-la voie de la compréhension, celle de la connaissance qui veut simplement mettre un terme à l'aveuglement qui fait croire que nous ne sommes pas ce à quoi nous aspirons, ou que nous en sommes séparés.


Mais dans la tradition du tantra non-duel, il existe une troisième approche, la voie dite de Shiva, ou de la volonté. Pas de la volonté volontariste. Aucun rapport, non. 


Il s'agit plutôt de reconnaître notre vraie nature dans le premier instant de chaque expérience. Le premier instant du plaisir, de la douleur, de la surprise. L'élan initial de l'éternuement. Le premier ébranlement de l'orgasme. La pure stupeur du doigt coincé dans la porte. La sidération de tomber un ours en ouvrant la porte des toilettes. 


Ou bien l'intervalle entre ces émotions, ces pensées, ces expériences. Ou bien l'intervalle entre les respirations. Se donner à la paix alerte qui suit l'expir. 

Malakotaï (Melkote), haut lieu de l'Homme-lion


Or l'homme-lion symbolise cet intervalle, ce premier instant de pure présence. 
Cette reconnaissance à même les expériences n'est pas seulement pratiquée dans le quotidien, mais aussi dans une méditation particulière, le Geste de Shiva. L'homme-lion est une illustration de ce geste. Il est l'entre-deux, l'intervalle de pure émerveillement surpuissant, capable de dissoudre toutes les croyances et les ressentis étroits qui servent de support à ces croyances. Il s'empare alors de l'aveuglement et le met en pièces. Non pas dans une expérience, mais dans l'intervalle entre les expériences.


Le Geste de Shiva est pratiqué selon des instructions très précises. L'homme-lion en pratique de yoga illustre magnifiquement cette approche unique. Au lieu de se concentrer, on se laisse dilater. Au lieu de chercher une posture neutre, on se laisse prendre par la posture. Le simple fait d'adopter ses points-clés engendre l'absoption. En fait, au lieu de s'absorber en un état de conscience particulier, on se laisser absorber en la conscience sous-jacente. On se laisse posséder, doucement, on se laisse inonder, envahir, transformer. On ne pratique pas le yoga. On se laisse pratiquer par lui. Il est le yoga de Shiva, le yoga de l'Omniprésent.


mercredi 4 juin 2014

Qu'est-ce que la culture ?

Pour la plupart d'entre nous, la culture se définit par un arrachement de l'homme à la nature. 
L'homme se pose en s'opposant au cosmos. 
C'est que, depuis la Renaissance, on nous dit que l'homme n'est pas un animal comme les autres. Il a pour nature de ne pas avoir de nature. Tout se passe comme si, nous dit Kant, la nature avait voulu que l'homme se construise sa propre nature. L'homme ne serait jamais plus lui-même que quand il dépasse ce qui est et quand il nie le passé. 
Il est vrai que l'homme est conscience. N'étant rien, la conscience peut tout devenir, ou plutôt tout manifester. Mais cette idée n'est pas de la Renaissance. Elle était déjà présente chez Platon, chez Aristote et les Stoïciens. Et dans l’Évangile. En revanche, il y a depuis la Renaissance l'idée que l'homme n'est pas de la nature. Qu'il doit la vaincre, l'humaniser, la rendre habitable et la parfaire, en créant comme une seconde nature. On a dit beaucoup de choses à ce sujet.

Mais ce qui m'intéresse ici, c'est que  dans cette vision l'on ramène tout au présent conçu comme destruction ou dénigrement du passé. On vit dans le présent seulement.
Notez qu'il ne s'agit pas là de l'instant présent, de l'éternel présent célébré par un Marc-Aurèle comme par tous les sages. Non, il s'agit plutôt d'une conscience réduite : ni une conscience de l'instant, ni une conscience du long terme (passé ou à venir), mais un entre-deux incertain, indéfini, un terrain vague qui constitue l'espace-temps de la consommation. La conscience n'aspire plus à s'élargir, mais seulement à consommer, à jouir et à "profiter" du présent, c'est-à-dire du court terme, sur lequel elle se replie. Sans plus aucun repère. Perdue dans l'infini, laissant à des gérants le soin de... gérer le navire, sans se demander où va le navire. On a appelé cela "société de consommation" ou "société du spectacle".

D'où un certain nombre de confusions dans le domaine spirituel.

Ainsi, la spiritualité nous parle d'instant présent, de voie directe, d'état naturel, d'être qui l'on est, d'oublier le passé, de dépasser le bien et le mal, d'amour et de ressenti.

Cela "nous parle". Mais cette résonance n'est-elle pas bancale ? N'est-elle pas nourrie par un malentendu ?

La spiritualité d'aujourd'hui se résume à un slogan : "Penser moins, ressentir plus".
Mais qu'est-ce que penser ? Qu'est-ce que ressentir ?
Dans la plupart des cas, il faut bien le dire et sans vouloir blesser personne...

...le culte du ressenti n'est qu'une obsession du corps.
La célébration de l'amour n'est qu'une forme de narcissisme.
L'au-delà du mental n'est qu'un culte de l'ignorance.
La fascination presque exclusive pour "la vibration" n'est qu'un culte de l'émotion.
L'attrait pour l'instant présent n'est qu'une régression infantile.
Le développement personnel n'est que nombrilisme.
La recherche de la paix est un refus de grandir.
Le rejet de l'intellect est une idolâtrie de l'émotion.

Bref, la culture, en se posant en s'opposant au passé est devenu une religion de la jouissance pure et vide. Vide de sens, vaine, vaniteuse. 

Non pas qu'il faille aspirer à restaurer le passé.
Simplement, il faut se rappeler que la culture si elle veut dépasser le passé doit le connaître. Si l'on veut construire sur le passé, il faut bien le connaître. Quel architecte bâtirait sur de l'ancien sans se rendre familier des lieux ?
Ce qui me frappe dans les témoignages de mes contemporains en recherche de vérité, c'est leur rejet de la vérité, de la pensée, de la culture, de toute tradition, de toute dépendance. Chacun vit replié sur son "ressenti" sans dialogue (à quoi bon dialoguer si "à chacun sa vérité" ?), sans passé ni avenir, dans une sorte de caricature de la spiritualité authentique. 

Les lecteurs attentifs de ce blogue savent que je ne suis pas anti-moderne.

Seulement, je m'interroge.


Il existe d'autres conceptions de la culture; En fait, une conception, dont on rencontre des figures variées à travers les temps et les lieux :

La culture est un prolongement de la nature. Non une lutte contre elle. Bien sûr, on lutte contre les maladies. Mais pas contre le Tout. La culture est naturelle. Elle est le Savoir.

Reprenons au début :
L'univers s'est cristallisé. L'énergie est devenue matière, l'espace s'est dilaté, le temps s'est accéléré. Un jour, la conscience s'est manifestée à travers des points de vue : des êtres animés. L'univers a pris conscience de lui-même. Et cette conscience, cette écoute de l'univers, est devenu Savoir. 
En Inde, on l'appelle Veda. Ce Savoir a une fin. Le Vedânta. Mais cette fin n'est pas une fin dogmatique, une intolérance potentielle. Car, comme dit Augustin - ailleurs mais tout près -, "Dieu est caché, on cherche donc à le découvrir. Mais Dieu est aussi infini, pour qu’une fois trouvé, on ne cesse pas d'explorer l'océan qu'il est". Voilà : la culture est le Savoir de l'univers. L'être et la pensée sont inséparables. La culture est la nature prenant conscience d'elle-même. Et non pas une simple accumulation d'opinions. C'est cela la culture : le Savoir. Écouté, vu, contemplé. Et non inventé parce que ça nous parle, parce qu'on le ressent, parce que ça nous plaît. C'est cela la culture : l'aventure de l'être qui se pense lui-même à travers des générations d'individus. Ainsi ce qui a été contemplé (theoria, shruti) devient ce qui est transmis, remémoré (smriti) : la tradition, aspect dynamique de la culture, qui elle-même prolonge la nature.

C'est ce qu'explique Madhusûdana Sarasvati dans un opuscule peu connu, L'Explication du fondement (Prasthâna-bheda). Il met en lumière les fondements, les points de départ de l'éducation, de l'édification qui mène l'homme du fini à l'infini, ou plutôt de l'infini à l'infini, car le cosmos en sa perfection trace un cercle. Et chacune de ses parties ne peut qu'imiter cette figure. 
Madhusûdana nous y annonce qu'il va enseigner en bref le projet de Dieu tel qu'il est révélé dans tous les enseignements et tel qu'il a été transmit directement de génération en génération. Il est significatif que Madhusûdana éprouve le besoin d'expliquer ceci au tournant du XVIIè siècle, époque ou la révolution copernicienne se joue en Europe. De là à penser que Madhusûdana pressentait les premiers soubresauts du consumérisme...

La culture ne consiste t-elle pas à grandir, à s'édifier et à se laisser édifier par un savoir, plutôt qu'à seulement consommer du savoir comme on mange des chocolats ? La culture ne consiste t-elle pas à réaliser sa vraie nature infinie, plutôt qu'à collectionner des expériences sans fin ?