jeudi 13 décembre 2018

Effort ou pas effort ?



Notre essence de Présence nue 
est toujours déjà présente.
Si elle était absente,
rien ne pourrait se présenter.

Pourtant, s'accorder à cette Lumière
qui est "plus moi que moi"
semble impossible.
Comment ne pas être distrait ?
Comment ne pas se laisser emporter
par le flot incessant des distractions ?
Une tâche surhumaine...

Shiva, dans ses Aphorismes, offre un indice :

L'effort est réalisation.

(Shiva-sûtra II, 2)

Faire effort, serait-ce la clé de la réalisation ?
Le mot "effort" est bien vague, cependant.
Tendre de tout notre être à cette Présence, oui.
Mais est-ce suffisant ?
Et pourquoi cette force des distractions, 
si tout est cette Présence, en cette Présence ?
Comment les reflets peuvent-ils cacher le miroir ?

La Présence est vivante.
Douée de conscience et d'élan,
elle a surtout le pouvoir de se tromper elle-même.
Conscience, pouvoir de "se prendre pour",
de "s'identifier à" ses propres créations,
de se perdre dans les jeux des personnages
que le Mystère que nous sommes
assume librement.
Illusion, mental, imagination, langage...
mais aussi liberté, extase :
nombreux sont les noms de se pouvoir.

C'est à cause de cette Déesse,
ou grâce à elle, que l'Être peut s'écarter de lui-même,
se méprendre et se reprendre.

Ce pouvoir du "je suis" est la source de tout malheur,
mais aussi la clé de la réalisation.
Selon l'Essence de la Triade (Trika-sâra),

"le Mantra est la propre essence
de la Puissance consciente...
C'est grâce à cette force que
les yogis qui s'adonnent au yoga
connaissent la réalité absolue."

Le Mantra est "je suis", la Force du Soi, l'énergie qui est la conscience elle-même.
Fermer les yeux, laisser les yeux de la Force s'ouvrir.
S'abandonner dans le courant de cette vie
présente avant toute vie.
Sentir tout l'être, corps et âme, lâcher,
comme une fleur qui éclot lentement
sous les rayons de l'astre du jour.

Répéter. Encore et encore.
Plonger, suivre la piste, le parfum
du Mystère, insaisissable mais inévitable.
Sans attendre, encore et encore,
au long des jours et des nuits,
au milieu des soucis quotidiens,
dans les inconforts et les peines.
Accueillir cette Force capable
de nous emporter au-delà de toute distraction,
dans l'ineffable.
Juste s'ouvrir, un sourire intérieur s'esquisse,
le visage se détend.
Faire un instant ce geste de se laisser faire,
laisser la Force défaire ce qui doit l'être.
Un instant suffit.
Un acte bref.
Encore et encore.

Un effort qui n'est pas de nous,
mais qui surgit du tréfonds,
l'effort d'une Force qui nous prend en charge,
qui s'occupe de tout,
à laquelle nous cédons comme
le flocons s'évapore sur la pierre chaude.

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