Philosophie et mystique, voie de la connaissance et de l'amour. Philo-sophia, amour de la sagesse, désir de vérité, expérience et réflexion. Yoga ou union du cœur et de la tête. La philosophie comme yoga, la philosophie comme pratique, éclairée et nourrie par la tradition du Tantra et autres sources que nous ont léguées nos ancêtres. Formation tantra traditionnel.
Ferme les yeux et dis en toi-même, silencieusement, de façon sacrée et secrète, avec douceur, le mot "je, je". Ce Je en ton centre est puissant. Ce Je au beau milieu de toi est plus grand que n'importe quel problème dans le monde extérieur. Ce Je au beau milieu de toi est venu pour que tu puisse avoir la vie et que tu puisse l'avoir en abondance. Ce Je a été avec toi "avant qu'Abraham ne fût", à attendre que tu le reconnaisse et l'honore...
Pour beaucoup d'entre nous il a été facile d'admettre que Dieu est omnipotent, omniscient et omniprésent, sans avoir conscience que nous nous enfermions à l'extérieur dans le brouillard. Mais Je est cette omnipotence ; Je est cette omniscience; Je est cette omniprésence. Repose en ce mot Je.
On lit dans la vie de la vénérable Mère François Lopez de Valence, religieuse du Tiers-ordre de Saint-François, que Dieu lui révéla trois choses d'une grande importance concernant le recueillement intérieur : "La première est qu'un quart d'heure d'oraison, fait dans le recueillement des sens et des facultés de l'âme, avec résignation et humilité, à plus de prix aux yeux de Dieu que cinq jours de pénibles exercices : silice, discipline, jeûnes, coucher sur la dure, car ces mortifications n'atteignent que la chair, alors que le recueillement purifie l'âme." La seconde est qu'une heure d'oraison tranquille et pleine de dévotion, donné à Dieu, Lui est plus agréable que les plus grands pèlerinages. La prière étant uni à celui qui la fait, comme à ceux qu'elle a pour objet, mérite un grand degré de gloire. Dans les pèlerinages, au contraire, l'âme est généralement distraite, les sens égarés, ce qui affaiblit la vertu et l'expose à plusieurs dangers. La troisième est que l'oraison continuelle consiste à avoir sans cesse le cœur tourné vers Dieu, et que l'âme qui cherche la voie intérieure s'élève plus par les affections de la volonté que par les efforts de l'intelligence.
Rencontres autour du Vijnâna Bhairava Tantra Lectures de textes du shivaïsme du Cachemire animées par David Dubois
Ce tantra est le plus célèbre et le plus commenté depuis la redécouverte du shivaïsme cachemirien au début du XX ème siècle. Extrêmement original par rapport aux autres tantras, il se présente comme un extraordinaire catalogue d'expériences spirituelles allant des techniques yogiques les plus sophistiquées jusqu'aux circonstances de la vie quotidienne la plus banale. Nous lirons ensemble le tantra en sanskrit et ses commentaires, ainsi que plusieurs textes apparentés. Le but de ces lectures est de partager nos interprétations dans une ambiance conviviale.
Chaque séance a lieu le dimanche de 14 à 16 heures à Nogent sur Marne, non loin de Vincennes. Les séances ont lieu tous les quinze jours (consultez les billets les plus récents pour connaître la prochaine date, ou bien écrivez à l'auteur). Aucune connaissance du sanskrit n'est requise. Des photocopies du texte translittéré sont distribuées.
Si vous souhaitez venir, nous vous demandons juste d'écrire à l'auteur du blog afin de recevoir l'adresse où se tiendront ces rencontres.
Mantra des Six Libérations de Samantabhadra, Vallée du Zanskar
Saint Thomas, si plein de modération cependant, semble se moquer de ceux qui cherchent par des raisonnements ce Dieu qui est en eux-mêmes. Il dit : « C'est un aveuglement, une excessive folie, que de toujours chercher Dieu, de soupirer après Sa présence, de l'invoquer tous les jours dans ses prières, alors qu'Il est toujours présent dans le temple vivant qu'est l'âme humaine. Ne serait-ce pas insensé que de chercher hors de chez soi une chose qu'on possède dans sa maison ? C'est là pourtant l'image de la vie de quelques croyants, ne rencontrant jamais Dieu qu'ils cherchent bien loin. Aussi toutes leurs œuvres demeurent-elles imparfaites. » Miguel Molinos, Le guide spirituel, Fayard, 1970, p. 40.
Juste pour restituer un peu le contexte du billet précédent, voici un autre extrait d'un documentaire d'Arnaud Desjardins, à une autre époque, dans un autre lieu...:
Je crois que ces images se passent de tout commentaire. La question est : Que s'est-il donc passé entre l'époque de ce film et ceux sur le "golf lamaïque" ? PS/NB : ... et que l'on ne vienne pas nous casser les oreilles avec l'argument de "l'Occident a tout corrompu" ! Car en réalité, il y a toujours eu des lamas riches et assoiffés de pouvoir, et d'autres davantage concernés par leur intérieur, cela bien avant l'arrivé du Grand Satan. Marpa était plein aux as, Milarepa mangeait des orties. Mais Marpa a prédit que "les disciples seraient meilleurs que leur maître", c'est-à-dire plus simples et davantage tournés vers la méditation. Marpa avait des excuses pour justifier son opulence : comme tous les traducteurs, il avait en effet besoin d'un minimum de ressources pour organiser ses expéditions en Inde et recruter des collaborateurs. Mais une fois les textes essentiels traduits, il fallait les mettre en pratique dans la nudité des ermitages. Et effectivement, en dehors de quelques accidents comme Shang Rinpoche et les Karmapas, la lignée Kagyu a produit de nombreux contemplatifs authentiques. Alors pourquoi cette régression aujourd'hui ? Bien sûr, il ne faut pas généraliser. Il reste encore quelques Tibétains qui méditent en Inde, perchés au-dessus de Dharamsala et Tso Péma. Mais force est de constater que la méditation est devenue une affaire d'Occidentaux. Puisse l'avenir me donner tord !
Je suis totalement amoureux du bouddhisme tibétain, et cela depuis une trentaine d'années. Mais je ne peux m'empêcher de m'interroger sur ces lamas qui jouent au golf, qui sont salariés, habitent des demeures luxueuses et qui vivent une existence de pachas. Je ne dis pas que c'est "mal". Mais je me pose des questions. Pas vous ?
Eric Baret a composé un ouvrage sublime sur le yoga. Il a étudié avec jean Klein, qui lui-même prit des leçons du grand maître du Sud de l'Inde, Krishnamâchârya. Le système de yoga shivaïte originel, appelé Hatha Yoga, a été adapté par ce dévot de Vishnou pour un public plus large. Son enseignement est à la source de la plupart des systèmes de yoga que l'on trouve aujourd'hui sur le marché. Voici Krishnamâchârya dans une démonstration vigoureuse :
Le bouddhisme tantrique est également riche de plusieurs systèmes de yoga. La différence principale avec les systèmes dérivés du Hatha Yoga est l'accent mis sur des séries de mouvements destinés à faciliter la compréhension des différents mouvements respiratoires. Mais cela se retrouve en Inde dans le Vinyâsa Yoga, ou "yoga sur mesure". En outre, dans le yoga bouddhique comme dans le Hatha Yoga d'origine shivaïte, le but des postures et des mouvement est aussi de préparer à des cycles respiratoires à quatre temps, avec inspiration, expiration, rétentions à vide et à plein.
Voici quelques exercices du cycle de Chakrasamvara :
Même cycle extrait d'un film d'Arnaud Desjardins :
Un autre cycle lié à la Grande Complétude (dzogchen), enseignée par Namkhai Norbu :
Les Bonpos ont aussi un système lié à la Grande Complétude. Voici une publicité pour un DVD :
De ce maître, on trouvera ailleurs des enseignements sur la nature de l'esprit, et ici un témoignage sur une pratique essentielle de la Grande Complétude, la "retraite dans l'obscurité".
Quelques exercices d'un cycle de l'école Nyingma, avec les fameux "sauts" (beps), autre mouvement propre au yoga bouddhiste :
Du côté shivaïte, son Hatha Yoga est devenu la forme la plus populaire de yoga, la source de toutes celles qui sont enseignées aujourd'hui dans le monde. Et pourtant, vous remarquerez qu'il est très difficile de trouver des documents vidéos sur ce système, contrairement à ce qui se passe pour le bouddhisme tantrique...
Le rien est disposé à tout ce que Dieu voudra, ne désire rien, ne fait élection de rien, il ne refuse aussi rien ; Dieu y agit comme bon lui semble et il est tout soumis à l'opération divine. Voilà l'état où doit être une âme au respect de Dieu, mais elle n'en vient pas là sans de grands combats, des morts continuelles et longues souffrances. Il est vrai que la jouissance de Dieu vaudrait bien qu'on endurât toutes les croix du monde jusqu'à la fin des siècles.
En cet état de silence intérieur, on ne peut point donner de lois d'exercice, ni l'âme n'en peut prendre aucun, mais elle doit attendre ce qui lui est donné de Dieu en toute simplicité, sa règle et sa méthode étant de n'en point avoir. Tantôt elle souffre tantôt elle agit, d'une façon ou d'une autre selon qu'il plaît à Dieu lui en donner les impressions.
Il en est de la forme comme de la couleur. Comme l'eau est fluide et sans consistance, elle prend toutes les formes des lieux où on la met, d'un vase rond ou carré. Si elle avait une consistance propre, elle ne pourrait prendre toutes les formes, toutes les odeurs, toutes les goûts et toutes les couleurs. Les âmes ne sont propres qu'à peu de choses tant qu'elles conservent leur consistance propre. Tout le dessein de Dieu est de leur faire perdre, par la mort d'elles-mêmes, tout ce qu'elles ont de propre, afin de la mouvoir, agir, changer et imprimer comme il lui plaît, de sorte qu'il est vrai qu'elles ont toutes les formes, et il est vrai qu'elles n'en ont aucune...
Si la vacuité est possible, tout est possible. Si elle ne l'est pas, rien n'est possible. Toi qui fait retomber sur nous tes propres fautes, n'oublies-tu pas le cheval même sur lequel tu es monté ?