mercredi 30 décembre 2009

dimanche 27 décembre 2009

Vijnâna Bhairava janvier 2010


Rencontres autour du Vijnâna Bhairava Tantra

Lectures de textes du shivaïsme du Cachemire animées par David Dubois



Ce tantra est le plus célèbre et le plus commenté depuis la redécouverte du shivaïsme cachemirien au début du XX ème siècle. Extrêmement original par rapport aux autres tantras, il se présente comme un extraordinaire catalogue d'expériences spirituelles allant des techniques yogiques les plus sophistiquées jusqu'aux circonstances de la vie quotidienne la plus banale. Nous lisons ensemble le tantra en sanskrit et ses commentaires, ainsi que plusieurs textes apparentés. Le but de ces lectures est de partager nos interprétations dans une ambiance conviviale.

Les prochaines séances auront lieu les dimanche 3 janvier, 17 janvier et 31 janvier, de 14 à 16 heures à Nogent sur Marne, non loin de Vincennes. Entrée libre. Les séances ont lieu tous les quinze jours (consultez les billets les plus récents pour connaître la prochaine date, ou bien écrivez à l'auteur). Aucune connaissance du sanskrit n'est requise. Des photocopies du texte translittéré sont distribuées.

Si vous souhaitez venir, nous vous demandons juste d'écrire à l'auteur du blog afin de recevoir l'adresse où se tiendront ces rencontres.

En rentrant des ghats

HarishchandraGhat, Bénares


Et le sujet (soumis à) l'illusion
Absorbe en son essence
L'ensemble des objets
Extérieurs et intérieurs,
Si bien que même ce
(Sujet soumis à l'illusion) les absorbe simultanément,
Bien qu'il soit
Doué de succession selon l'avant et l'après. 416

La manifestation du plan de l'objectivité,
Instant après instant,
Est l'agitation causée par les objets
Sous forme de répulsion ou d'attraction.
Ces phénomènes, qui existent
Dans la paisible manifestation "Je",
Se résorbent en elle. 417

Car ceux-là même qui souffrent
De leur agitation, de leur projets, de leurs réussites, de leurs expériences,
Et qui errent dans la ronde du devenir douloureux,
Ceux-là, une fois établis dans le Soi, se divertissent (de tout cela). 418

Celui qui est établi dans le Soi,
Dans sa vraie nature de simple conscience non duelle, transparente,
Séparée du corps et autres (phénomènes),
Celui-là réalise tout spontanément. 419

Là où nulle disharmonie, nulle séparation
Ne se manifeste,
Là est la félicité,
Disent les yogins qui reposent dans le Soi par le Soi. 420

Cette félicité ne peut être perdue.
Elle est toujours présente (car) elle est notre Soi.
Si l'on aspire au bonheur de la délivrance dès cette vie,
On doit demeurer en elle sans distraction. 421

Et de fait, on peut dire que
Le désir fait des miracles.
Il est pure jouissance
Caractérisée par le repos dans notre vraie nature. 422

Encore et encore
Je célèbre la déesse - miracle de notre vraie nature -,
Qui est désir, cette grande Puissance
En forme de "je", parfaite souveraine. 423

Elle n'est pas engendrée par l'effort,
(Car) elle est éternelle, incarnée dans une pure pensée.
Cette Puissance de Śiva est notre vraie nature,
Lumière de la conscience. 424

Cette déesse sans défauts
Est sans projets tendus vers un quelconque objet.
Elle n'est rien d'autre que la Lumière absolue,
En forme de conscience de notre essence. 425

Celui qui, abandonnant le corps,
S'installe à jamais
Dans cette Puissance
S'épanouit en cette félicité,
Il en est toujours familier.
Il atteint la réalisation
Digne d'être atteinte. 426

Celui qui connait
L'éternité, l'omniprésence et la réalité
Du Soi est qualifié pour ce yoga.
En vérité, il obtiendra liberté et jouissance. 427

(Un jour), j'ai entendu cette parole "ne tue pas".
J'ai alors obtenu l'état de plénitude
En lequel l'activité est la joie de la conscience,
En lequel les activités sont unifiées,
En lequel tout s'est accomplit,
En lequel me sont venus la plénitude et la connaissance. 428-429

(Selon l'éditeur, Râmeshvar Jhâ raconte ici qu'il fût définitivement possédé par la parfaite conscience un jour qu'il rentrait du ghat de crémation de Dashâshvamedha, à Bénares, et qu'il entendit cette parole dans la foule)

La parfaite souveraine, suprême,
Est désir, connaissance et activité.
Elle se manifeste naturellement
Comme phonèmes, mots et phrases. 430

Mahâmahopâdhyâya Râmeshvara Jhâ, La Liberté de la conscience (Samvitsvâtantryam), Vârânasî 2003.

mardi 22 décembre 2009

L'oubli de tout support

Yoganarasimha, avec sa ceinture de méditation (yogapatta), musée Guimet



Le (yogin) n'entrera pas en contact avec

Le temps et le lieu en tant qu'obstacles.

Alors, il verra tout cela comme étant

Fermement établi dans son propre Soi. 407


Contemplant le Soi par le Soi,

Sans forme, imprégnant tout,

Il oubliera les supports tels que le corps, etc.

Et jusqu'au vide lui-même. 408


Cet état de plénitude

Déborde d'une plénitude de Puissances.

Il anéanti (spontanément) les ennemis du Seigneur

Et renforce la justice. 409


Puisque le Soi suprême

Et mon Soi ne font qu'un,

Je suis capable de tout faire, ou de ne rien faire,

Selon mon désir souverain. 410


La manifestation (de la conscience) du yogin

Lui apparaît directement en une parfaite plénitude.

Elle se déploie en lui comme corps et intellect,

En forme de désir, de connaissance et d'activité 411


De même qu'une félicité accompagnée de plaisir

Se manifeste au contact du corps de la bien aimée,

De même au contact des (phénomènes) intérieurs et extérieurs

Cette félicité se manifeste. 412


Tu es toujours manifeste,

Toi qui es (ce Soi) désire sans cesse (les choses, les créant ainsi).

Je suis lui, masse de félicité, éternel.

Sois naturellement stable ! 413


De même que la possession, l'acquisition ou l'obtention

Te rendent heureux,

Que, de même, ta vraie nature de parfaite félicité

Te rende toujours heureux ! 414


Ce qui se présente alors (au yogin),

C'est simplement cette félicité dont on dit qu'elle est la délivrance.

Cette félicité se manifeste et s'installe

par la prise de conscience de (cette) félicité (en soi). 415


Râmeshvar Jhâ, La Liberté de la conscience (Samvitsvâtantryam), Bénares 2003.

dimanche 13 décembre 2009

Vijnâna Bhairava - décembre 2009

Sarasvatî, Bhaktapur


Rencontres autour du Vijnâna Bhairava Tantra
Lectures de textes du shivaïsme du Cachemire animées par David Dubois



Ce tantra est le plus célèbre et le plus commenté depuis la redécouverte du shivaïsme cachemirien au début du XX ème siècle. Extrêmement original par rapport aux autres tantras, il se présente comme un extraordinaire catalogue d'expériences spirituelles allant des techniques yogiques les plus sophistiquées jusqu'aux circonstances de la vie quotidienne la plus banale. Nous lisons ensemble le tantra en sanskrit et ses commentaires, ainsi que plusieurs textes apparentés. Le but de ces lectures est de partager nos interprétations dans une ambiance conviviale.

La prochaine séance aura lieu le dimanche 20 décembre de 14 à 16 heures à Nogent sur Marne, non loin de Vincennes. Entrée libre. Les séances ont lieu tous les quinze jours (consultez les billets les plus récents pour connaître la prochaine date, ou bien écrivez à l'auteur). Aucune connaissance du sanskrit n'est requise. Des photocopies du texte translittéré sont distribuées.

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jeudi 10 décembre 2009

L'oeil intérieur de la parfaite félicité

Linga, Mrigasthâlî, Kathmandou



J'ai maintenant soixante-dix ans révolus.

J'ai fait tout ce qui devait ou pouvait être fait pour les érudits.

Que je reste (en vie), ou que je m'en aille ne fait pour moi aucune différence,

Car en moi-même, naissances et morts ne se manifestent jamais. 399-400


Je suis un yogin qui a atteint le contentement inné,

Mon corps débordant de félicité.

Sur ce chemin, je réjouis les gens qui m'accompagnent

Et qui sont éclairés par l'œil inné de la parfaite félicité. 401


Si le yogin est plein de la félicité innée

En tous temps et en tous lieux,

Alors il apaise les gens de bien

Et anéantit ceux qui méprisent la voie de la Révélation. 402


C'est de cet incompréhensible "moi-même",

Sans pensées, insondable,

Que s'élève la vibration omniprésente,

Toute frémissante. 403


(L'espace) vide est devenu le vent aux mille visages.

Puis il est devenu le soleil et la lune,

Puis le feu du sujet connaissant.

Il est alors devenu souffle vital dans le corps fait de matière. 404


Le yogin qui demeure dans cet état primordial

En l'ayant reconnu

Savoure la Puissance ultime,

Doué de la parfaite Puissance. 405


Imprégnant tout,

Il s'appui sur le centre.

De là, le Seigneur ensorcèle,

Détruit et anéantit le monde. 406


Râmeshvar Jhâ, La Liberté de la conscience (Samvitsvâtantryam) Bénares, 2003.

samedi 5 décembre 2009

Mahé Rinpoché


Le petit Mahé est né. Mais de son point de vue, que s'est-il passé ? Est-il vraiment apparu en ce monde, ou bien est-ce le monde qui est apparu en lui ? N'est-ce pas plutôt le monde qui est né en lui, dans l'espace infini de la conscience ?

Au passage, notons que sa maman a bien apprécié la pratique de l'haptonomie ("science du toucher affectif"). Derrière ce nom un peu pompeux se cache une approche toute simple : se familiariser avec un contact immédiat, "de cœur à cœur", avec le bébé, dès avant sa naissance. Comme alors il n'est que conscience infinie, cette pratique revient à s'absorber dans l'océan du cœur. Ce qui nous a bien convenu ! L'accouchement s'est fait rapidement, sans trop de douleur, sans techniques respiratoires ou autres, juste en écoutant le corps et en demeurant absorbé dans ce contact intuitif.

dimanche 29 novembre 2009

Vijnâna Bhairava Tantra

Lakulîsha (?), Pashupatinâth

Rencontres autour du Vijnâna Bhairava Tantra
Lectures de textes du shivaïsme du Cachemire animées par David Dubois



Ce tantra est le plus célèbre et le plus commenté depuis la redécouverte du shivaïsme cachemirien au début du XX ème siècle. Extrêmement original par rapport aux autres tantras, il se présente comme un extraordinaire catalogue d'expériences spirituelles allant des techniques yogiques les plus sophistiquées jusqu'aux circonstances de la vie quotidienne la plus banale. Nous lirons ensemble le tantra en sanskrit et ses commentaires traditionnels, ainsi que plusieurs textes apparentés. Le but de ces lectures est de partager nos interprétations dans une ambiance conviviale.

Chaque séance a lieu le dimanche de 14 à 16 heures à Nogent sur Marne, non loin de Vincennes. La prochaine séance aura lieu le dimanche 6 décembre 2009. Aucune connaissance du sanskrit n'est requise. Des photocopies du texte translittéré sont distribuées.

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Le centre



Jean de la Croix décrit le centre de l'être, embrasé par l'amour de Dieu, l'âme se sentant "attaquée par un Séraphin" qui la perce à l'aide d'une lance imbibée d'une herbe de guérison :


Et en ce point intime de la blessure qui semble se fixer au milieu du cœur et de l'esprit, là où se sent la quintessence du délice, qui pourra parler comme il le faudrait ? Car l'âme y sent comme un grain de moutarde absolument infime, infiniment vif et incandescent, lequel envoie à partir de lui et en circonférence un feu d'amour vif et incandescent; lequel feu, naissant de la substance et force de ce point vif où se trouve la force et substance de l'herbe, l'âme sent qu'il se diffuse subtilement par tous ses vaisseaux spirituels et substantiels, selon sa puissance et sa force, ce en quoi l'âme sent se fortifier et croître l'ardeur et s'affiner tellement l'amour en cette ardeur, qu'il semble qu'arrivent en elle des flots de feux amoureux atteignant au sommet et aux tréfonds des abîmes, l'amour envahissant tout; en cela il semble à l'âme que tout l'univers soit un océan d'amour sur lequel elle se trouve portée, ne pouvant voir un terme ni une fin où s'achèverait cet amour, sentant en elle-même, comme nous l'avons dit, le point vivant et le centre de l'amour.

La Vive flamme d'amour, 2, 10, traduction de Max Huot de Longchamp dans Lectures de Jean de la Croix, Beauchesne, Paris, p. 223. Voir aussi la traduction dans la collection Points "sagesses", p. 56.

vendredi 27 novembre 2009

Amour et grâce

Tantrika bouddhiste, Pattan


Pour celui qui demeure toujours en sa vraie nature,
Pour celui qui reconnaît le Soi sans vaciller,
La non séparation devient séparation,
Et la séparation devient non séparation. 391

La Puissance - Vibration et Souffle -
Incarnée dans le corps est limitée.
Abandonne-là et rétablis-toi fermement
Dans ta vraie nature qui consiste en (l'acte) "je". 392

Tu m'accorde la grâce
A proportion de mon amour pour toi.
L'amour qui ne dure qu'un temps est factice.
Mais l'amour pour toi est permanent, ô Seigneur ! 393

J'aspire à la grâce,
Mais jamais à l'amour (seul).
La grâce est une mère infaillible.
L'amour (seul ne) procure (que) des jouissances (éphémères). 394

Je ne me fie qu'à la grâce.
L'amour n'est pas plus important (que la grâce).
(Car) l'amour peut naître d'une énergie limitée.
En mon cœur, je prend (donc) perpétuellement refuge en la grâce. 395

Quand j'ai foi en la grâce,
Je règne, orné de toutes les Puissances,
Sur le monde, partout,
Sans entraves. 396

La grâce du Seigneur est pour moi
La salvatrice universelle et celle qui accomplit tout.
C'est par la grâce que je suis omniprésent, plus que comblé,
Auteur de tout. 397

Avec amour, j'ai vue et obtenue
La grâce éternellement présente.
La paix ultime étant pour moi accomplie,
Je suis sans désirs. 398

Râmeshvar Jhâ, La Liberté de la conscience (Samvitsvâtantryam), Bénares 2003.

samedi 21 novembre 2009

Le mensonge de l'agitation est anéanti


Samantabhadra, entrée de Bauddhanâth


Celui qui ne dépend pas de la naissance, de la mort, de la vieillesse, de la maladie, du plaisir et de la douleur,

Qui est éternel, inconditionné, un,

Qui manifeste ce qui existe et ce qui n'existe pas,

C'est moi.

Je ne peut commencer à exister, ni cesser d'exister.

Je ne suis pas quelque chose qu'il faille obtenir ou voir,

(Car) je suis toujours manifeste par nature. 384-385


Tout ce qui est délimité est sans réalité.

Tout sur qui apparaît sur le mode du "ceci" est vain.

Je n'apparaît jamais sur le mode du "ceci", moi qui suis

Eternel, Śiva, étoffe universelle, évident. 385bis


Je ne vois pas de temps, ni aucun lieu,

Ni en haut, ni en bas, ni derrière ni devant,

Ni partie, ni tout, ni Śiva ni Śakti,

Ni vide ni forme.

Spontanément, j'apparais. 386


Je ne convoite rien.

Je ne nais pas, ni ne meurt, ni ne vis.

Evident, au repos, permanent, vibrant, rayonnant,

Le mensonge de l'agitation est anéanti pour moi. 387


De même que je suis

Le grand Seigneur sans second qui imprègne tout,

De même il y a la grande Souveraine,

La Puissance qui manifeste (tout)

Et qui imprègne (tout). 388


Je suis celui qui est éternel et souverain,

Śiva illuminateur du vide, etc.

Ma déesse, déesse de (Śiva), illuminatrice, de même,

Est identique à moi. 389


J'imprègne tout, je suis le Seigneur suprême, sans second.

De même la Souveraine, ma Puissance, mère universelle imprègne tout. 390


Râmeshvar Jhâ, La Liberté de la conscience (Samvitsvâtantryam), Bénares 2003.

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