mercredi 15 mai 2024

Stage Les enseignements secrets des yoginîs à Bruxelles 8 9 septembre 2024

STAGE TANTRA
Avec David Dubois
"Le cercle des Sorcières, les instructions orales des
femmes éveillés"

STAGE du 8 au 9 septembre 2024 à Bruxelles |

Ce stage de Pratiques & d’Étude est l’occasion d’approfondir
et de découvrir les enseignements traditionnels du Tantra non-dualiste du Cachemire.
Dans la tradition du Tantra de Kâlî (kâlî-krama), les sorcières ou yoginîs personnifient les énergies du
corps et de l'esprit : quand elles sont pleinement connues, elles oeuvrent à la réalisation de l’Unité. Et
tant qu'elles ne sont pas honorées, elles sont source de calamités.
De même, en Occident, les sorcières fascinent autant qu’elles inquiètent. Des femmes (Libre-Esprit,
béguines) ont transmis des enseignements uniques et parmi les plus puissants. Ces enseignements sont
aussi précieux que rares.
Pendant ce stage, nous partagerons ces instructions d'éveil. Nous explorerons à la fois les transmissions
les plus profondes de l'Inde (tradition des yoginîs, de Kâlî) et de l'Occident (Libre-Esprit, béguines). Nous
nous baserons sur des textes Sacrés & Traditionnels inconnus en nos régions et qui n’ont jamais été
partagés. Ces textes sont issus de la tradition de Kâlî, la plus importante des traditions en termes de
puissance des enseignements à la base du Shivaïsme du Cachemire. La seule tradition qui soit
véritablement féminine dans le Tantra. Nous axerons la pratique aux 4 yogas - la Quintessence de tous les
Tantras : Espace, Connaissance, Coeur-Désir & Souffle.
Ce stage de Pratiques & d'Étude est ouvert à tous. Il ne nécessite pas de connaissances ni d'expériences
requises. Bienvenue !

Lieu : Espace les Beguinettes, rue des Beguinettes 26, Bruxelles 1170
Horaire : samedi 10h-17h, dimanche 9h-16h
Prix : 150€. A l’inscription 30€. 
Compte bancaire : BE 78 5230 4958 7586
Renseignements et inscriptions
Marie, mariecasier@hotmail.be
www.tantra-tsadde.com
GSM 0492086184

David Dubois est philosophe, professeur, écrivain et
traducteur du sanskrit. Il vécut en Inde où il fut initié
aux traditions Smârta, Vîrashaiva et Shrîvidyâ.
Aujourd’hui il partage sa passion pour le Tantra à
travers son blog, des livres et des stages de manière
éclairé, douce & simple.



 

samedi 4 mai 2024

Yoga de l'espace dans le Tarn ?


 Le yoga de l'espace, connu sous différents noms dans le Tantra, dans le bouddhisme et d'autres traditions, est le pilier de la vie intérieure. Je le partage dans la Formation Tantra, dans des livres (Les Quatre yogas, chez Almora) dans  des stages et sur ce blog.

En bref, cette pratique unit la présence de soi, le corps disons, à l'espace. On reste assis, debout ou allongé, les yeux ouverts, ni les lèvres et les dents ne se touchent, comme si l'on était une sphère de cristal. Peu à peu, le Moi se mêle à l'infini, dans un mouvement sans fin vers l'immensité.

Je suis convaincu que cette pratique a existé chez les peuples d'Asie, dont nos ancêtres indo-européens, bien que je n'en n'ai pas la preuve.

Cependant, il existe des témoignages d'expérience spontanées, hors tradition. Outre le cas de Jean Jaurès que j'avais évoqué dans ce blog, je pense au poète Maurice de Guérin qui vécu dans le Tarn au XIXème siècle. Dans ces poèmes, Le Centaure ou La Bacchante, et son Journal, il évoque son expérience du yoga de l'espace, bien qu'il ne le nomme pas ainsi.

Il reconnaît d'abord dans l'incarnation une sorte d'emprisonnement. Toutefois, cet enfermement ne tient pas au corps lui-même, mais plutôt à son immobilité. Dès que la chair s'anime, une liberté absolue se découvre dans le mouvement. 

Pour perpétuer cette expérience, le mouvement doit aller jusqu'à l'infini, ne jamais cesser. Le mouvement du corps semble limité. Mais le regard, lui, peut se lancer dans l'immensité sans être interrompu.

Mais l'horizon ? Le regard n'est-il pas stoppé par l'horizon ? Et l'espace ? L'espace, vide, n'est-il pas cette étendue inerte qui sépare les êtres et les choses ?

Eh bien non, car, en vertu du pouvoir du regard plongé dans le ciel, l'espace change de nature. Ou son ressenti change. Il n'est plus vide, mais plein, plein de la présence du corps qui s'infuse en lui.

Il y a ainsi un échange (yoga) entre le corps et l'espace par le moyen du regard. L'espace donne au corps son immensité, il lui donne de pouvoir continuer sans fin son livre mouvement. Et le corps donne à l'espace sa sensibilité, son dynamisme, de sorte que l'espace s'anime et devient comme un organe de perception, à l'instar de ce que Newton croyait à propose de l'espace comme organe de la perception divine. 

De cette union résulte un mouvement sans fin, une expansion, une ouverture de conscience. L'espace devient conscience, la conscience se spatialise. L'espace n'est plus à l'extérieur du corps, qui n'est plus à l'intérieur de l'espace. L'espace devient mon corps. C'est précisément le yoga de l'espace.

Maurice de Guérin invite donc à vivre dans des espace ouverts, où "l'œil règne et se contente au vaste sein de l'onde".

"Je voulu égaler mes regards à l'espace,

Et posséder sans borne, en égarant ma trace,

L'ouverture des champs avec celui des cieux."

mercredi 1 mai 2024

Le salut par les abymes ?

 


Dans le Dialogue du Sauveur, l'un des textes retrouvés en Egypte en 1945, nous pouvons lire cette parole attribuée à Jésus :

"Si quelqu'un ne demeure pas debout dans les ténèbres, il ne pourra voir la lumière".

Comme la plupart des paroles attribuées à Jésus, son sens n'est pas évident. Cependant, le contexte, qui est déjà une interprétation de ses paroles dont on ignore la source (orale ?), invite à comprendre que la connaissance libère. Je suis condamné à être victime de ce que j'ignore. La connaissance sauve. La gnose. Mot qui ne désigne rien d'autre que la connaissance, mais que l'on a ainsi masqué perce que l'on a voulu en faire une sorte de crime.

Ainsi, si je ne comprends pas mes ombres, je ne pourrai comprendre la lumière. Je ne pourrai être illuminé. Il ne s'agit pas de réconcilier l'ombre et la lumière, mais plutôt de comprendre l'ombre, de connaître ses causes afin de l'éradiquer. 

Ceci n'est pas sans poser problème, car la connaissance est une sorte de lumière. Or, en éclairant les ténèbres, les ténèbres disparaissent. La connaissance des ténèbres semble donc impossible. Ou bien, cette connaissance de l'obscurité est seulement une éradication de l'obscurité. 

Selon les Ancien, en effet, les ténèbres ne sont pas, puisqu'elles sont une absence de lumière. Le mal est un manque d'être, un défaut d'être, par exemple dans des yeux aveugles. On pourrait objecter que c'est bien la lumière qui fait de l'ombre, et qu'il faut que la lumière l'éradique. Quoi qu'il en soit, il n'y a pas de connaissance du non-être. Chercher à le connaître revient à réaliser qu'il n'est pas. Connaître ce qui n'existe pas, c'est s'en "libérer" en ce sens figuré. 

Telle fut aussi la doctrine de Shankara. Le monde est un non-être. Sa connaissance exacte est donc impossible. Certes, ce non-être apparaît. Mais il s'évanouit quand on cherche à le connaître. Soit une corde prise pour un serpent. Quel statut accorder à cette bête ? Car enfin, elle apparaît. Elle n'est donc pas pur néant. Cependant, dès que je m'en approche, elle disparaît. Elle n'est donc pas être. 

Et c'est ainsi que le désir de connaître détruit l'illusion du monde. D'abord il semble être, immuable comme une montagne de diamant. Puis il s'avère irréel, comme un fantôme ou comme un arc-en-ciel que l'on cherche à saisir. La lumière de la connaissance de l'être détruit le non-être. 

Ceci rejoint Platon, quand il persuade que la connaissance d'une illusion n'est qu'une illusion de connaissance. Or, il est impossible d'illuminer l'absence de lumière. Vouloir connaître ce qui est sans être véritable, c'est donc se priver d'avance de l'espoir de toute connaissance véritable. En un sens, le non-être est inconnaissable. Dès que la lumière de la connaissance le touche, il est. A strictement parler, il n'est plus non-être. Il est donc inconnaissable comme non-être. Parménide nous avait averti : "C'est une même chose que penser et être".

Le Tantra tire de ce phénomène une tout autre philosophie. Si la lumière ne peut éclairer que la lumière, alors tout est lumière. Mais il y a pourtant des ténèbres. D'où viennent-elles ? D'un pouvoir de l'être même. Car l'être n'est pas confiné à être. Il n'est pas prisonnier de soi comme le sont les choses inertes. Il est en effet doué du pouvoir de se penser. Ce qui ouvre la porte à l'oubli de soi, à la méconnaissance de soi. Sur fond de connaissance, certes. Cependant, la lumière fait de l'ombre. L'ombre est illuminée par la lumière. 

Ces ténèbres sont les différences, d'où suit le monde. La lumière brille comme ombre. Comme lumière oui, mais aussi comme ombre. C'est pourquoi Abhinava Gupta célèbre "la Lumière qui jamais ne se couche, ni dans les lumières, ni dans les ombres, en qui brillent les lumières et aussi les ombres". En réalité, c'est la lumière qui fulgure ainsi comme son contraire. Ce pouvoir est liberté, indépendance, souveraine pensée.

Ce point est le pilier central du vaste mandala des tantras. Tout est lumière. L'ombre aussi est lumière, car elle est éclairée, de cette lumière qui nous la fait percevoir, imaginer et concevoir : "ah, là je vois l'absence de lumière !" Ce "voir" est illumination - mais lumière douée donc du pouvoir de se manifester comme ombre. Tout tient dans ces deux aspects : 1 rien sans lumière ; 2 une lumière qui fait de l'ombre.

En un sens très second, la connaissance des ténèbres est nécessaire selon l'enseignement des yoginîs : pour bien entendre la non-dualité, je dois d'abord examiner la dualité. Afin de réaliser ce qui est plus que le corps et que toute chose, je dois d'abord réaliser le feu de conscience qui brûle en ce corps, tel un paradoxe lumineux.

De même, il est bon de s'aventurer dans les abymes une fois réalisée la lumière, afin d'éprouver notre réalisation. Car, au-delà de la connaissance, le grand point est la confiance. Se "tenir debout dans les ténèbres", au cœur de cette "vallée de larmes" me fait grandir dans l'assurance qu'un autre est présent, qui est plus moi que moi et qui est ma source et ma cause.   

Ainsi, cette parole de Jésus s'entend en plusieurs sens profonds. Il y en a sans doute bien d'autres.

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