vendredi 25 avril 2025

L'hymne d'Ananta Shakti


 

En 1964, l'Université de Trivandrum, dans le Sud de l'Inde, a publié un hymne dont l'auteur semble être un certain Ananta-shakti (lien vers cette publication).

Or, il existe une autre oeuvre attribuée à un Ananta-shakti-pâda : le commentaire aux Vâtûla-nâtha-sûtra, lequel est une autre version de la Tradition secrète des Yoginîs (Chummâ-sampradâya), dont la traduction va paraître en juin prochain aux éditions Almora.

Je me propose donc ici d'examiner cet hymne.

1) L'édition de Trivandrum est basée sur un seul manuscrit de la bibliothèque de l'Université (C.O. 1278) mais dont la provenance n'est pas précisée. Or, nous savons que le Sud de l'Inde, et le Kerala en particulier, ont abrité de nombreux manuscrits de la tradition Krama. Dans cette vidéo, le professeur Alexis Sanderson évoque le cas d'une collection qui aurait disparue en 1907 suite à une crue. Par ailleurs, nous savons aujourd'hui qu'un Cachemirien, dont on ignore le nom, mais doté du titre de "Monsieur" (bhatta) serait venu au Kerala au XV7me siècle et aurait fait construire treize temples incarnant les douze Kâlîs du Cycle de la Conscience (samvit-krama), l'enseignement secret au coeur du Krama.

2) L'auteur de l'hymne semble être Ananta-shakti : anantaśaktikṛc cedaṃ stotraṃ "cet hymne est l'oeuvre d'Ananta-shakti.

3) Il comporte 104 versets dans divers mètres.

4) Il s'adresse à la Déesse Tripurâ, tradition Kaula qui intègre le Krama, par exemple dans le Mantra-rashmi-mâlâ, de même, d'ailleurs, que le culte de la Déesse Parâ seule.

5) L'hymne lui-même comporte des expressions typiques du commentaire d'Ananta-shakti aux Vâtûla-nâtha-sûtras, et typiques aussi de la Tradition secrète des Yoginîs. La langue du Krama est très particulière, comme l'avait relevé Kshemarâja. Voici un relevé de quelques unes de ces expressions :

Verset 1 : niruttara-camatkṛti-prasara-sāra-sambodhikā jayaty agama-jā : "Suprême est (cette Déesse) née de la Révélation, qui éveille l'essence qui flue d'un émerveillement absolu !"

Verset 4 : niruttara-icchobhaya-sāmarasyādyā mūrtir ādyā pravibhāti dīptā "Elle est la Lampe allumée depuis toujours, incarnation primordiale de la fusion du couple de l'Absolu et du Désir".

Verset 5 : sphurati niravakāśā śambhuśaktiḥ svatantrā "Libre, elle fulgure l'énergie de Shiva, sans interruption !"

Verset 41 : oḍḍiyāṇa-para-pīṭha-saṃśrayaṃ saṃśritā niravakāśa-dharmiṇī nirvikalpa-para-dhāma-cāriṇī yā kalā-mayām ahaṃ nato'smi tām "Je salue celle qui s'incarne dans le suprême sanctuaire d'Oddiyâna, (transmission) que rien n'interrompt, qui s'ébat dans le domaine transcendant de l'absence de pensées, qui (pourtant) déborde des énergies (de la pensée et des autres sens)."

Verset 53 : nirdhāma-dhāma-vibhatrā parameśa-dhāmni "Dans le domaine du Seigneur suprême, elle manifeste le domaine sans domaine (fixe)".

Verset 72 : prakāśatāṃ yāti nirākhya-rūpā yeyaṃ parā śaktir iha stumas tām "Nous saluons ici et maintenant cette suprême (Déesse) qui se manifeste comme Indicible".

Verste 76 : kāpy amitātra pūjā "L'adoration extraordinaire est ici sans limites."

Verset 86 : sadā bhakṣayan niravadhi-kramākramaiḥ "(Ce soleil de la Déesse) engloutit perpétuellement (par des illuminations) graduelles et soudaines, sans limites."

Verset 101 : vibhāti tāṃ naumi bhavābdhi-madhye pronmagna-jantūddharaṇaika-dīkṣām nirdhāma-dhāma-krama-viṣphuliṅga-prapūritāśeṣa-dig-antarālām "Je salue cette (Déesse) qui se manifeste au centre de l'océan de l'existence : elle est la seule initiation qui extrait les créature immergées (dans cet océan) ! Elle est présente dans l'espace remplit des étincelles de l'évolution du domaine sans domaine."

Verset 102 : kṛtam idam aniketa-dhyāna-sādhyaika-mūrter nirupama-nija-saṃvid-devatām āyayoccaiḥ "Cette (adoration) de l'Incarnation unique se réalise par une méditation sans demeure (fixe), adoration réalisée par les êtres excellents, adoration de la divinité qu'est notre conscience sans pareil !"

6) De plus, cet hymne est plein de détails de langage qui se retrouvent dans le commentaire aux Vâtûla-nâtha-sûtra et dans l'Elucidation de la tradition secrète des Yoginîs, attribué à Nishkriya-ânanda-nâtha (personnage qu'Ananta-shakti connaît). Du reste, le compilateur de cette Elucidation se qualifie d'ananta-shakti, "doué d'énergie infinies".

7) Néanmoins, cet hymne célèbre la Déesse Tripurâ, dont les savants s'accordent à dire qu'elle vient après, historiquement, la tradition du Krama.

8) Enfin, cet hymne est rempli d'expressions du "shivaïsme du Cachemire", comme par exemple svatantra, spanda, etc.

Mon hypothèse : rien de ferme, mais tous ces éléments sont troublants. Une possibilité : Ananta-shakti, auteur de cet hymne, pourrait aussi être l'auteur du commentaire aux Vâtûla-nâtha-sûtra. Dans ce cas, il serait sans doute du Sud de l'Inde et serait postérieur à la révélation de la tradition de Tripurâ, c'est-à-dire postérieur au XIèeme siècle. Il serait alors le compilateur de l'Elucidation de la tradition secrète des Yoginîs (Chummâ-saketa-prakâsha).

Quoi qu'il en soit, cet hymne est magnifique.

mardi 22 avril 2025

La Shakti qui fulgure dans le Coeur



 « Cette Splendeur primordiale (prabhā),

Tranquille par essence,

Se manifeste spontanément (svataḥ sphurati) [dans le Cœur],
[Elle qui est] mère des multiples lettres et mantras (vividha-mantra-varṇa-ambikā),
Porteuse en son sein des qualités d’équanimité (samata-guṇa-garbhiṇī).
Elle qui éveille la conscience suprême
Grâce à l’essence du déploiement de la merveille incomparable (niruttara-camatkṛti-prasara-sāra-sambodhikā),
Qu'elle triomphe, cette impérissable (avyayā),
Source de l'Enseignement (agama-jā),
La Triple Beauté manifestée sous trois formes (tridhā) ! »

Hymne d'Ananta-shakti, verset 1

Le 12 juin prochain devrait paraître Le Yoga de la Déesse, les enseignements de la Yoginî traduits pour la première fois.

Or, l'un des yogis de cette lignée est Ananta-shakati.

Les "trois formes" sont 1) la perception 2) l'imagination 3) l'oubli.

J'ai découvert l'hymne dont le premier verset est traduit ci-dessus, apparemment attribué à un certain Anata-shakti. J'ai bien conscience qu'il s'adresse à la Déesse Tripurâ.

Cependant 1) Il emploie des expressions propres à la tradition des Yoginîs (qui porte bien des noms : la tradition secrète, l'enseignement de la Déesse, la lignée de Kâlî, etc.) et 2) Pourquoi cet Ananta-shakti ne serait-il pas l'auteur du Commentaire aux Vâtûlanâtha-sûtras, inclus dans notre livre ?

Voici donc une nouvelle découverte extraordinaire qui, à tout le moins, m'illumine et que je voulais partager avec vous. Le chemin de la Yoginî est rempli de trésors sans prix, sans équivalents ailleurs. J'ai aussi besoin de vous pour transmettre et diffuser cette ancienne sagesse de la Yoginî.



jeudi 17 avril 2025

Weekend initiation au Yoga de la Déesse

 ✨ Week-end d’Initiation au Yoga de la Déesse Parā ✨


La Déesse Parâ

10 & 11 mai 2025 – Région parisienne

Plongez au cœur du panthéon féminin du Trika, la tradition non-duelle des Yoginīs.
Un week-end immersif guidé par David Dubois, spécialiste du Tantra du Cachemire, pour découvrir le Yoga de la Déesse Parā – une voie d’éveil qui unifie corps, souffle et conscience.

📍 Lieu : Nogent-sur-Marne (RER A – 94)
🗓️ Dates : Samedi 10 et dimanche 11 mai 2025
💶 Participation : 70 € (à régler sur place)
📩 Inscriptions & infos : deven_fr@yahoo.fr
🌐 Site web : www.david-dubois.com


🕉️ Le Yoga de la Déesse

Dans la tradition tantrique du Trika, la Déesse est la Source vivante de tout. Ce week-end vous propose un voyage intérieur au sein de cette sagesse ancestrale, à travers rituels, méditations et pratiques incarnées.

Revenir à soi, pour se rencontrer autrement.


✨ Programme détaillé

Samedi | 14h – 20h

  • Rituel tantrique avec mantra, mudrā et maṇḍala
    ➡️ Merci d’apporter : poudres colorées, épices, pétales de fleurs et bougies

  • Méditations guidées : assises et en mouvement

  • Exploration des énergies bienfaisantes de Śiva et Śakti à travers :
    Le yoga de l’élan – mantra, vibration et souffle
    Le yoga de la connaissance – jñāna : re-connaissance de soi
    Le yoga de l’action – kriyā : gestes rituels et offrande

  • Intégration de l’éveil dans la vie quotidienne

  • Repas partagé : chacun apporte de quoi nourrir le corps et le cœur

Dimanche | 10h – 13h

  • Chant du mantra du Soi : éveil du soleil intérieur, dans le centre du Cœur

  • Transmission directe de pratiques tantriques issues de la tradition du Tantrāloka, selon les enseignements de Śambhu Nātha, maître d’Abhinavagupta

  • Éveil de la conscience à travers et au-delà du corps

  • Pratique du Trident de la Śakti, méditation sur les trois forces

  • Célébration du Mantra de la Vie, accessible à tous

  • Introduction au Rāja-yoga, préparé par le Haṃsa-yoga, le yoga de l’âme


✨ Un week-end d’exploration spirituelle vivant et profond ✨
Ouvert à toutes et à tous, débutants ou pratiquants avancés.

Rejoignez-nous pour un voyage rare au cœur d’une tradition vivante, puissante et joyeuse : celle de la Déesse du Nectar.

jeudi 27 mars 2025

Le Yoga de la Vitalité du Mantra selon le Tantra


D’où les mantras tirent-ils leur efficacité et, au fond, à quoi servent-ils ?

Selon l’enseignement du Spanda, la vibration, les mantras peuvent prendre plusieurs formes : une seule syllabe, plusieurs syllabes, ou bien même des mots. La syllabe unique la plus connue est "Om". Les mantras constitués de plusieurs syllabes ou de mots, comme Om Namah Shivaya, sont également courants.

Dans la tradition tantrique, le mantra se définit par manana et trāṇa, c’est-à-dire "réflexion, pensée" et "transcendance, protection". Un mantra est donc une pensée qui transcende. Pourquoi transcende-t-il ? Parce qu’il est rendu puissant par la résonance naturelle qu’est la conscience elle-même. Cette résonance est aham—"Je", ou plus exactement "Je suis"—, une pulsation cardiaque subtile qui constitue l’âme de toutes nos pensées, de tous nos mouvements, de toutes les vibrations, ondulations et palpitations qui font notre vie.

C’est parce qu’ils sont animés par cette énergie fondamentale, par l’âme de notre âme, que les mantras sont puissants. Lorsque l’on récite un mantra avec ardeur, attention et révérence, comme l’enseigne le Tantra, alors il devient efficace. Il accomplit sa fonction, à l’image des organes des êtres vivants. Le secret des mantras réside dans cette dynamique naturelle : un mantra peut permettre de guérir ou d’apaiser un mal, tout comme l’œil permet de voir ou l’oreille d’entendre.

L’œil voit parce qu’au moment où je désire voir quelque chose—par exemple, une personne qui s’approche mais que je ne perçois pas encore—il y a une plongée spontanée de mon attention dans sa source : la conscience universelle. Cette source, pleine de puissance et d’énergie, est l’origine de toute chose. C’est de là que je puise l’énergie qui me permet de voir. De la même manière, un mantra tire son efficacité du fait que, lorsqu’on le récite, on s’immerge dans cette source toute-puissante, dans la vibration naturelle de la conscience.

La tradition parle de sahajā-nāda, la résonance innée, qui est la conscience véritable, le mantra fondamental dont tous les autres découlent. C’est pourquoi un mantra est une pensée, mais pas une pensée ordinaire tournée vers l’extérieur. Il s’agit d’une pensée qui se retourne vers sa propre source, à l’écoute de cette vibration toujours présente.

Ainsi, l’efficacité d’un mantra repose sur le même principe que l’efficacité de la vie elle-même. Voir, entendre, parler, marcher, bouger—toutes ces actions impliquent une plongée spontanée vers la source de l’énergie vitale. De même, un mantra est efficace parce qu’il existe un mantra naturel, un mantra inné, qui n’est autre que la vibration de la conscience.

Comme le dit un Tantra :

"Lorsqu’un yogi réalise la Réalité suprême, sans forme, qui transcende les sons, alors tous les mantras deviennent efficaces. Autrement, même avec des efforts, s’il ne touche pas cet arrière-plan vibrant, alors les mantras ne sont que des sons, de simples vibrations physiques, sans efficacité réelle."

Un mantra récité sans connexion à cette source est comme une marionnette inerte, un simple assemblage de sons sans pouvoir. Un texte ancien aujourd’hui perdu disait :

"Les mantras récités dans l’état ordinaire, dans la contraction de l’identification au corps, ne sont que des sons articulés comme n’importe quelle parole. Mais ceux qui sont récités dans le canal central deviennent tout-puissants et confèrent la maîtrise, c’est-à-dire la liberté."

Le "canal central" (madhyanāḍī) symbolise ici la conscience de cette réalité sous-jacente, l’arrière-plan infini de la conscience. C’est cette connexion qui rend les mantras efficaces.

Ainsi, il n’est pas nécessaire de se demander quel mantra est efficace pour quel objectif précis. En réalité, tout mantra devient efficace pour atteindre n’importe quel but, car la source dont il provient est toute-puissante. Cette source est l’origine de tous les mouvements, pensées et émotions. Lorsqu’on prononce un mantra avec une intention précise tout en s’immergeant dans cette source infinie, on obtient le résultat escompté.

En somme, un mantra n’est efficace que s’il est un acte d’éveil. Sinon, il n’est qu’une pensée ordinaire parmi d’autres.

C’est là le principe fondamental de l’efficacité des mantras, selon la tradition. Leur but ultime n’est pas seulement d’atteindre tel ou tel objectif matériel, mais de rendre hommage à la source créatrice de toute chose, en nous y reconnectant profondément.

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mardi 25 mars 2025

Le Yoga du Troisième Oeil


 Il existe différentes sortes de yoga. L’une d’elles est enseignée dans le Netra Tantra, le Tantra du Troisième Œil :

"Maintenant, je vais révéler l’éternelle et suprême victoire sur la mort, la Munjaya."

Vous savez, Mrityunjaya est aussi le nom du célèbre verset que l’on récite : Tryambakam yajamahe... Celui qui atteint cet état ne revient plus dans le samsara, le cycle des réincarnations. Il s’éveille et se délivre définitivement. Le yogi devient omniprésent : il voit tout, il fait tout, il est Shiva.

Cela ne signifie pas qu’il connaît tous les détails et les numéros du prochain loto ! Cela signifie qu’il réalise qu’il est cela qui voit en chaque être. Il réalise qu’il est la conscience (sākṣī-caitanya), la conscience témoin de tout. Il est ce qui agit en chaque être.

Et Shiva poursuit :


"Je vais maintenant t’enseigner cela, car il n’existe rien d’autre."


Celui qui atteint cette réalisation devient immortel, éternel. Il ne peut être exprimé par la parole, ni perçu par l’œil, ni entendu par l’oreille, ni senti par le nez, ni goûté par la langue, ni touché par la peau, ni vu par l’esprit. Dépourvu de toute forme et de toute saveur… et pourtant, ajoute-t-il, empli de toutes les formes et de toutes les saveurs. Il ne peut être mesuré. Il est au-delà des facultés physiques et mentales.


Comment l’atteindre ?


Par une grande pratique constante, par une pratique totale, immense. Par un renoncement absolu, un dépassement des attachements et des aversions. Par la destruction de la cupidité et de l’illusion. Par le renoncement à l’orgueil et à l’arrogance. Alors, on devient Shiva, éternel et immuable.


Il peut être réalisé en un seul instant si on le perçoit véritablement : nimīlanena – en une simple fermeture et ouverture des yeux, en un clin d'œil.


C’est intéressant, car le mot unmīlana signifie à la fois "ouvrir les yeux", "éclore" et "s’éveiller", "entrer en expansion". Celui qui atteint cet état est libéré à jamais.


Ici, il ne s’agit pas du célèbre Aṣṭāṅga Yoga codifié par Patañjali, mais d’un autre yoga. L’arrêt du cycle des réincarnations est le yama suprême, la règle éthique ultime. Et la contemplation du principe ultime est la discipline éternelle, le véritable niyama.


Dans le yoga, il y a des règles, des prescriptions et des interdictions – comme manger végétarien et ne pas voler. Mais ici, la prescription est bien plus radicale : il s’agit tout simplement de l’arrêt du cycle des réincarnations, c’est-à-dire de l’arrêt de cette souffrance existentielle. La contemplation de l’Être, la réalisation de l’Être, est la véritable règle, le véritable niyama.


De même, on parle du prāṇāyāma, la discipline du souffle. Mais ici, Shiva enseigne :


"Celui qui s’établit dans le souffle médian, dans l’espace entre prāṇa et apāna, dans l’intervalle entre l’expire et l’inspire, s’appuyant sur la puissance de la connaissance, obtient alors la posture parfaite."

Ayant abandonné l’état grossier du souffle, il perçoit l’état subtil et intérieur. Puis, transcendant même cette subtilité, il atteint la vibration suprême. Voilà la véritable discipline du souffle, la véritable posture.


Ici, la posture (āsana) signifie s’installer dans l’intervalle entre l’expire et l’inspire, là où se déploie la vibration suprême, la vibration de la vie pure, la source de toute vie.


De même, l’activité des sens orientée vers les sons et autres objets est expérimentée intérieurement par le mental. Mais si l’on lâche prise, si l’on abandonne ces perceptions, alors on pénètre dans la splendeur suprême, dans notre propre conscience. Voilà ce qu’on appelle pratyāhāra, le retour vers soi, celui qui tranche les liens du monde.


Puis, dépassant les qualités de l’intellect, nous méditons sur l’indicible, l’indestructible, l’omniprésent, notre propre conscience. Voilà ce qui est appelé dhyāna, la méditation.


Ensuite, celui qui soutient en lui-même son attention sur l’Absolu, constamment, à chaque instant, atteint dhāraṇā, la concentration qui détruit les liens du devenir.


Et enfin, l’état d’égalité envers tous les êtres, l’assise dans le contrôle du mental, est le véritable samādhi.


Être égal envers tous les êtres, voilà le véritable contrôle du mental, du citta, de l’âme, du psychisme. Voilà ce qu’on appelle véritablement "se poser dans l’Être". Tout autre état n’est que prétention mondaine.


Celui qui voit tous les êtres en soi et soi en tous, dans une vision d’unité, celui-là est Shiva, l’Unique sans second.


"Śivoham advayam" – "Je suis Shiva, sans second."


Tel est le samādhi suprême, transcendant. Voilà l’expérience parfaite de notre essence, l’essence même de la conscience, notre propre conscience. Voilà le samādhi suprême.


Et ainsi donc, par l’aṣṭāṅga yoga, ce yoga en huit parties, on perçoit l’état suprême immuable, en sa propre nature. Celui qui le réalise, qui le voit directement, transcende le temps, dépasse la mort et devient le maître de l’immortalité.


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