mardi 23 avril 2013

Annulation de la conférence du jeudi 25 avril 2013



Je viens d'apprendre que la dernière conférence du CIPh devait bien avoir lieu le lundi 15 avril et non, comme je le croyais, le jeudi 25 avril. Je prie mes auditeurs de bien vouloir m'excuser. Mais je vais bientôt mettre en ligne les textes et les enregistrements des conférences de février 2013.


lundi 8 avril 2013

Vacances

Dakshinâmûrti Shiva


J'ai plusieurs ouvrages qui m'attendent patiemment depuis des mois. Je dois les achever. Il y en a au moins trois : une introduction à l'enseignement pratique du shivaïsme tantrique ; une anthologie des maîtres du XXe siècle ; et plusieurs commentaires sanskrits au Vijnâna Bhairava Tantra.

Ce blogue va donc reposer en la conscience - tel un flocon dans l'océan dissous - jusque vers la fin avril. 
Je me permets de vous rappeler que je donnerais une conférence le lundi 25 avril 2013 à Paris (voir colonne de droite, en haut), sur la question suivante : "La perception ne prouve-telle pas qu'il existe un monde indépendant de la conscience ?".
D'ici là, vous pourrez, cher lectrices, chers lecteurs, explorer les pages de ce blogue, et notamment ses traductions inédites de textes sanskrits (voir colonne de droite, plus bas) - poèmes mystiques, instructions yogiques, aphorismes cataphatiques et autres syllabes échappées de la bouche des yoginîs.

samedi 6 avril 2013

Quand connaître une chose, c'est les connaître toutes

D'ordinaire, connaître une chose, ce n'est pas les connaître toutes. Dire que la cuisine japonaise est mauvaise alors que je n'en ai goûté qu'un seul plat est une généralisation abusive. Plus profondément, induire, c'est-à-dire généraliser à partir d'expériences qui sont nécessairement particulières, pose toujours un problème. Car les conclusions de l'induction ne sont jamais de l'ordre de la certitude absolue, mais toujours seulement de l'ordre de la probabilité. Aussi distingue-t-on, dans la philosophie occidentale moderne, les vérités de fait ("le soleil brille") des vérités de raison ("deux et deux font quatre"). Alors que ces dernières sont de l'ordre du nécessaire puisque leur contraire est impossible, les premières sont contingentes, car leur contraire n'implique pas contradiction. Comme disait l’Écossais Hume, il est possible que le soleil ne se lève pas demain. Même si c'est peu probable. Donc la connaissance dérivée de l'expérience est toujours limitée et relative, jamais exhaustive et définitive. Voilà pourquoi des gens comme Pythagore ou Platon pensaient que la connaissance empirique - dérivée de l'expérience - était vaine comparée à celle dérivée de la raison pure, celle des mathématiques, par exemple. Et c'est ainsi que les mathématiques ont servi de modèle à la connaissance et que l'intellect a été placé au-dessus des autres facultés, "image de Dieu en l'homme", Dieu étant conçu comme un pur intellect, sans rien d'extérieur à lui.



Tout cela est sans doute juste, dans une certaine mesure. Il n'est pas possible de tout connaître, ni de connaître les choses avec certitude. Seules les choses qui n'existent pas - les triangles, les droites, les nombres, Dieu... - donnent paradoxalement lieu à des connaissances certaines.

Mais il y a une exception : l'expérience elle-même. L'expérience, et non pas le contenu de l'expérience. Le clavier sur lequel j'écris, l'image de ce clavier, son souvenir, son concept, son absence même, sont des contenus de l'expérience que je puis pointer du doigt de l'attention. Ils vont et viennent. Ils varient. Leur connaissance est donc par nature limitée et changeante. La connaissance de cette illusion est une illusion de connaissance, comme dit Platon dans le Cratyle. Mais la connaissance elle-même, l'expérience elle-même, ne change pas. Si elle changeait, alors nous ne pourrions avoir conscience du changement du contenu de la connaissance.

Or cette expérience, cette connaissance, cette conscience, est comme la lumière par laquelle toute chose vient à être connue, expérimentée. Elle ne peut être connue comme l'une de ces choses - sans quoi elle cesserait d'être ce qu'elle est : lumière consciente. Mais elle se connait elle-même par elle-même, sans dépendre pour cela d'aucune chose, tout comme une lampe s'éclaire elle-même, sans dépendre de la lumière d'une autre lampe.

Si donc je fais ainsi l'expérience intime de l'expérience, si je connais la connaissance, alors en un sens je connais tout ce qu'il y a à connaître. L'expérience est la nature de tout ce dont on peut faire l'expérience. Or l'expérience est ma nature. Je suis donc la nature et le fond de tout ce qu'il est possible de connaître, d'expérimenter. Ainsi l'expérience pure, indépendante de tout contenu, est-elle sans limite, absolue. Si je reconnais cela, cette expérience unique est l'expérience de tout. La connaissance de la connaissance - pure et indépendante de tout contenu - est la connaissance de tous les contenus possibles. Cette connaissance pure est donc la connaissance absolue.

Le fond de conscience que je suis, naturellement, est expérience sans bornes, sans mesure. La reconnaître directement est "la connaissance d'une seule chose qui est la connaissance de toutes choses".

Shambhounâtha, le maître d'Abhinavagupta, l'enseignait ainsi :

eko bhāvaḥ sarvasvabhāvaḥ sarve bhāvā ekabhāvasvabhāvāḥ /
eko bhāvastattvato yena dṛṣṭaḥ sarve bhāvāstattvatastena dṛṣṭāḥ //
 
"Une chose a la nature de toutes choses.
Toutes choses ont la nature d'une seule.
Voir réellement une chose,
C'est voir réellement toutes choses".

Ailleurs, on entend de même :

"Même une partie de l'Immense (enveloppe) toutes les formes.
On ne peut le dépasser ni le scinder."

"En une seule catégorie (du réel), il y a les trente-six (autres)".

"Tout est en tout".

"Tout est fait de tout".

"Chaque chose est faite de toutes les choses".

"Ce qui est en une chose est partout. Ce qui n'est pas en une chose n'est nulle part".

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