lundi 27 mars 2023

La Non-voie au Grand Siècle ?

 La France a aujourd'hui la réputation d'être un "désert spirituel". Le christianisme catholique est considéré comme étant vide, sans intérêt et "toxique". Seul le christianisme "orthodoxe" conserve quelque grâce au yeux de nos contemporains obsédés d'exotisme jusqu'au morbide. Ce préjugé participe de la haine de soi, de la haine de l'Occident, phénomène majeure de notre époque.

En réalité, il y a une tradition spirituelle occidentale des plus riches : le platonisme, au sens le plus large.


Et cette tradition a survécu aux persécutions abrahamiques. En témoigne ce passage de Fénelon, un parmi mille autres, qui enseigne que le seul moyen d'atteindre Dieu, c'est Dieu :

'Si quelqu'un demande comment est-ce que Dieu se rend présent à l'âme, quelle espèce [=concept], quelle image, quelle lumière nous le découvrent, je réponds qu'il n'a besoin ni d'espèce, ni d'image, ni de lumière.

La souveraine vérité est souverainement intelligible [=peut être connue], l'être par lui-même est par lui-même intelligible. L'être infini est présent à tout. Le moyen par lequel on présupposerait que Dieu se rendrait présent à mon esprit, ne serait point un être par lui-même [car Dieu seul existe par lui-même ; tout le reste existe par lui]. Il [=ce moyen] ne pourrait exister que par création ; n'étant point par lui-même, il ne serait point intelligible par lui-même, et ne le serait que par son créateur.

Ainsi, bien loin qu'il put servir à Dieu de milieu, d'image, d'espèce ou de lumière, tout au contraire il faudrait que Dieu lui en servit. 

Ainsi je ne puis concevoir que Dieu seul intimement présent par son infinie vérité, et souverainement intelligible par lui-même, qui se montre immédiatement à moi.'

(Fénelon, Démonstration de l'existence de Dieu, II, IV, 57)

Autrement dit, c'est par Dieu que l'on peut connaître Dieu, ce qui revient à suggérer que quand je connais Dieu, c'est Dieu "plus moi que moi" qui se connaît en moi, ou moi qui me connait en lui. Rien d'autre ne peut servir de moyen. La lumière ici est la métaphore-clé.

Abhinava Gupta (le "shivaïsme du Cachemire") enseigne la même vérité vitale, par exemple dans le second chapitre de son Tantrâloka, sur la "non-moyen" (anupâya), la "moyen minimal" (alpopâya), aussi appelée "le Soi comme moyen" (âtmopâya) et "le plaisir comme moyen" (ânandopâya). Ce moyen est le but. En effet, je suis conscience. La conscience se manifeste en manifestant tout ce qui est censé la cacher. A quoi bon un moyen pour révéler cette lumière, alors que rien ne peut la cacher ? A quoi bon une lampe pour éclairer le soleil ?

Par conséquent, même l'essence de l'enseignement spirituel le plus pur, le plus direct, le plus puissant, était transmis à Paris et en France il y a quelques siècles.

Madame Guyon fut la directrice (discrète) de Fénelon. Elle a écrit plus de quarante volumes de ce même enseignement, non-voie et voie du désir (icchopâya). Que le préjugé anti occidental est ridicule et faux ! Il appartient aux êtres épris de liberté et de vérité de s'en affranchir. 

jeudi 23 mars 2023

Toucher à l'infini ?

 "Je veux toucher... je veux ressentir..."

Les enseignements traditionnels mettent en gardent : 

les visions et autres révélations dont on peut faire l'expérience lors de la méditation ou au moment d'un éveil de conscience, peuvent être des pièges. 

Si l'on s'y attache, ils deviennent des impasses, car la fascination à leur égard détourne l'attention du but véritable qui est au-delà de ces expériences extraordinaires. 

Dans les milieux spirituels, on parle souvent des visions que l'on a, des rêves, des "flashs", des coïncidences, des parfums, des voix que l'on entend. 


D'autres fois, on devient comme obsédés par des sensations hors du commun, agréables, flatteuses, ou par le "ressenti",  avec ses sœurs "énergie" et "vibration". 

Autant d'obstacles si l'on s'y attache.

Mais dans la tradition du Cachemire, il y a une exception : 

le toucher, 

les sensations tactiles. 

Là, on peut s'attacher sans peur ! 

Là est le ressenti, l'énergie, la vibration, le frémissement.

Dans sa Lumière des tantras (Tantrâloka XI, 29-31) Abhinava Goupta explique les niveaux de conscience, avec les niveaux de réalité correspondant, pour nous amener à reconnaître que tout est manifestation de la conscience, dans la conscience.

Il signale alors, comme en passant, que le toucher n'est pas un obstacle spirituel, contrairement aux autres sensations :

"Parfum, saveur, forme

sont les qualités de plus en plus subtiles

enracinées au sommet des qualités

et à la cime de l'illusion de la séparation (mâyâ).

Mais le toucher,

est ineffable, subtil...

Il existe, quant à lui,

au sommet du plan de la Shakti

(et donc au-delà de la dualité,

de l'illusion).

Voilà pourquoi les yogis

aspirent sans cesse

à ce toucher ineffable."

Cependant, ce toucher subtil conduit à l'espace de la conscience universel, il est une porte, car Shakti est toujours une porte vers Shiva :

"Mais à la fin de ce toucher, 

de cette sensation,

il y a la conscience,

l'espace limpide de la Présence.

Quand on s'élève jusqu'à lui,

on atteint la (Shakti) suprême,

autolumineuse,

(identique à Shiva)."

Le toucher éclot comme une fleur, embrasse l'espace lumineux.

Si je suis une sensation tactile, un mouvement de ma peau, n'importe lequel,

je suis conduit au-delà de toute séparation,

dans l'espace vivant que je suis et qui est tout.

Stage Voie du Tantra de la Reconnaissance :

https://www.zerogravity.com/.../formation-tantra-la-voie...

lundi 6 mars 2023

Zoom Eveil et Désir


Zoom gratuit le 15 Mars 2023 

19h30-21h : 

Comment pratiquer avec le désir pour s'en libérer sans y renoncer ?

Le désir est souvent présenté comme l'ennemi d'un éveil stable. 
Et il est vrai que le désir crée de la séparation en moi et ce que je désire. 
Du coup, on préconise le détachement, le renoncement ou la sublimation. 
Mais la tradition du Tantra, méconnue, propose une troisième voie, 
ni attachement ni détachement, une voie du désir non-duel, où je découvre la plénitude directement en moi. 
Durant cette rencontre, nous découvrirons les instructions traditionnelles pour redécouvrir cette intime plénitude.

Cliquer sur ce lien

https://zerogravity.com/fr/event/2023-03-15/masterclass-avec-david-dubois-la-voie-du-desir-voie-du-tantra

Zoom Tantra et Quantique

Zoom gratuit sur Tantra et Quantique

Mercredi 8 Mars 2023

19h30 - 21h :

Comment revenir à l'état de superposition, l'état où tout est possible ?

Le monde de l'infiniment petit est étonnant : 
À son échelle les lois de la matière semblent se transformer en liberté. 
Ce monde ressemble à celui de l'expérience éveillée. 
Les lois implacables du corps et du mental changent alors de visage et deviennent liberté. 
Mais comment ? 
En nous inspirant de la science quantique et de la tradition du Tantra, nous pointerons directement la présence au-delà de tout et la manière d'y intégrer les mouvements de la vie.

Cliquer sur ce lien

 https://zerogravity.com/fr/event/2023-03-08/masterclass-avec-david-dubois-le-tantra-comme-voie-quantique

vendredi 3 mars 2023

La différence entre l'éveil et l'inconscience ?



 Si l'éveil est l'éveil à la conscience pure, dépourvue de toute différence, alors quelle est la différence entre l'état d'éveil et un état d'inconscience, de coma, d'évanouissement ou de méditation sans pensée ? Et comme le demande Râma au sage Vasishta, dans ce cas, tous les cailloux, les pierres et les grains de sable de l'univers sont éveillés, car eux aussi sont privés de conscience !

Et de fait, certain enseignements semblent décrire l'état d'éveil comme un état d'inconscience. Selon certain, cet état présente l'avantage d'être privé de conscience et donc de toute souffrance. Mais quand je dors, suis-je éveillé ? Je veux dire, il n'y a aucune conscience de différences quand je dors. Et pourtant, je me réveille (!) de ce sommeil sans être éveillé. Je me sens bien, reposé, mais je ne sens ni ne perçoit ni ne comprends rien d'autre.

Vasishta répond au prince Râma que l'éveil n'est pas un état d'inconscience. Certes, l'éveil est un état au-delà des couples de contraires. En ce sens, l'éveil est au-delà de la conscience comme de l'inconscience. Mais il est vrai aussi bien que tout est "au-delà" des mots, pour autant que le but même des mots n'est pas vraiment de décrire ni de faire connaître une chose, mais d'inciter à l'action ou de guider l'attention. Je veux dire, les mots ne peuvent certes pas directement faire connaître le goût du miel, mais là n'est pas leur propos.

Les traditions issues du Tantra invitent donc à clairement distinguer entre les expériences sans pensées, et l'état d'éveil. Par exemple, le Cantique du Frémissement (Spanda-kârikâ) déconseille de méditer sur le "non-être", car cet état de soi-disant inconscience n'est qu'une construction produite par abstraction des objets familiers. Cet absence d'objets est encore un objet. Cette simple absence de concepts est encore un concept, une construction. C'est quelque chose d'artificiel, un état factice avec un début et une fin, dont on peut d'ailleurs se souvenir, alors que l'état d'éveil, naturel, est soi-même, toujours présent et qu'il est donc impossible de prendre pour objet de la mémoire.

De même, la tradition du dzogchen, elle aussi issue du Tantra, mais en contexte bouddhiste, insiste sur la distinction nécessaire entre un état sans pensées et l'état d'éveil. 

Ces deux états ont quelque chose de commun : une certaine paix et une absence de séparation. Mais la cause de ce ressenti est différent. Dans l'état sans pensées, il n'y a pas de différences simplement parce que la conscience est comme assoupie ; je n'y vois pas de séparation, de dualité, parce que je n'y vois rien. C'est comme une chambre obscure. Je n'y vois rien car la lumière fait défaut et les ténèbres recouvrent les différents objets dans la pièces. Alors que dans l'état d'éveil, la paix est due à la connaissance. Dans cet état je connais, certes, sans avoir à le penser discursivement, avec des mots, qu'il n'y a pas de dualité, pas de différences. C'est comme un ciel immaculé. Donc ces deux états se ressemblent, mais la différence entre eux est infinie.

Et cette différence se manifeste quand les pensées réapparaissent. Si je suis dans l'état sans pensées au sens ordinaire, alors je ressens les pensées comme des intruses qui interrompent ma paix et me font perdre mon "éveil".

Si je suis dans l'état d'éveil, les pensées sont reconnues et ressenties comme des vagues dans l'océan de présence que je suis. Les pensées ne sont pas étrangères. Elles ne sont pas perturbatrices. Elles sont même des alliées, en ce sens qu'elles ornent l'immensité intérieure, comme des ronds dans l'eau. 

Dans l'état sans pensée, il n'y a pas de concepts, mais il n'y a pas d'éveil non plus. Du reste, comme le rappel le Secret de la déesse Tripurâ (Tripurâ-rahasya), il ne peut y avoir d'éveil sans pensée, même si l'éveil va finalement au-delà des mots.

La différence entre l'éveil et l'inconscience, c'est l'éveil. Dans l'état d'inconscience, la conscience s'identifie à un concept abstrait de vide. Dans l'état d'éveil, la conscience s'éveille. L'état sans pensée, ou inconscient, dépend des pensées car il n'a pas reconnu la véritable nature des pensées. L'état d'éveil est libre des pensées, car il a reconnu leur nature.

L'éveil n'est donc pas un état d'inconscience.

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