jeudi 11 décembre 2008

Vajra ça t'va ?



Une des nombreuses versions du mantra de Vajrasattva que l'on peut entendre sur le Net. Un vrai plaisir. Comme quoi, la prononciation et les subtilités du son n'ont aucune importance. On peut aussi bien réciter le bottin avec foi.

Le Grand Arcane des Parfaits - V


Troisième jour - Sur les doctrines des Parfaits


Par jeu, moi Shiva je me suis fait être vivant.

Je suis devenu les quatre classes (d'humains).

De ma face est né le renoncement pour le renoncement.

De mes bras est née la jouissance en vue du renoncement.

Du ventre est né le renoncement en vue de la jouissance.

Des jambes, la jouissance pour la jouissance.

Avec mon esprit et ma parole, je me cache, me révèle et me cache de nouveau. 1-2


[Ces vers font allusion au mythe de l'Homme cosmique dont le sacrifice donne naissance aux différentes classes humaines (varna). Ces tempéraments sont définis par leur lieu d'origine et par leur manière d'envisager le rapport entre renoncement (tyâga) et jouissance (bhoga). Pour les brâhmanes, le renoncement est à la fois un moyen (ils sont censés vivre dans la simplicité) et une fin. Les Guerriers vivent dans un certain luxe, mais ils tendent inéluctablement au renoncement, comme le montre la Bhagavadgîtâ. Les Marchands - ces fourbes ! - pratiquent le renoncement (ils économisent), mais en vue d'une plus grande jouissance. Quant à la Plèbe, elle aspire à la jouissance pour la jouissance, sans aucune transcendance. Ces tempéraments ne sont pas des castes (jâti). Chacun, quelque soit sa naissance, peut se reconnaître dans ces descriptions, selon les orientations de sa vie.]


Dans la sphère (de l'Être) - le palais du Soi -,

Mon Artisane danse la présence et l'absence.

Là, je me diverti, je me manifeste à moi-même.

Je suis conscience de soi spontanée, incessante et majestueuse. 3


[La "sphère", le bindu au centre du Shrîcakra, symbolise la Lumière-Manifestation (prakâsha), l'Être pur qu'est le Soi-Shiva. Les triangles enlacés désignent le devenir. celui-ci naît de la conscience que le Seigneur prend de lui-même (vimarsha), progressivement, par jeu. Cette conscience de soi, l'Artisane (kalâ), est la Puissance, la Déesse aux Trois Citadelles (Tripurâ) de Désir, de Connaissance et d'Action, de veille, de rêve et de sommeil profond.]


Par pure liberté, par la perfection même de ma plénitude,

Je m'actualise dans la Lumière-Manifestation,

Espace qui est le Soi.

Faite d'un seul instant, faite d'une seule substance, éternelle,

Voilà la majesté que je suis. 4


["Faite d'un seul instant" : sans succession, éternelle, car la conscience "je suis je" embrasse tout l'Être d'un seul et même regard, sans "avant" ni "après", parfaite conscience de soi. C'est cette majesté qui, par l'excès de sa grandeur, son extase, s'épanche à travers les pensées et les sensations dont la succession forme nos vies. L'âme de toute expérience est l'expérience "je suis je".]


Amritavâgbhava, Le grand Arcane des Parfaits (Shrîsiddhamahârahasyam), Jammû, 1983.

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