La France a aujourd'hui la réputation d'être un "désert spirituel". Le christianisme catholique est considéré comme étant vide, sans intérêt et "toxique". Seul le christianisme "orthodoxe" conserve quelque grâce au yeux de nos contemporains obsédés d'exotisme jusqu'au morbide. Ce préjugé participe de la haine de soi, de la haine de l'Occident, phénomène majeure de notre époque.
En réalité, il y a une tradition spirituelle occidentale des plus riches : le platonisme, au sens le plus large.
Et cette tradition a survécu aux persécutions abrahamiques. En témoigne ce passage de Fénelon, un parmi mille autres, qui enseigne que le seul moyen d'atteindre Dieu, c'est Dieu :
'Si quelqu'un demande comment est-ce que Dieu se rend présent à l'âme, quelle espèce [=concept], quelle image, quelle lumière nous le découvrent, je réponds qu'il n'a besoin ni d'espèce, ni d'image, ni de lumière.
La souveraine vérité est souverainement intelligible [=peut être connue], l'être par lui-même est par lui-même intelligible. L'être infini est présent à tout. Le moyen par lequel on présupposerait que Dieu se rendrait présent à mon esprit, ne serait point un être par lui-même [car Dieu seul existe par lui-même ; tout le reste existe par lui]. Il [=ce moyen] ne pourrait exister que par création ; n'étant point par lui-même, il ne serait point intelligible par lui-même, et ne le serait que par son créateur.
Ainsi, bien loin qu'il put servir à Dieu de milieu, d'image, d'espèce ou de lumière, tout au contraire il faudrait que Dieu lui en servit.
Ainsi je ne puis concevoir que Dieu seul intimement présent par son infinie vérité, et souverainement intelligible par lui-même, qui se montre immédiatement à moi.'
(Fénelon, Démonstration de l'existence de Dieu, II, IV, 57)
Autrement dit, c'est par Dieu que l'on peut connaître Dieu, ce qui revient à suggérer que quand je connais Dieu, c'est Dieu "plus moi que moi" qui se connaît en moi, ou moi qui me connait en lui. Rien d'autre ne peut servir de moyen. La lumière ici est la métaphore-clé.
Abhinava Gupta (le "shivaïsme du Cachemire") enseigne la même vérité vitale, par exemple dans le second chapitre de son Tantrâloka, sur la "non-moyen" (anupâya), la "moyen minimal" (alpopâya), aussi appelée "le Soi comme moyen" (âtmopâya) et "le plaisir comme moyen" (ânandopâya). Ce moyen est le but. En effet, je suis conscience. La conscience se manifeste en manifestant tout ce qui est censé la cacher. A quoi bon un moyen pour révéler cette lumière, alors que rien ne peut la cacher ? A quoi bon une lampe pour éclairer le soleil ?
Par conséquent, même l'essence de l'enseignement spirituel le plus pur, le plus direct, le plus puissant, était transmis à Paris et en France il y a quelques siècles.
Madame Guyon fut la directrice (discrète) de Fénelon. Elle a écrit plus de quarante volumes de ce même enseignement, non-voie et voie du désir (icchopâya). Que le préjugé anti occidental est ridicule et faux ! Il appartient aux êtres épris de liberté et de vérité de s'en affranchir.
Je vous rejoins sur le fait que le catholicisme a connu de grands mystiques comme Fénelon et Madame Guyon, mais Bossuet, l'aigle de Meaux a gagné et la Lumière a eté mis sous le boisseau depuis pour laisser la place pour d'autres Lumières.
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