J'ai découvert avec stupeur que certaines personnes, sous couvert d'anonymat, utilisent mes billets pour nourrir leur haine du bouddhisme sur le blog d'Isabelle des Charbinières. Plus de huit cent commentaires suivent un article qui prétend révéler les "ignobles vérités" du bouddhisme.
A la lecture des commentaires, il s'avère qu'il s'agit d'une attaque en règle contre le bouddhisme menée par un groupe d'individus qui se définissent comme "chrétiens". Il semble que, pour eux, la fin justifie les moyens : contre-vérités, mensonges, diffamations, citations hors-contexte, "faits" allégués sans la moindre preuve... Bien évidemment, ils citent un certain nombre de Chrétiens "orthodoxes" connus de tous, et grands connaisseurs de l'Orient, comme Verlinde ou Ratzinger.
Ce qui me choque d'abord dans leur propos, c'est le décalage entre la forme - langue maîtrisée, une certaine culture, peut-être des études - et le fond : un torrent de haine et de vulgarité qu'on avait jamais vu dirigé ainsi contre le bouddhisme. A travers leurs propos, ce sont tous les travers de l'extrême-droite française que nous voyons défiler dans le désordre : haine de "l'Oriental", homophobie, misogynie, sectarisme, bigoterie, ignorance crasse de tout ce qui ne concerne pas la spiritualité française au XVIIème siècle (et encore...), suspicion à l'égard de la maçonnerie. Bref, c'est un peu le bouddhisme "critiqué" par un employé du gouvernement de Vichy.
Ce qui m'a interpellé ensuite, ce sont les soi-disant citations de mes billets (prélevés sur mon ancien blog) - avec d'autres noms que le mien, réécrits partiellement -, ou encore les commentaires qui me sont attribués et que je n'ai, bien sûr, jamais écrits. Voici une petite liste :
1/ Une citation m'est correctement attribuée dans un commentaire signé Anargala (?) du 01/10/2007, mais dans un contexte qui déforme son sens.
2/ Deux commentaires du 07/10/2007 sont signés par "Anargala". Evidemment, il ne s'agit pas de moi.
3/ Ensuite, plusieurs billets de mon ancien blog sont cités, comme s'il s'agissait de témoignages d'autres personnes : ceux d'un certain "Jacques" (10/10/2007), "Tsok" (02/11/2007), "Youri" (02/11/2007) et re-"Tsok" (21/11/2007).
Ces manipulations montrent, premièrement, que les auteurs de ces commentaires/billets ne reculent devant aucun mensonge pour nous persuader de leurs "vérités". Deuxièmement, cela m'a rappelé combien il est facile d'extraire un propos de son contexte pour lui faire dire autre chose.
Car il n'a jamais été question, dans mon esprit, de dénigrer la valeur humaine et la richesse des enseignements bouddhistes. Il s'agissait simplement d'anecdotes relatées dans le cadre d'une réflexion critique. Or critiquer, c'est faire preuve de discernement, d'un sens de la nuance qui est tout le contraire de l'esprit pamphlétaire. Je n'ai jamais voulu écrire de pamphlet contre le dharma du Bouddha.
En ce qui concerne le bouddhisme tantrique, qui est l'objet des attaques les plus basses, mon opinion est qu'il constitue une part essentielle du patrimoine spirituel de l'humanité. Il a des travers, sur lesquels certains de mes billets invitaient à une réflexion critique. Mais il ne faut pas jeter le bébé-bouddha avec l'eau du féodalisme tibétain. La réalité est toujours complexe et nuancée. Avec le recul, je réalise que certain de mes propos ont pu être mal compris, et servire à alimenter les passions de quelques fanatiques. Je n'ai jamais voulu ternir la réputation de M. Namkhai Norbu ou M. Sogyal. Le lama tibétain qu'évoque un des billets détournés dans ce blog chrétien militant est Tenzin Samphel. J'ai écrit qu'il semblait "speedé". Mais je ne faisais que décrire une impression subjective, et donc peut-être fausse. A l'époque, c'était un jeune lama, originaire du Spiti et plein du désir de faire partager ses connaissances et sa passion pour le dharma. Il a depuis, confirmé l'authenticité de son engagement en enseignant le Tibétain à langues'o et en fondant un centre qui a accueilli plusieurs lamas réputés. En disant cela, je veux simplement démentir formellement toute intention de nuire au bouddhisme que l'on voudrait m'imputer. Je ne suis pas bouddhiste, mais je n'ai jamais adhéré au genre d'idées décrites dans ce blog qui semble ignorer toute "nétiquette".
Et il en va de même pour les autres personnes que j'ai critiquées dans mes billets. Il s'agit de critique, pas de dénigrement. Du moins, telle est mon intention. Ainsi, je ne remet pas en cause l'intérêt de l'enseignement de Jean Klein, Eric Baret ou Daniel Odier, mais seulement certaines de leurs affirmations quant à leur filiation avec le shivaïsme cachemirien.
Par ailleurs, si nous souhaitons comparer bouddhisme et christiannisme (ce qui est parfaitement légitime), il faut comparer ce qui est comparable. Autrement, toutes les doctrines d'Orient comme d'Occident seront ruinées, et seul le nihilisme consummériste triomphera. Il est aisé de ridiculiser le bouddhisme en mettant côte à côte Thomas d'Aquin et quelques enseignements du Dalaï Lama destinés à un large public. De même qu'il serait aisé de ridiculiser le christiannisme en comparant Gorampa (un philosophe tibétain du XIVème siècle) et un livret de catéchèse pour jeunes de Passy. Même chose dans le domaine politique. Si l'on persiste dans cette voie, tout est ridicule, abjecte et "ignoble".
Mais je crois que tout cela, les auteurs de ce blog le savent. Ce qui rend leurs paroles d'autant plus regrettables.