mardi 25 mars 2025

Le Yoga du Troisième Oeil


 Il existe différentes sortes de yoga. L’une d’elles est enseignée dans le Netra Tantra, le Tantra du Troisième Œil :

"Maintenant, je vais révéler l’éternelle et suprême victoire sur la mort, la Munjaya."

Vous savez, Mrityunjaya est aussi le nom du célèbre verset que l’on récite : Tryambakam yajamahe... Celui qui atteint cet état ne revient plus dans le samsara, le cycle des réincarnations. Il s’éveille et se délivre définitivement. Le yogi devient omniprésent : il voit tout, il fait tout, il est Shiva.

Cela ne signifie pas qu’il connaît tous les détails et les numéros du prochain loto ! Cela signifie qu’il réalise qu’il est cela qui voit en chaque être. Il réalise qu’il est la conscience (sākṣī-caitanya), la conscience témoin de tout. Il est ce qui agit en chaque être.

Et Shiva poursuit :


"Je vais maintenant t’enseigner cela, car il n’existe rien d’autre."


Celui qui atteint cette réalisation devient immortel, éternel. Il ne peut être exprimé par la parole, ni perçu par l’œil, ni entendu par l’oreille, ni senti par le nez, ni goûté par la langue, ni touché par la peau, ni vu par l’esprit. Dépourvu de toute forme et de toute saveur… et pourtant, ajoute-t-il, empli de toutes les formes et de toutes les saveurs. Il ne peut être mesuré. Il est au-delà des facultés physiques et mentales.


Comment l’atteindre ?


Par une grande pratique constante, par une pratique totale, immense. Par un renoncement absolu, un dépassement des attachements et des aversions. Par la destruction de la cupidité et de l’illusion. Par le renoncement à l’orgueil et à l’arrogance. Alors, on devient Shiva, éternel et immuable.


Il peut être réalisé en un seul instant si on le perçoit véritablement : nimīlanena – en une simple fermeture et ouverture des yeux, en un clin d'œil.


C’est intéressant, car le mot unmīlana signifie à la fois "ouvrir les yeux", "éclore" et "s’éveiller", "entrer en expansion". Celui qui atteint cet état est libéré à jamais.


Ici, il ne s’agit pas du célèbre Aṣṭāṅga Yoga codifié par Patañjali, mais d’un autre yoga. L’arrêt du cycle des réincarnations est le yama suprême, la règle éthique ultime. Et la contemplation du principe ultime est la discipline éternelle, le véritable niyama.


Dans le yoga, il y a des règles, des prescriptions et des interdictions – comme manger végétarien et ne pas voler. Mais ici, la prescription est bien plus radicale : il s’agit tout simplement de l’arrêt du cycle des réincarnations, c’est-à-dire de l’arrêt de cette souffrance existentielle. La contemplation de l’Être, la réalisation de l’Être, est la véritable règle, le véritable niyama.


De même, on parle du prāṇāyāma, la discipline du souffle. Mais ici, Shiva enseigne :


"Celui qui s’établit dans le souffle médian, dans l’espace entre prāṇa et apāna, dans l’intervalle entre l’expire et l’inspire, s’appuyant sur la puissance de la connaissance, obtient alors la posture parfaite."

Ayant abandonné l’état grossier du souffle, il perçoit l’état subtil et intérieur. Puis, transcendant même cette subtilité, il atteint la vibration suprême. Voilà la véritable discipline du souffle, la véritable posture.


Ici, la posture (āsana) signifie s’installer dans l’intervalle entre l’expire et l’inspire, là où se déploie la vibration suprême, la vibration de la vie pure, la source de toute vie.


De même, l’activité des sens orientée vers les sons et autres objets est expérimentée intérieurement par le mental. Mais si l’on lâche prise, si l’on abandonne ces perceptions, alors on pénètre dans la splendeur suprême, dans notre propre conscience. Voilà ce qu’on appelle pratyāhāra, le retour vers soi, celui qui tranche les liens du monde.


Puis, dépassant les qualités de l’intellect, nous méditons sur l’indicible, l’indestructible, l’omniprésent, notre propre conscience. Voilà ce qui est appelé dhyāna, la méditation.


Ensuite, celui qui soutient en lui-même son attention sur l’Absolu, constamment, à chaque instant, atteint dhāraṇā, la concentration qui détruit les liens du devenir.


Et enfin, l’état d’égalité envers tous les êtres, l’assise dans le contrôle du mental, est le véritable samādhi.


Être égal envers tous les êtres, voilà le véritable contrôle du mental, du citta, de l’âme, du psychisme. Voilà ce qu’on appelle véritablement "se poser dans l’Être". Tout autre état n’est que prétention mondaine.


Celui qui voit tous les êtres en soi et soi en tous, dans une vision d’unité, celui-là est Shiva, l’Unique sans second.


"Śivoham advayam" – "Je suis Shiva, sans second."


Tel est le samādhi suprême, transcendant. Voilà l’expérience parfaite de notre essence, l’essence même de la conscience, notre propre conscience. Voilà le samādhi suprême.


Et ainsi donc, par l’aṣṭāṅga yoga, ce yoga en huit parties, on perçoit l’état suprême immuable, en sa propre nature. Celui qui le réalise, qui le voit directement, transcende le temps, dépasse la mort et devient le maître de l’immortalité.


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dimanche 23 mars 2025

Hommage à Lilian Silburn

 Un bref hommage à Lilian Silburn, et une entrevue avec Jacqueline Chambron.

Rester connecté, plongé dans le cœur. 

Simple, naturel et infini.

Une vie nouvelle, invisible et inexplicable.

Comme dit Jacqueline, puissions-nous oublier, et le cœur se souvenir.




vendredi 7 mars 2025

A-t-on besoin d'un maître ?

 


A-t-on besoin d'un maître ? La réponse du Tantra en bref

L’image du gourou n’est pas brillante. Ce mot est devenu péjoratif, synonyme de charlatanisme, de manipulation et de scandales en tout genre. Il faut dire que les abus n’ont pas manqué depuis quelques décennies… depuis toujours, en fait. Car le pouvoir corrompt, tout simplement. Lorsqu’une personne détient du pouvoir, les tentations ne sont jamais loin. C’est une loi de la nature humaine, et rares sont ceux qui la transcendent – surtout ceux qui prétendent la transcender.

Faut-il pour autant renoncer à l’idéal du maître ?

J’ai eu beaucoup de gourous dans ma vie. Certains ont tenté de me manipuler, mais la plupart étaient des êtres droits et généreux. Ce qui est difficile dans la relation au maître, c’est de concilier la tête et le cœur. Quand on se laisse séduire, on devient aveugle. Et pourtant, le cœur est vital : sans émotion, rien ne bouge, rien ne change, aucune transformation n’est possible. Comment concilier émotion et lucidité ? Ce n’est pas facile. C’est un peu comme dans les relations amoureuses : vivre à la fois du cerveau gauche et du cerveau droit est un art qui s’apprend.

D’où l’importance d’une spiritualité qui affirme la complémentarité entre la connaissance et l’amour.

Si, dès le départ, on vous conditionne en vous disant que l’intellect est mauvais et qu’il faut s’abandonner aveuglément, la catastrophe n’est pas loin. Il existe plusieurs modèles de maîtres : à côté de l’avatar suprême et du culte de la personne, dont il faut se méfier, il y a l’ami, le guide, le conseiller, l’aîné, le frère, l’enseignant, l’instructeur, l’exemple, le partenaire de discussion, le maître artisan, l’expert.

Mais alors, que devient l’idéal de l’abandon inconditionnel, de la dissolution totale dans le maître ?

Cet idéal est bon et beau… à condition de ne pas s’adresser à la personne du maître, mais au maître vivant en nous-mêmes. Certes, cette lumière brille à travers une personne, mais dès que l’on se focalise uniquement sur elle, il y a projection – et la porte s’ouvre à tous les abus. Se donner entièrement à Krishna ? Très bien. Mais accorder une confiance aveugle à une personne qui prétend être Krishna, explicitement ou non ? Le danger est là.

Le véritable amour vit au fond de nous et n’attend que notre consentement. Pourtant, la tentation de projeter notre divinité intérieure sur un être extérieur est forte. C’est un jeu dangereux. J’ai rencontré tant de personnes qui pensaient pouvoir jouer avec le feu sans se brûler… Mais elles ont presque toutes été blessées et déçues.

Les projections psychologiques héritées de l’enfance et de nos ancêtres sont des forces qui nous dépassent. Génération après génération, les chercheurs l’apprennent à leurs dépens. Lorsqu’une personne a du charisme et de l’ascendant, il est très difficile de ne pas en devenir dépendant. Les promesses de liberté au bout du tunnel de l’obéissance sont bien souvent des pièges.

C’est comme en amour : il faut savoir à la fois ouvrir son cœur et garder raison. Il y a le coup de foudre, mais aussi les affinités profondes, celles qui se révèlent avec le temps.

En vérité, ce que nous cherchons est en nous. Il nous dépasse, mais il est en nous – caché dans nos sensations, nos émotions, nos pensées, au centre, au cœur, à la source. Trouver le maître, c’est répondre à l’appel, se souvenir et ainsi s’éveiller, réveiller le désir divin en nous – un amour qui répond à un amour.

Alors oui, le chercheur a besoin d’un maître… Mais qui est le chercheur ? Qui est le maître ?

Le maître est la vérité du chercheur. Le trouver, c’est se trouver. S’éveiller à ce qui, en nous, est plus vaste que nous. Dans ce rappel atemporel se révèle l’union, le yoga toujours déjà accompli, mais comme voilé par nos croyances, notre indifférence et notre manque d’attention.

Les maîtres extérieurs sont des guides temporaires qui doivent pointer vers le maître intérieur, éternel. Abhinavagupta, le grand maître du Tantra, conseille de questionner les maîtres comme une abeille butine de fleur en fleur. Mais le miel est à l’intérieur.

Le discernement est vital à l’amour, dit Advaita. Sinon, c’est l’impasse.

L’abandon, oui… Mais à qui ?

Au maître intérieur, à la déesse du cœur, à l’amour, à ce mystère insaisissable qui attend patiemment notre écoute.

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