La rencontre de Nishkriyânanda avec la déesse Sauvage et le maître se poursuit ainsi :
« [La déesse Sauvage] parla en se riant de moi :
« A quoi bon cette arrogance ? A quoi sert ce piège que sont les traités ? Ton égarement n’a toujours pas disparu ! Regarde le livre que tient en sa main le brahmane, le maître accompli.
Ô toi qui a maîtrisé le [culte du] cycle [des Kâlîs] ! sache que ses cinq nœuds qui constituent sa solide reliure sont la Puissance faite des cinq sens. Ses deux anneaux sont l’état de veille et de rêve.
Mais écoute ce que sont en bref les deux planchettes [qui font sa couverture] ! La planchette supérieure est le souffle expiré qui a, dit-on, sept flammes. La planchette inférieure est le souffle inspiré. Je suis en réalité présente sous la forme de ce double mouvement.
Selon la tradition, ces deux planchettes symbolisent l’éveil cyclique à la transcendance puis à l’immanence. Ce sont les deux absorptions : l’extase dans l’action, et l’extase apaisée. Celle qui est en haut, [l’extase dans l’action], est la Puissance d’éveil, majesté parfaite. Celle qui est en bas, [extase apaisée], est la Puissance du Seigneur, qui dévore [le Temps], émaciée [pour représenter le fait qu’elle est insatiable].
Sépare ces deux planchettes, contemple consciemment ce qui se trouve en leur centre :
« [La déesse Sauvage] parla en se riant de moi :
« A quoi bon cette arrogance ? A quoi sert ce piège que sont les traités ? Ton égarement n’a toujours pas disparu ! Regarde le livre que tient en sa main le brahmane, le maître accompli.
Ô toi qui a maîtrisé le [culte du] cycle [des Kâlîs] ! sache que ses cinq nœuds qui constituent sa solide reliure sont la Puissance faite des cinq sens. Ses deux anneaux sont l’état de veille et de rêve.
Mais écoute ce que sont en bref les deux planchettes [qui font sa couverture] ! La planchette supérieure est le souffle expiré qui a, dit-on, sept flammes. La planchette inférieure est le souffle inspiré. Je suis en réalité présente sous la forme de ce double mouvement.
Selon la tradition, ces deux planchettes symbolisent l’éveil cyclique à la transcendance puis à l’immanence. Ce sont les deux absorptions : l’extase dans l’action, et l’extase apaisée. Celle qui est en haut, [l’extase dans l’action], est la Puissance d’éveil, majesté parfaite. Celle qui est en bas, [extase apaisée], est la Puissance du Seigneur, qui dévore [le Temps], émaciée [pour représenter le fait qu’elle est insatiable].
Sépare ces deux planchettes, contemple consciemment ce qui se trouve en leur centre :
Le Grand Vide au-delà du vide,
Vierge de permanence comme d’impermanence,
Intangible,
Espace ultime,
Sans demeure,
Insurpassable,
Au-delà de tout,
Invisible,
Toujours et partout présent,
Destructeur qui dévore la naissance, l’existence, la mort et le temps,
Suprême,
Affranchi de tous les voiles,
Essence de soi,
Présent en soi. »
Le maître accompli transmet alors cent cinq instructions secrètes de la tradition orale à Nishkriya, lequel atteint le Royaume de l’Inopinée. Nous pouvons lire treize de ces aphorismes dans Les Vātūlānāthasūtra, traduits par Lilian Silburn. Ils correspondent à la seconde méthode du Kâlîkrama, celle des « paroles secrètes » (chummâ, kathâ). La méthode ultime, transmission non verbale (samkramanam), est illustrée ici par le regard du maître qui plonge le disciple dans l’Inattendue (sāhasam). Un exemple d’instruction orale : « Elle est folle et libre de folie »…
Mais redonnons la parole à Nishkriyānanda, qui relate en ces termes cette transmission orale :
« Ainsi, j’expérimentais directement et instantanément la réalité ultime et abandonnais entièrement et dans sa totalité ce piège que sont les traités. Le sage maître accompli, qui avait renoncé au tissu de mensonges des traités, me regarda et dit :
« Fils dont la compréhension est vraie ! tu es maintenant digne de ce Grand Cycle si difficile d’accès. »
Sur ce, ce seigneur pénétré de compassion m’éveilla à l’enseignement des expériences intimes, tout le détail des paroles secrètes extraordinaires, difficile à comprendre même pour les grands yogis. Grâce à cela, je m’élevais de force au plan impérissable de la Grande Inopinée sauvage, en l’état parfaitement éveillé. »
Puis Nishkriya s’adresse à un disciple, lui promettant de lui transmettre, tel qu’il l’a reçu, cet enseignement :
« De la même façon que j’ai atteint la réalité merveilleuse par la grâce du maître accompli, je vais te dire sans rien laisser de côté ce qui ne peut être enseigné, ce qui anéanti le flot des doutes, qui est indéfinissable et sans précédent. Tu erres dans tous les lieux sacrés, établi en Brahman… Pourtant, tu n’as pas obtenu le repos suprême. Fils ! pourquoi erres-tu de tous côtés, l’esprit en proie à la confusion ? Tu es digne de la connaissance suprême. Alors arrête ! Je vais te dire la tradition orale dans l’ordre dans lequel je l’ai reçue. Elle est dépourvue des philosophies orthodoxes et [même] du Kâlîkrama. Elle est toujours disponible, réalité ultime affranchie des restrictions que sont « l’adorateur » et « l’adoré ». Toi qui est magnanime ! écoute, l’esprit recueilli en prenant conscience de cet Eveil, l’ensemble des paroles du secret, en détail et dignes d’être comprises ! »
Sanderson n’a pas édité « l’ensemble des paroles secrètes ». Si je parviens à me procurer le manuscrit, soyez sûr, cher lecteur, que je ferais tout pour le partager !