C'est La Nuit des étoiles. L'occasion de prendre conscience que l’univers n'existe pas "pour nous", tel un scénario conçu sur mesure. L'univers des Anciens était petit. La science, grâce à la méthode expérimentale, l'a fait exploser. Nous sommes passés "d'un monde clos à un univers infini". Incroyable, le pouvoir de l'idée d'infini !
Sur l'idée d'infini, mais en anglais, car le monde est vaste :
L'infiniment petit, grand, temporel, spatial, effraie Pascal, hériter d'une vision tribale du monde. D'où, a-t-on spéculé, un éclatement des valeurs pré-modernes face à la "philosophie nouvelle" : la science moderne. Mais d'autres cultures se sont d’emblée ouvertes à l'idée d'infini. Et donc, à la possibilité d'une d'évolution, à rebours de tout anthropocentrisme mesquin. Voici un extrait de La Doctrine secrète de la déesse Tripurâ, un texte du tantra non-dualiste. Un homme ressort d'un rocher dans lequel il a visité un univers magique. Mais au-dehors, des millions d'années se sont écoulées :
"Tout va sans cesse se transformant. Le monde se modifie d'instant en instant. A travers une longue évolution la face même de la terre, avec ses montagnes, ses lacs et ses rivières, est devenue différente. Telle est la loi qui préside au cours du monde. Les collines s'applanissent et les plaines se soulèvent. Les déserts se mettent à regorger d'eau et les montagnes se transforment en plages de sable. Un solo aride et caillouteux devient une terre de douceur et une terre de douceur devient dure comme la pierre. Un sol stérile devient fécond et un sol fécond stérile. Les gemmes se transforments en graviers et les graviers en gemmes. Une eau douce devient salée et une eau salée douce. Tantôt ce sont les hommes qui se multiplient sur la terre et tantôt les quadrupèdes, ou les vers et les insectes. Tout se transforme donc avec le temps, et telle est la raison pour laquelle notre pays présente maintenant cet aspect."
Tripurârahasya, section de la connaissance, trad. M. Hulin, Fayard, 1979, p. 116.
Un autre texte du même calibre, le Yoga Vâsishtha, composé vers 950 au Cachemire, explique également que tout surgit au hasard dans la conscience : il n'y a pas de plan élaboré par un "Grand Architecte", rien de conçu pour l'homme. Exit le "principe anthropique". Les choses se produisent par hasard mais donnent l'impression illusion de résulter d'une volonté, comme la noix de coco qui tombe sur le corbeau et le tue (kâkatâlîya). Des êtres se prennent pour des dieux, voire pour Dieu, mais ils se trompent et trompent les autres. Brahmâ n'est qu'un ignorant qui, suite à un malencontreux concours de circonstances, a cru qu'il avait créé un univers, une "sphère de Brahmâ". En réalité, il en existe une infinité, qui surgissent spontanément dans l'espace infini de la conscience, tels des grains de poussière dans un rayon de lumière. Et dire que certains fondent leurs actions sur des légendes sumériennes qui proclament que le monde a été créé il y a quelques milliers d'années en une semaine ! Et ces pieuses personnes sont prêtes à se faire tuer et à tuer pour ces fariboles. Comme c'est étrange.
D'où l'utilité des documentaires sur l'univers tel que nous le connaissons grâce à la libre recherche expérimentale libérée du joug des dogmes archaïques. Méditer sur l'infini est un véritable exercice spirituel. Voici une excellente chaîne sur Youtube.
Sur la terre :
Sur les fins de l'univers :
Sur la violence de l'univers :
Et tout ceci n'est que grains de poussière dans l'immensité transparente de la conscience.
P.S. : peut-être certains lecteurs se demandent-ils pourquoi je célèbre le désir et la pensée dans un billet (le précédent), pour célébrer une vision impersonnelle du réel, dans laquelle tout serait livré au hasard. D'autant plus que La Doctrine secrète de la déesse Tripurâ et le Yogavâsistha, bien que proche sur certains point (notamment certains récits), divergent fondamentalement sur d'autre. Le YV défend une position impersonnaliste : le désir est toujours connoté péjorativement, de même que la pensée (sauf quand il faut penser pour comprendre cela...). Alors que le tantra non-dualiste, dont La Doctrine est un bourgeon, défend au contraire que le désir et la pensée sont essentiel à la conscience. Il y a là deux genres de non-dualisme bien différents : le premier - celui de Shankara, du YV (à nuancer) et du néoadvaita - qui met l'accent sur l'objectivité : l'éveil, c'est voir ce qui est. Cette perspective est objectiviste (vastu-tantra en sanskrit : elle dépend du réel, pas de mon bon vouloir). Alors que le second - celui du shivaïsme du Cachemire, etc. - met l’accent sur la subjectivité : l'éveil, c'est s’éveiller à soi comme conscience libre. cette perspective est subjectiviste (purusa-tantra : elle dépend de la liberté du sujet, de la conscience, de la grâce).
Mais alors, où se situe le tantra non-dualiste entre la vision impersonnelle et la vision théiste personnelle ? Pour le tantra non-dualiste, ce qui arrive n'est ni le fruit d'un concourt de circonstances (modèle de la noix de coco qui tombe sur le corbeau), ni l’œuvre d'un Grand Architecte (modèle du potier, de l'artisan). Ni hasard, ni dessein intelligent, le surgissement des choses est improvisation (modèle de l'artiste, de l'esthète ou de l'amant). Il y a désir (contre l'impersonnalisme) mais pas de plan (contre le personnalisme dualiste).
P.S. : peut-être certains lecteurs se demandent-ils pourquoi je célèbre le désir et la pensée dans un billet (le précédent), pour célébrer une vision impersonnelle du réel, dans laquelle tout serait livré au hasard. D'autant plus que La Doctrine secrète de la déesse Tripurâ et le Yogavâsistha, bien que proche sur certains point (notamment certains récits), divergent fondamentalement sur d'autre. Le YV défend une position impersonnaliste : le désir est toujours connoté péjorativement, de même que la pensée (sauf quand il faut penser pour comprendre cela...). Alors que le tantra non-dualiste, dont La Doctrine est un bourgeon, défend au contraire que le désir et la pensée sont essentiel à la conscience. Il y a là deux genres de non-dualisme bien différents : le premier - celui de Shankara, du YV (à nuancer) et du néoadvaita - qui met l'accent sur l'objectivité : l'éveil, c'est voir ce qui est. Cette perspective est objectiviste (vastu-tantra en sanskrit : elle dépend du réel, pas de mon bon vouloir). Alors que le second - celui du shivaïsme du Cachemire, etc. - met l’accent sur la subjectivité : l'éveil, c'est s’éveiller à soi comme conscience libre. cette perspective est subjectiviste (purusa-tantra : elle dépend de la liberté du sujet, de la conscience, de la grâce).
Mais alors, où se situe le tantra non-dualiste entre la vision impersonnelle et la vision théiste personnelle ? Pour le tantra non-dualiste, ce qui arrive n'est ni le fruit d'un concourt de circonstances (modèle de la noix de coco qui tombe sur le corbeau), ni l’œuvre d'un Grand Architecte (modèle du potier, de l'artisan). Ni hasard, ni dessein intelligent, le surgissement des choses est improvisation (modèle de l'artiste, de l'esthète ou de l'amant). Il y a désir (contre l'impersonnalisme) mais pas de plan (contre le personnalisme dualiste).
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