Gustave Doré, paysage de montagne
La méditation, ce n'est pas un état spécial. C'est l'essence de tous les états, depuis l'état d'éplucheur de patates jusqu'à l'état de grand contemplatif plongé dans l'océan de la divinité.
La méditation est notre état naturel. Elle est présente en tous les états. On médite sans s'en apercevoir. La clé de la méditation est donc de s'ouvrir à l'expérience ordinaire. Parler, penser, éternuer, être assis en silence : c'est tout un.
Mais alors pourquoi sommes-nous persuadés du contraire ?
La tradition orientale de la méditation le dit pourtant. La méditation est notre vraie nature, la Lumière consciente hors de laquelle et sans laquelle il n'y a pas de "il y a" ni de "il n'y a pas". Si vous n'êtes pas d'accord avec ça, c'est grâce à la conscience. En baignant dans sa clarté immaculée. Si vous ne comprenez pas, vous ne comprenez pas en son intelligence absolue.
Comme dit Vyâsa dans son commentaire aux Yogasûtra, "la méditation est de tous les états". Rappelons que ce texte est probablement cachemirien d'origine. C'est du moins en cette contrée qu'il est le plus souvent cité. Quoiqu'il en soit, la méditation est partout présente. On l'appelle, en sanskrit, la langue sacrée de l'Orient, samâdhi.
Il est ceci :
"Le samâdhi sans constructions mentales, le sommeil profond, la perceptiond 'un objet : ces trois expériences n'en font qu'une parce que la Lumière consciente y est pareillement indivise et homogène. Ce qui, au niveau de la façon de parler, permet de les distinguer, c'est la différence des jugements qui leur succèdent respectivement".
En effet on se dit "J'étais en méditation" ; "j'étais inconscient" ; "j'ai vu l'arbre" : mais dans tous les cas, il y a une conscience simple, non divisée en sujet et objet. C'est seulement après coup que le langage crée des divisions. Mais en général on ne prête pas attention à ces moments de simplicité, de silence.
"Tous les vivants passent par de tels samâdhi furtifs tout au long de leur expérience quotidienne. Tout instant de l'état de veille où le jugement n'est pas encore intervenu peut être appelé de ce nom".
La Doctrine de la déesse, fin du chapitre XVI, trad. M. Hulin modifiée