samedi 4 avril 2009

Le Grand Arcane des Parfaits - XIII

La déesse Kâlasamkarshanî (?) sur Bhairava, musée (magnifique) de Pattan, c. XVIème siècle.


Suite et fin du cinquième chapitre du Grand Arcane des Parfaits

Par la force, l'invisible devient visible,
l'inaudible devient audible.
Tout ce qui a force est
enraciné dans la Capacité. 11

[Cette fois, je rend "shâka" par "capacité" plutôt que par "puissance", pour distinguer de "shakti", plus couramment employé. La "force" n'a rien à voir avec les Jedis. Elle désigne simplement les forces physiques et mentales. L'auteur veut dire que toute force vient de la Puissance personnifiéepar la Déesse.]

Tout ce qui apparaît,
tout ce que l'on dit,
se déploie et se reploie
grâce à la force.
Tout cela est enraciné
en la Capacité. 12

La force qui se voit ou qui habite
dans le sens littéral,
suggéré ou figuré des mots,
cette force a sa racine dans la Capacité. 13

[Thème classique des tantras : la Puissance est Parole. Toute expérience est tissée de langage.]

Une seule Capacité irradie
(dans les états du sujet) :
par l'oubli dans la veille,
par le souvenir dans le rêve,
en étant goûtée durant le sommeil profond,
en tant que (pure) existence dans le Quatrième (état). 14

[L'auteur fait ici allusion au schéma des quatre états du sujet. Le sommeil sans rêve est censé être une expérience du repos dans la pure Lumière du Soi, mais avec une conscience assoupie. C'est pourquoi l'on se réveil avec une impression de bien-être, mais sans être libre pour autant. Dans le Quatrième état, en revanche, on est le Soi, mais en pleine conscience. D'où le sentiment de plénitude que l'on y éprouve.]

Le grand dieu que les ascètes et les sages mythiques
s'efforcent d'atteindre par (les huit étapes du yoga)
- prescriptions, interdictions, postures, retrait des sens, fixation, concentration, méditation et contemplation -
c'est la Nature propre,
le Puissant. 15-16

Cela n'est atteint ni par l'idée de but à atteindre,
ni par l'idée de renoncement.
Ce qui est évident,
le Principe suprême,
la Nature propre,
c'est lui, le Puissant. 17

Les sublimes déesses que sont
les facultés sensorielles et mentales
adorent sans trêve, immobiles,
une divinité.
Cette divinité est pour nous la Capacité. 18

Les huit divinités de la Parole, les huit Parfaits et les neuf dieux des richesses
ne vivent que par elle.
Pour notre victoire, telle est la Capacité. 19

[Les "huit divinités de la Parole" sont les séries de consonnes de l'alphabet sanskrit.]

Les douze Rayons solaires et les onze Rudras
les huit dieux de la Terre (qui tous ensemble constituent la Nature)
prennent toujours refuge en la Capacité. 20

Les sages sacrifient aux divinités des trente-six catégories (du réel)
au moyen de la plénitude.
Ce sacrifice est pour nous la Capacité. 21

[Bref, la Déesse est à la fois le sacrifiant, l'acte sacrificiel et la divinité à laquelle s'adresse le sacrifice. Ce dernier vers fait allusion au rituel de la déesse Suprême (Parâ) durant lequel l'adepte boit des libations d'alcool ("au moyen de la plénitude") faites aux divinités des trente-six tattvas, visualisées au niveau du nombril.]

Amritavâgbhava, Le Grand Arcane des Parfaits (Shrîsiddhamahârahasyam), Jammû 1983.

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