Philosophie et mystique, voie de la connaissance et de l'amour. Philo-sophia, amour de la sagesse, désir de vérité, expérience et réflexion. Yoga ou union du cœur et de la tête. La philosophie comme yoga, la philosophie comme pratique, éclairée et nourrie par la tradition du Tantra et autres sources que nous ont léguées nos ancêtres. Formation tantra traditionnel.
jeudi 25 février 2010
L'Eveil est-il la fin de l'illusion ?
Carotte-le-lapin : C'est bizarre... j'ai beau savoir que tout n'est qu'illusion, l'illusion du corps-mental persiste. Dharma-le-chien avait raison. On commet une erreur, et on est victime d'une illusion. Une fois l'erreur corrigée, l'illusion persiste. Comme s'il y a avait une sorte d'ignorance cosmique, collective. Je n'arrive pas à admettre que cette illusion ne soit pas liée à l'ignorance d'une façon ou d'une autre.
Dharma-le-chien (se réveillant) : Ah, quelle rêve délicieux... J'étais en train de te dévorer tout cru. Sublime expérience de la non-dualité ! Mais, tu ne m'a pas l'air de très bonne humeur. Que se passe t-il ?
Carotte : Je n'arrive pas à digérer ton histoire d'ignorance comme simple confusion. Il doit y avoir plus que cela. Une sorte de Puissance... L'ignorance n'est pas une simple confusion ou même une absence de connaissance. L'illusion n'est pas rien.
Dharma : Il est pourtant clair qu'elle ne résiste pas à un examen poussé. Comme un arc-en-ciel qui se dérobe quand on l'approche. Que veux-tu de plus ?
Carotte : L'illusion n'est pas réelle. Mais elle n'est pas non plus irréelle, dans la mesure où elle apparaît.
Dharma : Dans ce cas, elle serait indéfinissable en termes d'être ou de non être ?
Carotte : Il semblerait. Elle est moins que réelle, mais plus qu'un rien. C'est un phénomène, une sorte d'entité. En plus, le sommeil reste le sommeil malgré ce que tu as dit l'autre jour. Il est pure ignorance, torpeur. C'est comme s'il y a avait deux sortes d'ignorance : l'ignorance comme cause, qui voile, cache et enveloppe le réel dans un cocon d'abrutissement, et l'ignorance comme effet, qui est projection du mental et du monde sur notre vraie nature. Même s'il n'y a pas de séquence temporelle entre elles, il y a relation de cause à effet. Ainsi, le sommeil est cause, et la veille et le rêve sont l'ignorance comme effet. Au total, l'ignorance est bien un pouvoir qui s'oppose à la connaissance, car de fait on observe que, même une fois éveillé à notre vraie nature indivise, le mental et le monde ne cessent pas. Soupir...
Dharma : Hé bé ! Pauvre lapin ! Je compatis. Mais, sans vouloir t'offenser, je te rappelle que l'illusion n'est rien. De même, l'ignorance n'est qu'une absence de connaissance. Et une absence n'est rien non plus ? Donc, tu t'inquiètes pour... rien. L'ignorance n'a pas plus de réelité que l'obscurité (simple absence de lumière) face à la lumière. Vouloir comprendre ce qu'est l'ignorance, c'est comme vouloir éclairer l'obscurité, c'est comme vouloir analyser la composition de l'eau d'un mirage. Si l'ignorance pouvait être rationnellement déterminée, elle serait réelle, et la non dualité serait impossible !
Lapin : Tout cela paraît logique. Mais comment réconcilier cette logique avec les faits ? Tu as beau répéter des milliards de fois qu'une carotte est une patate, elle n'en change pas pour autant de nature ! D'ailleurs, un grand Sage a dit que la connaissance de l'absolu ne détruit rien de réel : elle se contente d'annuler les effets de la confusion...
Dharma : Et ?
Carotte : Et tout se passe comme si il y a avait plusieurs sortes d'illusions. Dans le cas du serpent projeté sur la corde, le serpent disparaît une fois la corde vue. Ici, l'illusion disparaît en même temps que l'erreur est corrigée. Mais dans le cas du bleu confondu avec le ciel incolore en lui-même, ce n'est pas pareil : quand la confusion est levée, l'illusion n'en continue pas moins d'apparaître comme avant. Tu en convenais toi-même.
Dharma : En effet. C'est vrai, le ciel bleu persiste, même lorsqu'on sait que le ciel n'est pas réellement bleu. Mais qu'est-ce que cela change ?
Carotte : Cela veut-dire que ta soit-disant connaissance de la non dualité est un simple placebo.
Dharma : Peut-être. Mais un placebo suffit pour un mal illusoire, aussi réel qu'un rêve de la nuit passée. Quant à tes impressions sur le monde, n'oublies-pas qu'elles font aussi partie du grand mensonge. Le monde est une illusion. De même, le mental qui se dit : "oh, le monde continue de m'apparaître !" est aussi une illusion. Les impressions laissées par l'ignorance sont aussi une illusion, nulle et non avenue (sic). L'illusion n'est rien. Encore une fois, la non disparition ne signifie rien dans le cas d'une apparence irréelle, car rien n'est jamais apparut, rien n'apparaît maintenant, et rien n'apparaîtra jamais.
Carotte : Alors il suffit de voir l'illusion comme illusion !?
Dharma : Nan, ça marche pas.
Carotte : Hein ? Mais pourquoi donc ? Nous sommes déjà le Soi. Voir l'illusion comme illusion devrait donc suffire.
Dharma : Non. Parce qu'alors, le Soi n'est toujours pas connu.
Carotte : C'est quoi le Soi déjà ? Un truc d'un doux ?
Dharma : C'est la conscience, le Témoin-de-tout, l'espace-vide-mais-conscient qui lit ces lignes, ou plutôt qui est témoin de la lecture de ces lignes. L'important, c'est de savoir quel le mental-monde est aussi irréel que la vertu d'un prêtre, et que le Soi est plus réel que la mort. Ne pas confondre les deux, et hop, c'est l'Eveil. Il n'y a que le Soi, rien d'autre. Être-conscience-Youpi.
Carotte : C'est tout ?
Dharma : Je ne sais pas.
Carotte : T'es quand même un peu taré comme chien, non ?
Dharma : Pas plus.
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" ta soit-disant connaissance de la non dualité est un simple placebo "
RépondreSupprimerhéhéhé c'est un bon nonos sa ..
Le concept d'illusion est créé pour faciliter le renoncement à Soi qui génère alors le retour à Soi, le retour au Réel, le retour à la maison.
RépondreSupprimerEn réalité il n'y a pas d'illusion, il n'y eu jamais que le Soi.
Mais ceci ne peut être aperçu qu'après que le Soi qui se pense comme un Moi se soit libéré de cette identification.
Il y a sacrifice du Moi par le Soi, c'est à dire sacrifice de Soi par Soi lorsque celui-ci a eu des aperçus de la Vérité qui l'amènent à aimer la Vérité plus que lui-même.
L'essence du Soi est sacrifice, don de Soi.
Ce don, loin de l'anéantir est sa résurrection qui parachève la Création.