La découverte du centre divin au centre de soi n'est pas comme les autres expériences. Il est vrai qu'elle peut sembler s'affaiblir, quitter le champ de la conscience ou être emportée par les circonstances adverses. Mais, en vérité, une fois touché, il n'y a plus de retour possible. Tout l'être est converti, même s'il n'en a pas une conscience immédiate. Cette réorientation est un acte pour toujours, comme l'affirme l'aveugle de Paris (et non de Marseille, cette fois !) dans ce passage :
"En admettant maintenant que l'on ne soit pas encore très avancé vers cet abîme infini [de Dieu], pas même de très loin à côté de ce que sera l'abandon total du sujet en lui, cela ne change rien.
En effet, dès que le fond est ouvert de quelque façon par les irradiations répétées de Dieu plus ou moins efficaces et fortes, l'appétit est épris du désir éternel de suivre dans tous les événements intérieurs et extérieurs, ce qu'il voit et sent l'attirer à soi. Le cœur en ayant été plus ou moins fortement touché, il suivra toujours par nécessité cette inclination amoureuse ; de telle sorte que lorsqu'il se trouvera grandement avancé en cet état, il semble que l'homme ne pourra pas se déprendre de son objet divin qui l'attire plus ou moins sensiblement et fortement à lui, et même qui l'attire et le ravit secrètement à soi par les actes subtils de l'habitude excellente qu'il aura acquise jusque-là."
Jean-de Saint-Samson, La pratique essentielle de l'amour, vers 1630
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