La croyance que je ne suis que ce corps
est la source de bien des souffrances.
Ce corps est la porte par laquelle
le voleur - la mélancolie - fait irruption.
Mais quand je réalise que je ne suis pas que ce corps,
mais que toutes les formes sont mon corps,
car toutes apparaissent, vivent et disparaissent en moi,
alors le voleur entre, mais...
... dans une maison vide !
Réaliser que je ne suis pas que le corps,
est-ce que cela veut dire que ce corps
est abandonné, laissé à l'abandon,
et donc délabré, négligé,
telle la carcasse d'un ermite
qui vivrait dans le rejet de sa chair ?
Il y a un paradoxe :
si je cesse de m'identifier,
de me contracter,
de me limiter à ce corps,
alors mon être se redéploie,
reprend de la hauteur et de la profondeur,
à l'infini de l'espace.
Un chant s'élève dans le cœur,
une allégresse en cet
abandon d'élévation,
une palpitation dans ce vaste
silence immobile.
Un corps délivré des espoirs et des craintes,
affranchi des délires de l'imagination,
est heureux.
Le souffle va doucement et puissamment,
comme le soufflet d'une forge,
comme le souffle d'un nouveau-né.
Luxe, calme et volupté.
Quand le mental se fond dans le silence,
le corps retrouve son équilibre.
Quand le corps est apaisé,
l'âme est en paix.
Avenir et passé sont vus
comme de loin.
Les possibles sont comme des serviteurs
qui attendent à la porte du palais,
certains plus forts que d'autres,
mais tous soumis
à la Reine Présence.
Comme disait le maître d'un de mes maîtres :
"Je ne suis pas le corps,
car ce corps apparaît en moi.
il est mon serviteur,
et de ce fait il déborde de joie et de conscience."
Heureux les pauvres,
le Royaume est à eux,
qui n'ont plus ni Moi ni Mien.
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