Hier après-midi, j'ai essayé de faire de la calligraphie sur t-shirt. Pour y inscrire des mantras par exemple. Vous voyez ?
Et j'ai réalisé que, pour changer la couleur d'un tissus, il fallait enlever la couleur, avant d'ajouter la teinte que l'on souhaite.
Et donc, entre ces deux couleurs, le tissu doit se retrouver incolore. Blanc. Ce blanc qui est la fusion de toutes les couleurs, la totalité des couleurs. Chaque couleur apparait par exclusion des autres couleurs.
C'est comme la conscience divine. Elle projette les couleurs que sont les choses sur la toile de sa propre transparence. Comme un miroir qui accueille toutes les couleurs mais qui reste lui-même incolore. Comme l'œil, qui est aussi un genre de miroir. Comme la conscience, qui est un miroir... conscient.
Mais alors, cela veut dire que nous pouvons faire l'expérience directe de cette transparence ! Entre deux pensées, il n'y a pas de pensées, de même qu'entre deux couleurs, il n'y a pas de couleurs. Pas de conditions. Pas de lois. Pas de nécessité. Pas de poids. Pas de limites.
Plonger entre deux pensées, c'est la conscience qui se savoure directement, nuement, viergement, intuitivement, évidemment.
Goûter l'intervalle, c'est l'éveil, le retour, la guérison, l'initiation à la vie nouvelle.
Tel est le chant de l'Ange de Silésie :
"Contemple la teinture et tu verras clairement
Ce qu'est la rédemption et la déification."
Angelus Silesius, Le Voyageur chérubinique, trad. Maël Renoueard, I, 258
Et aussi, ce mystérieux adepte du Cachemire qui, proclamait, plusieurs siècle avant :
"Cette Expérience perpétuellement pure
Est colorée par chacune des formes (qu'elle assume),
Mais elle est incolore au moment
Où elle assume une nouvelle forme.
Quand un tissu blanc à l'origine
Est teinté d'une couleur quelconque,
Il doit retrouver sa blancheur avant d'être teint
D'une autre couleur.
De même quand la conscience, pure à l'origine,
Est colorée par une forme,
Elle est présente en sa pureté
Dans l'intervalle situé entre
L'abandon de cette forme
Et le trajet vers la forme suivante."
Lumière de la conscience (Saṃvit-prakāśa de Vāmanadatta), trad. D. Dubois
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