A Pierre Feuga
Présent en soi, je crée tout cela par la reconnaissance du Soi,
affranchi de toute limite.
Je ne rencontre ni mal être ni bien être ni misère.
Et, bien que je persiste à désirer, je suis limpide et comblé. 308
Je ne suis point quelque chose à obtenir, à comprendre, ou quelque chose que l'on aurait oublié et dont il faudrait se souvenir. Je suis plutôt le Seigneur, Celui qui obtient, qui voit, qui Se souvient éternellement, instantanément. 309
Il ne peut être indiqué. Il est le vent qui coure, le souffle vital. C'est ainsi qu'il dit "je" en tous les êtres qui respirent. Tout cela, tout ce qui est vu et senti, qui apparaît à chaque instant, est ce Soi dépourvu de naissance, de mort et de maladie que je célèbre. 310
[Expir er inspir sont l'énoncé spontané du Grand mantra "je" : a-ham]
Je suis indivis, à l'intérieur comme à l'extérieur,
visible et invisible, subtil et évident,
actif et passif, et pourtant constant.
Vivant puis mort j'apparais :
je suis Shiva, sans second. 311
Tout ce qui apparaît en cet instant est sans réalité. Avant tout cela, je suis.
Réel, présent et source de toute apparence, que rien ne peut faire apparaître. 312
Les sots croient que ce corps qui périt à chaque instant est le Soi. Ils lui confèrent ainsi le parfum du Soi. Ceux qui savent, au contraire, parfument le corps et toutes leurs activités avec la sensation "Shiva". 312
Bien que je soi un, j'apparais multiple. Bien que réel, je me manifeste dans l'irréel. Laissant là le réel et l'irréel, le Soi apparaît spontanément dans le Soi. 313
Râmeshvar Jhâ, La Liberté de la conscience (Samvitsvâtantryam), Varanasi, 2005.
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