Il m'est arrivé, après avoir marché longtemps dans la lumière enivrante de l'été, de ne plus me sentir moi-même que comme un lieu de passage de la lumière ; mes yeux me faisaient l'effet de deux arches étranges par où un fleuve de lumière, se développant en moi, submergeait et effaçait peu à peu les limites organiques de ma conscience.
Ceux qui prétendent que c'est en mesurant, avec notre corps pesant, l'espace qui nous sépare d'un foyer lumineux que nous apprenons à situer les images dans la profondeur et à les détacher de notre propre organisme, sont aussi loin que possible de la vérité.
Ce n'est pas notre corps matériel qui nous révèle l'espace immatériel.(...)
Si la théorie qui dérive la notion d'espace et de profondeur des sensations musculaires était vraie, plus les êtres seraient bruts et réduits à des sensations organiques, mieux et plus solidement ils auraient la sensation de l'espace. Or, c'est le contraire de la vérité ; elle se développe dans la série animale, à mesure que grandissent l'intelligence, la conscience, l'idée de l'universel et le soucis de l'impersonnel.(...)
La lumière n'est pas tout entière dans les formes colorées qui se manifestent en elles, elle est aussi la lumière, la pure lumière, l'atmosphère idéale en qui se développent toutes les formes qui, elle-même, n'a point de forme, et qui pénètre en nous comme l'immatérialité absolue.
Jean Jaurès, De la Réalité du Monde Sensible, pp. 160-161, éd. venterral
Autrement dit, tout apparaît dans la lumière de la conscience, dans l'espace de la conscience, un rien translucide.
Jaurès que tu m'as fait découvrir me flingue.
RépondreSupprimerDu Dzogchen pur et sans le connaitre.
Très très fort.
Ce qui incline à penser que le reste est tout aussi clairvoyant...