jeudi 15 février 2018

Le hatha yoga, c'est nul

La Parade des cygnes (Hamsa-vilâsa) est un livre composé 
à Bénarès 
à l'époque de la Révolution française.
Un adepte du tantra non-dualiste y dialogue avec son épouse.
Il expose les différentes religions, traditions et voies de libération,
avec moultes citations.

Dans le chapitre neuf, il expose le yoga de Patanjali,
qu'il identifie au hatha yoga
Après avoir définit les "huit parties"
de ce yoga à l'aide de nombreuses citations (principalement
la Hatha-yoga-pradîpikâ
texte le plus populaire du hatha yoga),
il conclut :

"Ma bien-aimée !
Le système de Patanjali est absurde (asamanjasam)
car tout ce que l'on gagne par la force
est dépourvue de fluidité (svârâsyam) !
Les êtres vrais ont enseigné
le yoga royal, parfait et complet,
dépourvu d'effort !"

En effet, hatha signifie "violence", "force", "obstination".
Le hatha yoga est donc le yoga de la violence, 
de la contrainte,
un yoga "forcé" et artificiel  : hathât

Au contraire, le yoga royal
est fluide, spontané, évident,
il coule de source : sva-rasât

Mais qu'est-ce que ce yoga royal ?
Dans la Parade des cygnes, c'est d'abord
l'éveil à la non-dualité, 
la compréhension de la réalité telle qu'elle est,
c'est-à-dire la contemplation directe 
de l'espace infini de la Présence, suite à la compréhension que tout est vide de réalité,
comme un ciel bleu immaculé.
Mais ce yoga est surtout la pratique non-duelle
de l'union de Shiva et Shakti, 
c'est-à-dire de l'homme et de la femme,
dans un rituel qui s 'appuie sur la gastronomie
(en particulier tout ce qui est sucré, ainsi que la viande et les produits laitiers), l'alcool, la danse et la musique.
Le yoga royal
est le "jeu de la délectation" :
rasa-lîlâ

L'Auteur cite un tantra au chapitre cinquante-et-un 
de sa Parade,
qui donne une idée assez claire 
de ce qu'est le véritable yoga :

"Les yogis, ivres de vin,
s'effondrent sur la poitrine des femmes.
Les yoginîs, prises de vertiges à cause de l'alcool,
tombent sur le torse des hommes.
Ils se comblent mutuellement,
leurs cœurs sont transformés,
la délectation (rasa) s'éveille !"


Voilà le yoga véritable 
selon la tradition originelle ancestrale et primordiale,
à l'opposé de la "suppression des émotions" 
prônée par le serpent Patanjali (un reptilien ?)
comme de la violence prônée par la misogynie de la "tradition" (tardive) nâtha.
;)

2 commentaires:

  1. J'adore la hatha yoga, et j'adore les yogas sutras... Donc je suis surpris. Car lorsque je pratique, je pratique avec douceur, en restant à la limite, en explorant le corps. Et je trouve que les yogas sutras constituent une bonne checkliste intégrative des éléments à prendre en compte pour réaliser son essence. Les yogas sutras intègrent le bhakti, jnana, karma yoga, et l'aspect méditation. Des éléments essentiels pour progresser dans la réalisation. Pouvez-vous développer en quoi Patanjali et le hatha sont violents? Etes-vous sur que ce n'est pas votre interprétation? Car les postures apportent une connexion à l'énergie vitale et des sensations magnifiques. Et pour tout ce qui est yamas et niyamas, ont peut les voir comme des conséquences de la pratique de la méditation, et non comme des causes et des obligations. J'aimerais en savoir plus sur votre vision si possible. Bonne soirée ! Romain

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    1. Bonjour, distinguons Patanjali et Hatha. Mais en gros, les deux ont une approche volontariste et croient en l'efficacité des techniques et de la "force" physique et mentale. Je n'invente rien. Regardez dans un dictionnaire sanskrit le sens de hatha. Et le vocabulaire de Patanjali est bien dans le registre du contrôle, de la suppression, de la répression des tendances naturelles : nirodha, yama, dhâranâ, etc. C'est à ce titre que cette approche est critiquée dans le texte mentionné ici, ainsi que par les maîtres du shivaïsme du Cachemire.

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