Sur le chemin de la vie intérieure,
nous rencontrons des demeures merveilleuses,
où nous sont offerts les secrets du monde.
Nous entrevoyons des mystères,
nous pressentons des possibles,
nous devinons des parfums.
Souvent, en un instant,
des torrents de connaissance,
de ressentis, des vies entières,
se déversent en nous.
Comme des visions.
Ces lumières, toutefois,
nous arrêtent, nous détournent,
nous font oublier le but.
Désirons-nous un trésor,
ou bien la source des trésors ?
Aimons-nous l'infini pour ses dons,
ou gratuitement ?
Encore et toujours,
noble vacuité,
exigeante radicale de l'amour,
s'en tenir au fondement,
être intègres dans notre élan.
Jean de la Croix a argumenté en ce sens,
au point d'y consacré la plus grande partie
de sa Montée du Carmel :
- Les visions et expériences extraordinaires
gonflent l'ego. Nourrissent notre besoin d'être au centre
"j'ai une mission de vie !" "l'univers veut que je... !"
- Elles nous portent à nous comparer et nous dépriment
"il/elle a eu une super vision, pas moi..." "pourquoi je ne ressens plus rien ?"
- Elles nous font perdre du temps en interprétations obscures
"qu'est-ce que ça veut dire ?" "est-ce que cela vient de mon ego, ou du Soi ?"
- Elles nous détournent de l'essentiel : la pratique de la Présence, de l'abandon.
Il prône donc le détachement.
Les expériences extraordinaires sont comme le reste :
des nuages qui passent.
Mais, demandera-t-on, si ces lumières viennent de Dieu (ou de l'univers, ou du Soi, etc.),
n'est-ce pas rejeter Dieu que de les tenir à distance ?
- Non, répond Jean, car ces Lumières, si elles sont divines, feront leur effet en nous, quoi que nous fassions ou non.
Et même, elles feront d'autant plus d'effet que nous n’y mettrons point notre main.
Si nous aspirons à être l'oeuvre de l'infini,
alors laissons faire l'infini.
Ne pas se perdre dans les reflets.
Remonter les rayons jusqu'au soleil.
Revenir à la racine,
encore et toujours.
Soyons radicaux,
fondamentalistes
et intègres.
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