Extrait de La douleur, d'Antoine Blanc de Saint-Bonnet, où il mentionne la rencontre de Tauler avec le lépreux :
Mais l'homme, n'étant point assez bon, fait beaucoup plus de cas de la puissance que de l'amour. C'est toujours la puissance qui réussit dans Je monde, et l'égoïsme, comme tous les mauvais sentiments, n'a de respect que pour la force. Aussi l'amour, fait pour le ciel, se voit exposé ici-bas à toutes les blessures. Beaucoup d'âmes l'ont senti, et elles se sont retirées à l'écart pour le mettre à l'abri sous les fleurs immortelles de la sainteté. Il y a des hommes qui ne connaissent qu'un élan; puissent-ils ne pas connaître l'autre!
En nous, il est comme deux âmes ; heureux ceux qui ne portent que l'âme qui veut connaître Fuyez, cachez-vous dans le sein de Dieu, si vous reçûtes, sur la terre cette autre âme qui veut réellement aimer. Si la douleur a une portée surnaturelle en servant d'instrument à la Grâce, elle peut aussi faire fléchir la nature. L'âme, en ce cas, n'a qu'un parti à prendre, c'est de courir dans les bras de Celui qui lui dit : « Venez à moi, vous qui souffrez, et moi je vous soulagerai. » Là, le plus misérable va rencontrer tous les secours.
Pouvons-nous oublier la réponse que fit à Jean Taulère le mendiant à qui manquaient deux membres et une partie du visage : « Je te le répète, je n'ai jamais eu, grâce à Dieu, de mauvais jours dans ma vie. Dieu est mon Père céleste; et comme il m'aime d'un amour éternel et incompréhensible, tout ce qui m'arrive ne peut tourner qu'à mon bien, en sorte que je vis dans la paix la plus profonde. Lorsque je souffre, ou lorsque je n'ai pas de pain, je jeûne en expiation de mes fautes, et aussi pour ceux qui ne jeûnent pas. Et mon cœur se fond de bonheur en songeant que la vie est si courte, et que je serai éternellement heureux dans le Ciel. »
Notre voie est la bonne voie : si Joseph se fût affligé quand il se vit jeté dans la citerne ou vendu comme esclave, il se fût affligé de son bonheur. Comme Dieu nous a fait pour lui, n'est-il pas aisé de comprendre que notre âme toujours inquiète, s'agitera dans la souffrance tant qu'elle ne viendra pas se reposer en lui?
C'est pourquoi saint Augustin s'écrie : « Ce qu'il faut pour nous rassurer et pour nous consoler, c'est une parole amie qui nous vienne du Créateur. »"
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