L’action de la grâce en nous n’est pas toujours immédiatement ressentie
Il vous est nécessaire de perdre tout ce qui est de la tête. Quoique vous rêviez, quoique vous soyez distrait, Dieu ne laisse pas d’opérer beaucoup en votre âme ; mais c’est d’une manière nue, dans le centre de la volonté, d’une façon dont Il vous dérobe à vous-même la vue, de peur qu’elle ne vous salisse par quelque objet, espèce, distinctions, et même par l’aperçu. Jusqu’à ce que l’âme soit entièrement perdue en Dieu, toutes ces choses la salissent et lui servent d’entre-deux. Mais lorsque elle y est arrivée, ce n’est plus la même chose.
C’est ce qui fait que plus Dieu conduit une âme purement, plus Il la conduit dans l’inconnu de la volonté, en manière substantielle, quoique très délicate. Toutes les distractions et les rêveries de l’esprit n’empêchent point que la volonté ne soit sustentée selon ce qui lui est propre, plus ou moins nuement et imperceptiblement, ainsi que son état le demande.
Extrait d’une lettre à Fénelon. Entre le 25 avril et le 15 mai 1690
Extraits des œuvres de Jeanne Guyon – tirés des Œuvres mystiques, éd. Critique par D. Tronc, Hooré Champion, Paris, 2008.
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