16, 17.
Si le disciple demande : "Comment le corps peut-il avoir une éducation, un lignage et une caste particulière ? Ou bien, (je peut aussi me demander) comment je puis être dépourvu (dans ma vraie nature) d'éducation, de lignage et de caste ?
Le maître doit (alors) dire : "Ecoute, ô fils, comment et pourquoi le corps qui a une éducation, un lignage et une caste particulière, est différent de toi, et comment tu es dépourvu d'éducation, de lignage et de caste."
Ayant dit cela, il doit lui rappeler ceci : "Ô fils, tu dois te rappeler que tu as entendu les caractéristiques du Soi suprême qui est le Soi de tout, grâce à des paroles révélées et traditionnelles, telles que :
"Cela[1] n'est que l'être, ô fils...".[2]
Le (maître) doit dire au (disciple) qui s'est remémoré les caractéristiques du Soi suprême : "Ce que l'on appelle
"espace lumineux"[3],
"distinct des noms et des formes",
"sans corps", définit comme non grossier, sans péchés, qui n'est conditionné[4] par aucun phénomène du saṃsāra,
"qui est l'absolu immédiat et intuitif",
"qui est le Soi à l'intérieur de chacun",
"le voyant non vu, l'entendant non entendu, le penseur non pensé, le percipient non aperçu",
son essence est perception permanente,
pure conscience, homogène, sans rien d'extérieur (à elle), ininterrompue,
partout présente comme l'espace,
toute-possibilité,
Soi de tous,
sans faim, etc.,
qui n'apparaît pas, qui ne disparaît pas,
source créatrice de tout ce qui est parce que sa pure présence est une inconcevable puissance,
bien que tout cela soit distinct de lui/ de soi-même, des noms et des formes qui sont le germe des mondes, qui reposent dans notre Soi, qui sont connus directement par soi-même[5] et dont on ne peut dire ni qu'ils sont identiques, ni qu'ils sont différents (du Soi)."
Śaṃkara, Méthode pour éveiller un disciple
[1] Le maître indique ainsi d'un geste de la main tout ce qui se présente d'instant en instant.
[2] Il y a là une phrase qui me paraît redondante et problématique : lakṣaṇaṃ ca tasya śrutibhiḥ smṛtibhiśca.
[3] Ākāśa : même racine que prakāśa, "lumière consciente", "manifestation", "apparaître", "présence". L'espace, comme la conscience, est partout et nullepart.
[4] Litt. : "parfumé".
[5] Tout est connu par le Soi. Le Soi n'est connu par rien d'autre que lui-même, comme une lampe qui s'éclaire elle-même par elle-même, sans dualité.
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