Un jour, un certain Sarma demanda à Ramana s'il fallait suivre un chemin méthodique pour arriver à être un mystique accompli. En effet, Ramana lui-même semble avoir passé des années abîmé dans la contemplation, les yeux fermés. Les gens disaient qu'il pratiquait la concentration, la méditation ou une forme d'ascèse.
La question posée en tamoul, la langue natale de Ramana et traduite en anglais, vérifiée par lui (car Ramana parlait et lisait l'anglais), était celle-ci :
Dans la vie des mystiques occidentaux, on trouve des descriptions de la voie mystique avec les trois étapes bien distinctes de la purgation, de l'illumination et de l'union. L'étape de la purgation correspond à la période de ce que nous appelons (en Inde) la sâdhana. Y a-t-il eu ces périodes dans la vie de Bhagavan (Ramana) ?
Ramana répondit :
Je n'ai pas connu ces périodes. Je n'ai jamais pratiqué aucun prânâyâma (exercice du souffle), ni aucun japa (récitation de mantras). Je n'avais aucune idée de ce que sont la méditation ou la contemplation.
Et même quand j'en ai entendu parler ensuite, ça ne m'a jamais attiré. Même à présent mon esprit refuse d'y prêter attention.
Une sâdhana (une pratique spirituelle) implique un objet à atteindre et un moyen pour l'atteindre. Que pourrait-on atteindre que l'on ne possède déjà ? Dans la méditation, la concentration et la contemplation, la seule chose que nous ayons à faire est ne pas penser et rester tranquille. Alors nous serons dans notre état naturel.
Cet état naturel a bien des noms (sanskrits) - moksha, jnâna, âtma, etc., et ils donnent lieu à maintes controverses. Pendant un temps, je suis resté les yeux fermés. Cela ne veut pas dire que je pratiquais une sâdhana. A présent encore, je reste parfois les yeux fermés. Si les gens disent qu'alors je pratique une sâdhana, qu'ils le disent. Je m'en fiche.
Les gens semblent croire qu'en pratiquant une sâdhana le Soi va un jour descendre sur eux sous la forme d'une grande chose, avec une immense gloire et qu'ensuite ils auront ce que l'on appelle sâkshâtkâra ("le fait de rendre évident", la "perception directe"). Le Soi est sâkshât (évident), certes... Mais il n'y a pas d'action (kâra) ni rien à accomplir (krta) à son sujet. Le mot kâra implique que l'on fasse quelque chose. Mais le Soi n'est pas réalisé en faisant quelque chose, mais plutôt en ne faisant rien - en restant tranquille et en étant simplement ce que l'on est en réalité.
Peut-on être plus clair ?
Déjà pas mal de laisser vivre la vie, et voir ce que ça dit.
RépondreSupprimerLe coup de grâce dans le "sacré bizness". :-)
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