Je ne sais pas.
La déesse répond :
"Il est très difficile d'indiquer les signes auxquels on reconnaît le sage; Son expérience est purement intérieure et ne rentre pas dans le champ de la vision ou de la parole. Elle ne se laisse donc pas décrire de l'extérieur. De même que l'érudition d'un spécialiste n'est pas directement décelable sur son corps, ses vêtements, etc., de même la sagesse d'un individu ne peut être directement perçue par les autres. Elle ne se laisse appréhender que par son possesseur même : qui donc pourrait connaître telle ou telle saveur sans l'avoir goûtée lui-même ?"
Toutefois...
"Les sages... se montrent indifférents à l'honneur et au déshonneur, au gain et à la perte, à la victoire et à la défaite. Interrogés sur leur propre expérience, ils répondent volontiers et sans hésiter. ils manifestent le plus grand zèle pour la connaissance et n'éprouvent aucune aversion à décrire leur expérience. Ils demeurent tranquilles, contents, sereins, apaisés, même en face de la pire adversité...
Mais c'est avant tout en soi-même que l'on doit guetter la présence permanente de ces signes. L'adepte doit sans cesse s'examiner lui-même. Comment n'obtiendrait-il pas la réalisation parfaite, s'il met à s'examiner lui-même le même soin qu'à examiner autrui ?"
Doctrine de la déesse, trad. M. Hulin, pp. 200-201
Beau. Mais trompeur.
Il n'y a aucun signe à guetter. Certes, l'élucidation de notre vraie nature se traduit par un sentiment de paix profonde et une joie infuse. Mais vouloir mesurer qui nous sommes à l'aune de ces signes, c'est nourrir l'illusion qui inverse tout : c'est vouloir juger de l'infini par le fini, de l'éternel par l'éphémère, du réel par l'irréel, de l'ineffable par des mots, de l'invisible par des image, du tout par l'une de ces parties... ce qui est précisément la confusion qui est à l'origine de tout mal-être !
Je regarde en moi.
Je ne trouve pas de moi séparé, isolé, limité, situé dans l'espace et le temps.
Au contraire, je trouve que tout baigne dans un espace lucide, une intelligence unique qui imprègne tout, sans se réduire à rien. Comment lui échapper ? Qui voudrait obtenir quoi ? L'espace manque t-il d'espace ?
Et puis, dans cette description, il est question d'une absence d'émotions. Mais la conscience EST émotion. Elle est cette émotion sans nom qui enveloppe toutes les autres, comme le mouvement de l'océan enveloppe celui de toutes les vagues. La conscience n'est pas morte, distante, statique, indifférente. Elle est la vie. L'océan est-il en retrait des vagues ? Hallucination !
N'est-ce pas évident ?
N'est-ce pas un immense soulagement ?
Bien loin de ce genre de caricatures qui font rire... jaune :
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