Comment méditer ?
L'esprit, d'ordinaire, se concentre. Il ne fait que cela : passer de la focalisation sur un objet, à la focalisation sur un autre objet. Il se concentre, mais cette concentration est fragmentée, saccadée. Tel un singe qui saute de branche en branche en attrapant à chaque fois une branche, notre esprit ne fait que saisir une chose après l'autre. D'ailleurs, en sanskrit le mot qui désigne la concentration (dhârana), veut dire aussi "tenir" et désigne la crispation caractéristique de ce que l'on appelle "le mental".
Méditer, ce n'est pas cela.
Méditer, c'est se détendre. Laisser le mental se détendre dans l'espace, se relâcher, se relaxer, se libérer, et disparaître comme une volute de fumée. Car le mental n'est rien d'autre que cette série de crispations. Quand le mental se détend, il s'évanouit : les vagues "redeviennent" l'océan. L'océan, c'est la conscience, ce que nous sommes vraiment.
Mais d'ordinaire, nous sommes tellement pris dans l'habitude de cette manière d'être mentale que, paradoxalement, il nous faut un effort de plus pour accéder à l'absence d'effort. Chacun en a déjà fait l'expérience quand il était fatigué : parfois, on est si fatigué, qu'il semble fatiguant même de se reposer !
Méditer, c'est se reposer.
Mais comment ?
En alternant les moments de concentration avec les moments de détente. D'abord on se concentre, vif, clair, précis, comme pour entre un fil dans le chas d'une aiguille. Puis on détend peu à peu l'attention. L'effort de concentration est comme frapper un bol tibétain. Se détendre ensuite, c'est comme écouter la résonance du bol disparaître dans le silence.
Ainsi, on se retrouve dans un état vif, nu, lucide, ouvert.
Pas longtemps, mais souvent.
Le regard est limpide, le visage comme ébahi.
Une nonchalance pleine d'ardeur,
vif mais sans hâte, sans précipitation,
aiguisé mais à l'aise,
transparent comme le ciel,
lâché, comme inutile, sans soucis, vague,
planant, égal, ininterrompu,
libre, relax, doux,
sans contraintes, évanescent comme le brouillard,
clair, limpide, translucide comme le cristal,
avec un éclat vibrant qui surgit de l'espace même,
vif, brillant, mais tendre,
éveillé, présent, mais transparent,
nu, frais, mais ininterrompu
en expansion, serein,
total, entier,
le regard et le corps ouverts, panoramiques,
ouvert devant derrière,
comme l'espace
Méditer, c'est s'éveiller à l'espace.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pas de commentaires anonymes, merci.