Yukteshvar, un adepte célèbre de Bénares. L'un des rares clichés de yogi indien qui présente un parfum d'authenticité, même si le Kriyâ a, par la suite, sombré dans la bouffonnerie kitsch
Quand on fait silence à l'intérieur, il se produit souvent une légère rétention du souffle.
Comme une suspension involontaire.
Comme lors de n’importe quelle concentration.
D'ordinaire, ça passe inaperçu.
A l'inverse, une rétention du souffle - retenir sa respiration en gros - peut induire une suspension du bavardage intérieur.
Le souffle est le lien entre le corps et l'esprit.
C'est pourquoi, dans toutes les traditions contemplatives, on arrête l'esprit par le souffle, ou le souffle par l'esprit.
Pour arrêter l'esprit par le souffle, il existe deux méthode : l'une douce, l'autre forte (hatha).
La méthode douce est la voie royale : se donner pleinement à l'écoute du silence qui suit chaque expiration.
Mais la méthode forte n'est pas sans beauté, et pas si compliquée qu'on le croit : principalement, on retient la respiration à plein.
Dans cette suspension, le corps est comme un vase (d'où le mot sanskrit pour la rétention, kumbhaka "faire le vase") et on peut légèrement comprimer le souffle et contracter les muscles autour du coccyx.
La conscience s'éveille à elle-même dans cet intervalle. L'attention s'ouvre à l'espace, comme une fleur après une longue nuit froide.
Le silence, la présence, le conscience, s’appelle "résonance" en sanskrit (nâda).
Et l'écoute de ce silence est la porte vers l'au-delà du mental. La rétention du souffle est donc un intermédiaire entre l'identification au corps et au mental, et l'éveil à soi par-delà toute pensée.
Comme dit la Lampe de l'union du soleil et de la lune, l'ordre des pratiques du yoga est : postures, rétentions, attitudes contemplatives (mudrâs) et écoute de la résonance.
"Assis en lotus,
le yogi doit inspirer par les deux narines
et retenir le souffle.
Il est délivré, sans aucun doute.
Tant que le souffle est tenu dans le corps,
le mental reste transparent.
Tant que le regard est fixe,
Comment aurait-on peur du Temps/ de la Mort ?
Quand le souffle vit dans l'intervalle,
le mental se stabilise.
Cet état de stabilité mentale
est l'état non-mental".
Lampe du soleil et de la lune (Hathapradîpikâ), IV, 8, 28, 30
P.S. : le verset 30 dit, littéralement, "tant que le regard est entre les sourcils". Mais il ne s'agit pas de loucher vers le haut comme sur les clichés ridicules qui empoisonnent les imaginations depuis des décennies. Bien plutôt, il faut poser le regard droit dans l'espace, comme Yukteshvar sur la photo. De même, le regard "sur la pointe du nez" (nâsâgre) ne consiste pas à loucher vers la pointe du nez, mais à poser le regard, sans la moindre trace de tension, sur le sol, dans la direction de l'arrête du nez, à 45° en gros.
P.S. : le verset 30 dit, littéralement, "tant que le regard est entre les sourcils". Mais il ne s'agit pas de loucher vers le haut comme sur les clichés ridicules qui empoisonnent les imaginations depuis des décennies. Bien plutôt, il faut poser le regard droit dans l'espace, comme Yukteshvar sur la photo. De même, le regard "sur la pointe du nez" (nâsâgre) ne consiste pas à loucher vers la pointe du nez, mais à poser le regard, sans la moindre trace de tension, sur le sol, dans la direction de l'arrête du nez, à 45° en gros.
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