La vie intérieure comprend, en gros, trois étapes : d'abord une touche de grâce, un éveil à l'amour divin, un aperçu d'une autre vie possible. Puis le vide, le dénuement, la sécheresse, où l'âme se sent seule, abandonnée entre sa vie d'avant, et la vie divine. Enfin, un état de plénitude, de consommation, un état fixe.
Mais permanent ne veut pas dire dépourvu de hauts et de bas. Le Carme Maur, un maître spirituel du XVIIème siècle, explique en quel sens cet état est fixe, et en quel sens il ne l'est pas :
"Quoique la vie de cet état [fixe] soit exempte de changement, à moins d'une infidélité bien notable surtout à l'égard de ce qui peut arriver du dehors, et immuable dans le fond de l'esprit même pour ce qui regarde l'intérieur et tout ce qui se passe au-dedans, il est pourtant vrai que les âmes ne sont pas ici exemptes de vicissitudes et changements de constitution, non pas comme j'ai dit qu'elle soient changées ou altérées en leur fond, mais je veux dire qu'elles ne sont pas toujours ici dans la jouissance ni dans la privation, Dieu le faisant ainsi pour les affermir et consommer de plus en plus en lui, tantôt se communiquant à elles dans une telle abondance qu'il semble que tous les trésors du Paradis et tous ses délices soient débordés sur elle, tantôt retirant tellement sa présence sensible de toutes leurs puissances qu'il semble qu'elles n'aient jamais mérité la moindre de ses caresses."
Mais à présent, l'âme "dans son simple fond, a toujours la même jouissance essentielle" de Dieu. Ce qui veut dire que dans le centre de soi, on est toujours en Dieu, car on a reconnu qu'en vérité, ce centre de soi est Dieu. Par contre, le corps et l'âme participent plus ou moins à cette union, selon les circonstances. Il y a là des degrés infinis de progrès possible. Et, comme nous sommes doués de libre-arbitre, nous pouvons toujours régresser.
Extrait du Sanctuaire de la divine sapience de Maur de l'Enfant-Jésus, p. 129
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pas de commentaires anonymes, merci.