La mystique est universelle, quoique exprimée par chaque individu d'une manière singulière.
Proclus est l'un des plus grands, à la fois métaphysicien auteur d'un système d'une incroyable complexité, et mystique fidèle à l'esprit des Mystères.
Dans sa Théologie platonicienne, il décrit la plongée au centre de soi :
"Chaque être, en rentrant dans ce qu'il y a d'ineffable dans sa propre nature, découvre le symbole du Père de tout l'univers. Tous les êtres par nature le vénèrent et, par le moyen de la marque mystique qui appartient à chacun, s'unissent à lui, en dépouillant leur propre nature et en mettant tout leur cœur à ne plus être que la marque de Dieu et ne plus participer que de Dieu, à cause du désir qu'ils ont de cette nature inconnaissable et de la source du Bien."
Proclus, Théologie platonicienne, II, 8, trad. Saffrey et Westerink
Tout y est... Dans chaque être se trouve l'empreinte de Dieu, la "fleur de l'intellect", l"un de l'âme". Cette fleur est le "symbole du Père" : le symbole, ce sont deux moitiés d'une poterie, brisée, qui sont ensuite réunis. Dans l'Antiquité, cela servait de signe de reconnaissance, de signature en quelque sorte. Nous portons en nous la signature du divin, sa moitié, qui aspire à être réunie à son autre moitié, comme le fragment au tout, comme la pièce du puzzle. "Tous les êtres par nature le vénèrent" : comme dans l'Upanishad et comme dans le shivaïsme du Cachemire - la tradition du Cœur - la vie est désir du divin, que ce soit dans le souffle ou dans les autres gestes. Même sans le savoir, tout désir est désir de Dieu. En même temps qu'elle tend à l'universel, ce symbole est personnel, la "marque mystique appartient à chacun". La vie intérieure est à la fois universelle et personnelle.
Bien évidemment, tous ces thèmes seront repris par les mystiques chrétiens.
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