samedi 13 août 2016

Dialectique et dialogue

Même les esprits les plus enclins au dualisme doivent l'admettre : tout discours sur Dieu commence et fini par Dieu ; la boucle toujours se referme - ce qui n'implique pas une fermeture, attendu que ce cercle continue de tourner, que le Souffle spire toujours en lui, comme lui. 
Mais il est certain que toute pensée achevée reboucle la Source sur elle-même. Si, par exemple, je pars des motifs de la création, je ne puis qu'aboutir à la conclusion que le créateur créé pour lui-même. Cependant, si j'abouti trop vite, ou trop tôt, à cette conclusion, ma pensée sera arrêtée, sans toutefois être aboutie. Car la boucle divine n'englobera alors pas la dualité, les dualités, les infiniment infinis sans lesquels le Devenir, l'Histoire, ne restent que des abstractions éloignées du réel. Je dois donc admettre que cette création "pour soi-même" embrasse et dépasse à la fois le désir de créé pour la joie des créatures. 


Abhinava le dit ainsi :

Nous célébrons ce Shiva
qui manifeste d'abord l'univers
dans la séparation
- la "thèse" de prime abord -
avant de la reconduire
à une autre "thèse",
celle de la non-dualité.

Méditation sur la reconnaissance, I, 2

Il célèbre Dieu qui se manifeste d'abord comme dualité pour ensuite la réintégrer en l'unité. Sans cela, ou s'il n'y a qu'une simple "réfutation" de la dualité, il n'y a pas mariage spirituel du Dieu et de la Déesse, et donc point d'assouvissement, de "non-dualité" achevée, mais seulement une non-dualité opposée à la dualité ou à l'unité.

La vie est un dialogue de "je-ne-sais-qui" avec soi-même. Un dialogue où Dieu se manifeste comme autre, puis dépasse cette altérité tout en l'incluant, dans une spirale dialectique ("transcender en incluant") sans terme ni fin.

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