Dans la tradition orale du Coeur-Corps (koula), il y a deux pratiques principales de la Koundalinî.
Comme je disais dans un billet précédent, la Koundalinî est le potentiel créateur, l'énergie du souffle et, finalement, la conscience.
La première pratique, décrite dans un billet précédent, est celle de l'écoute du va-et-vient du souffle dans les narines, et en particulier de la fin de l'expir. Ces instants de suspension à la fin de chaque expir, avant que ne reparte l'inspir suivant, "éveillent" l'énergie, le ressenti, la conscience - la Koundalinî, comme des coups de soufflet sur la braise qui couve sous la cendre. Tel un cobra qui se redresse (mais ça n'est qu'une image parmi d'autres), elle s'élance à la verticale. Le souffle s'affine, les sensations se fondent en un espace de plus en plus vivant.
C'est la Koundalinî "vers le haut", la première pratique donc.
La second pratique est celle de la Koundalinî "vers le bas" (adhah). Concrètement, c'est une écoute de ce qui se passe quand on fait l'amour. Pas de techniques exotiques, juste une attention au ressenti. La tradition du Cœur propose une petite aide, en évoquant six centres subtils qui vont du centre du Cœur, vers le bas, jusqu'à l'espace au-dessous du sol. Cette pratique est donc l'image-miroir de celle du souffle. Dans cette dernière, le souffle partait du Cœur vers le haut, traversait six centres (oubliez les "sept chakras" !), jusque dans l'espace au-dessus de la tête.
Dans la pratique "vers le bas" (du corps), l'énergie s'éveille toujours du Cœur, mais part d'abord vers le bas. C'est l'excitation sexuelle, tout simplement. Au seuil de l'orgasme, l'énergie s'est déployée vers le bas, dans l'équivalent du "lotus à mille pétales" situé dans l'espace au-dessous du corps, et jusque dans les pieds, dit Abhinavagoupta. On reste alors dans la délectation de cette sensation, et surtout, on la laisse se diffuser et "remplir" tout le corps, vers le haut, puis dans l'espace alentour, à l'infini.
Vous voyez qu'il n'y a rien de très compliqué.
Il suffit de se familiariser avec le seuil de l'orgasme. Sans se retenir. La tradition orale préconise des aller-retours. On frôle l'orgasme, puis on laisse l'énergie s'apaiser, puis on revient vers l'orgasme, et ainsi de suite. Pas de "technique de rétention", juste une exploration douce, mais intense. L'orgasme n'est pas interdit ici. L'important est que la sensation de plaisir ne soit plus limitée à la zone génitale, mais qu'elle soit la plus étalée et la plus forte possible.
Une autre clé est que les pratiques de la Koundalinî "du haut" et "du bas" sont des images-miroir l'une de l'autre. L'écoute du seuil de l'orgasme est l'équivalent "en bas" de l'écoute de la fin de l'expir "en haut". Voilà pourquoi la pratique de l'écoute du souffle est fondamentale. Elle constitue la base de l'écoute du ressenti lors de l'acte amoureux.
Finalement, vous voyez qu'il n'y a là rien de bien exotique, en dehors de quelques mots, dont on peut d'ailleurs se passer. Mais à la place de cet exotisme, il y a l'intensité de l'expérience et la profondeur du mystère.
Voilà pourquoi on parle de "reconnaissance" dans cette tradition. La clé est l'attention aux expériences les plus banales. C'est cette attention, cette observation pleine d'amour et de respect, qui ouvre aux expériences extraordinaires.
Bon et joyeux Noël à tous !
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