A la fin de l'énoncé du Mantra - Om par exemple -
le son se perd dans la Résonance consciente.
Au début, cette disparition est perçue comme un apaisement.
Cela signifie que l'on était agité. Par contraste, le silence
est entendu comme un apaisement par rapport au "bruit" du Mantra.
Puis la conscience se réveille, et ce même silence
est entendu comme une vibration intense, plus intense que le Mantra lui-même.
En réalité, selon la tradition, ce "silence" est le véritable Mantra.
Et c'est le "bruit" du Mantra lui-même qui est ressenti comme silence,
comme état de conscience inerte, où la Présence est comme assoupie.
C'est comme veille et sommeil.
Ce qui est veille est sommeil de la conscience.
Ce qui, pour les endormis, est sommeil,
est veille pour la conscience éveillée.
Or, cette Résonance qui suit le Mantra,
ce silence vivant qui apparaît de plus en plus comme Mantra véritable,
est aussi l'espace vibrant du corps,
sa masse tactile, d'abord inerte,
puis de plus en plus sensible, liquide, aérienne,
puis spatiale.
Selon la tradition, il y a douze étapes.
Cette Résonance est donc aussi tactile.
Et, de même que le Mantra est d'abord entendu avec plus de force
que le silence qui le suit,
le corps est d'abord perçu comme plus présent
que l'espace dans lequel il baigne.
Mais avec l'écoute du silence qui suit le Mantra,
cet espace s'anime, semble revivre.
Et, de même que le silence qui suit le Mantra
se révèle finalement plus intense que le Mantra lui-même,
l'espace qui entoure et imprègne le corps
se dévoile peu à peu comme corps,
corps transparent dans lequel le corps opaque
se dépose et se dissout,
à l'image d'un dépôt dans le fond d'un verre.
Le Mantra n'est pas seulement sonore.
Il est tactile.
Ou plutôt, le son est une sensation tactile.
Il résonne au creux de l'oreille,
mais il palpite aussi en chaque pore de la peau.
Le secret du Mantra est dans la source
d'où il naît et en laquelle il va se perdre.
La Vie. L'Espace. la Résonance.
Mais tout cela, c'est une voie graduelle,
pour les tièdes. Les timides.
Ca n'est pas un jugement de valeur.
Simplement,
la voie "directe", simple,
c'est de plonger directement dans le cœur,
se laisser happer, ravir, emporter, bercer.
Tant que quelqu'un pratique quelque chose,
c'est difficile. Toujours impossible au final.
Quand on laisse le Mystère "pratiquer" en soi,
alors...
C'est toute l’ambiguïté de la "tradition du Cachemire".
Pratiquer ou "se laisser" pratiquer ?
Un mot sanskrit : samâvésha.
On peut traduire de deux façons :
- active : "pénétrer dans", "s’absorber en". Je suis alors celui qui pratique, qui fait effort pour, déjà anxieux d'un résultat, réussite ou échec...
- passive : "être envahi par", "être possédé par". Je suis alors dans l'ouverture, disponible à ce qui est plus vaste, plus grand. Et je suis en paix, sans soucis. Dans cette foi aveugle, plus rien ne dépend de moi. Je laisse tout à la Source. Chaque instant est Réponse à la Question. Dialogue. Simple. Infini.
...
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