L'attitude la plus courante envers le désir est illustrée par cette parole attribuée à l'adepte tantrique bouddhiste Saraha :
touche ton cœur et que tu la chérie,
elle ne causera que souffrance."
(Cité dans The Royal Seal of Mahamudrâ p. 159)
Bien sûr, cet enseignement promet par ailleurs une transmutation de la passion en compassion. Mais la vision en arrière-plan de ces pratiques alchimiques, en apparences des proches des pratiques tantriques originelles, reste une vision négative du désir, donc du corps, de la femme, de la vie, etc. L'utilisation de la femme par l'adepte bouddhiste n'implique aucune dignité du désir ou de la femme. Bien au contraire, cela n'exprime que l'habileté du bouddhisme, capable d'employer le pire (le désir, la femme) pour arriver au meilleur (le détachement, une renaissance masculine).
Que l'on compare maintenant cette approche avec celle de la tradition Kaula, centrée sur la Shakti, la puissance divine féminine, dont le désir est le visage le plus pur :
façon que voici : c’est d’elle seule que procède tout mouvement dont
l’essence est félicité. En effet, lorsque l’on perçoit un chant mélodieux, ou le parfum du santal, etc., l’état [ordinaire] d’indifférence (jada) s’efface et l’on éprouve dans le cœur une vibration qui n’est autre que ce que 1'on nomme énergie de félicité ( ânandasaktî ) : c’est grâce à celle-ci que
l’homme est « doué de cœur » {sahrdaya) [et non une brute insensible]."
(Abhinavagupta, Tantrâloka III, 208b-210, p. 189, trad. Padoux).
Et :
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