Le mouvement n'est pas un problème. Le mouvement est désir de paix, amour du centre, de l'origine et de la fin de toute chose. Le mouvement n'est pas vain. Il a sa raison d'être, la plus haute qui soit : réunir chaque être à sa source.
"Que Dieu soit immuable, cela fait que toutes choses sont en mouvement. Il y a quelque chose de si désirable, qui fait se mouvoir toutes choses pour qu'elles retournent à ce dont elles sont venue, et cela demeure pourtant immuable en soi-même, et plus une chose est noble, plus elle se meut avec désir."
Maître Eckhart
L'émotion n'est pas indigne. Elle est, comme son nom l'indique, mouvement.
Mais mouvement vers quoi ?
Vers le Bien, vers ce qui est désirable. Non pas ce qui est désirable en vue d'autre chose, comme je désire la santé pour vivre, et non pour la santé elle-même. Mais ce qui est désirable absolument, sans autre but.
Cela demeure immuable et immobile, mais cela met tout en mouvement. Tout ce qui bouge est à la recherche de cela. La pierre même, à sa manière, qui son poids. Et la plante, et l'animal, et l'ange. Et en moi, l'amour. "L'amour est mon poids". Ce désir au fond de tout désir, cet amour aveugle mais insatiable, qui m'entraîne vers je-ne-sais-quoi, qui est plus évident que le jour.
Le désir est ma boussole, mon guide. Le désir pur, le désir gratuit, aveugle, le désir si fort que je ne peux exprimer ce que je désire. Le désir sans second, unique pour l'unique, du plus profond vers le Sans-fond.
Le désir est noble, même quand son objet apparent ne l'est pas. Le désir de vivre, d'être, d'avoir même. Le désir de paraître, et jusqu'au désir du mal. Il n'y a, au fond, que cet élan.
La vie intérieure, c'est remonter à la source du désir, au désir nu, où la Source se donne à nu. C'est peut-être cela, "méditer". C'est peut-être cela, "plonger".
Remonter ici, à la source de tout mouvement. A l'aube de l'émoi, quand le Moi n'est pas encore ego face aux autres. A la racine, à la souche vivante, grosse de ce qu'il y a de meilleur.
Il y a une noblesse dans le désir.
Et plus le désir est intense, plus il passe pour un repos. A l'image d'une toupie, le mouvement infini vers l'Infini semble immobile. Or, cette inaction apparente est in-action divine, action à l'intérieur, dans l'invisible intime.
Puissions-nous reconnaître la noblesse du désir.
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