mardi 31 décembre 2024

"Amour est le plus divin"



Extrait de La douleur, d'Antoine Blanc de Saint-Bonnet, où il mentionne la rencontre de Tauler avec le lépreux :

"Dieu veut que tout cœur soit et plus pur et plus grand pour mieux recevoir sa gloire, pour contenir plus de félicité. Il faut que la vaillance s'unisse en nous à l'innocence. Disons-le aux âmes des hommes : telles sont les belles nécessités de l'Infini. Il ne faut pas que notre amour soit comme une flamme qu'emporte le vent, ni notre personnalité comme un tronc mort; il faut que, fondus l'un avec l'autre, ils entrent dans l'incandescence immortelle ! On doit donc prendre un soin égal de la personnalité et de l'amour. Au fond, c'est bien l'amour qui est le plus divin. 

Mais l'homme, n'étant point assez bon, fait beaucoup plus de cas de la puissance que de l'amour. C'est toujours la puissance qui réussit dans Je monde, et l'égoïsme, comme tous les mauvais sentiments, n'a de respect que pour la force. Aussi l'amour, fait pour le ciel, se voit exposé ici-bas à toutes les blessures. Beaucoup d'âmes l'ont senti, et elles se sont retirées à l'écart pour le mettre à l'abri sous les fleurs immortelles de la sainteté. Il y a des hommes qui ne connaissent qu'un élan; puissent-ils ne pas connaître l'autre! 

En nous, il est comme deux âmes ; heureux ceux qui ne portent que l'âme qui veut connaître Fuyez, cachez-vous dans le sein de Dieu, si vous reçûtes, sur la terre cette autre âme qui veut réellement aimer. Si la douleur a une portée surnaturelle en servant d'instrument à la Grâce, elle peut aussi faire fléchir la nature. L'âme, en ce cas, n'a qu'un parti à prendre, c'est de courir dans les bras de Celui qui lui dit : « Venez à moi, vous qui souffrez, et moi je vous soulagerai. » Là, le plus misérable va rencontrer tous les secours.

 Pouvons-nous oublier la réponse que fit à Jean Taulère le mendiant à qui manquaient deux membres et une partie du visage : « Je te le répète, je n'ai jamais eu, grâce à Dieu, de mauvais jours dans ma vie. Dieu est mon Père céleste; et comme il m'aime d'un amour éternel et incompréhensible, tout ce qui m'arrive ne peut tourner qu'à mon bien, en sorte que je vis dans la paix la plus profonde. Lorsque je souffre, ou lorsque je n'ai pas de pain, je jeûne en expiation de mes fautes, et aussi pour ceux qui ne jeûnent pas. Et mon cœur se fond de bonheur en songeant que la vie est si courte, et que je serai éternellement heureux dans le Ciel. » 

Notre voie est la bonne voie : si Joseph se fût affligé quand il se vit jeté dans la citerne ou vendu comme esclave, il se fût affligé de son bonheur. Comme Dieu nous a fait pour lui, n'est-il pas aisé de comprendre que notre âme toujours inquiète, s'agitera dans la souffrance tant qu'elle ne viendra pas se reposer en lui? 

C'est pourquoi saint Augustin s'écrie : « Ce qu'il faut pour nous rassurer et pour nous consoler, c'est une parole amie qui nous vienne du Créateur. »"

Texte lu :


samedi 21 décembre 2024

Le jour le plus court


meye'pi devī tiṣṭhantī māsa-rāśy-ādi-rūpiṇī /

La Déesse est présente jusque dans le monde,

sous la forme des mois, des signes du zodiaque et autres.

ata eṣā sthitā saṃvid antar-bāhyobhayātmanā /

svayaṃ nirbhāsya tatrānyad bhāsayantīva bhāsate //

Ainsi, cette conscience présente (en chacun)

se manifeste elle-même

à la fois comme intérieure et extérieure.

Là, (en elle,) elle se manifeste comme si elle manifestait

un autre (qu'elle-même).

Abhinava Gupta, Lumière des tantras

________________

Une seule conscience se manifeste comme toutes choses - le monde, les individus, leur personnalité, tout. Et tout cela, sans cesser d'être ce qu'elle est. Elle manifeste l'autre en elle-même, 

comme dans un rêve.

En ce jour le plus court, rendons hommage à cette Déesse universelle, liberté souveraine qui se manifeste jusque dans l'impossible - se manifester comme ne se manifestant pas !

Elle est le Grand Cycle du Temps, kāla-cakra, 

Soleil de la conscience qui ne se lève ni ne se couche,

mais qui se manifeste ainsi selon son désir.

La Déesse Kālī est ainsi le Soleil en qui tous les soleils se lèvent et se couchent, les douze soleils intérieurs comme les douze soleils extérieurs.

Elle est la Déesse dont la tradition remonte à l'aube du premier soleil, ādi-sūrya-udaya, l'Aube Rouge des steppes primordiales, Uṣā.

Méditation :

www.david-dubois.com

mercredi 4 décembre 2024

Lire ?


"Si, au lieu de faire de longues lectures,

on lisait sans précipitation,

laissant la lecture aussitôt qu'on se sent touché, 

et la reprenant lorsque la touche est passée,

la lecture nous serait un grand profit...

Au lieu que, lisant ou par curiosité ou par quelque motif imparfait, on les lit souvent à sa ruine : 

on s'attribue des états, 

on veut voir et sonder si on est comme il est écrit, 

on se croit dans un état avancé 

lorsqu'on est que dans le commencement, 

on fait pour ainsi dire un pot-pourri de tous les états..."

Jeanne Guyon

Qu'en pensez-vous ?

Faut-il mieux lire pour étudier où pour éprouver ?

Lire est-il un obstacle ou une aide ?

Un recueillement ou une distraction ?

Une source d'aide ou d'illusions ?

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