Le meilleur de tous les états est de recueillir au-dedans l'esprit par le moyen de la volonté amoureuse de son Dieu, qui rassemble autour d'elle les puissances [=les facultés mentales et corporelles] et semble se les réunir. C'est une contemplation amoureuse qui n'envisage rien de distinct en Dieu, mais qui l'aime d'autant plus que l'esprit s'abîme dans une foi implicite, non par effort ni par contention d'esprit, mais par amour.
On ne fait nul effort d'esprit pour s'abstraire, mais l'âme s'enfonçant de plus en plus dans l'amour, accoutume l'esprit à laisser tomber toutes les pensées, non par effort ou raisonnement, mais cessant de les retenir, elles tombent d'elles-mêmes.
(...)
Par cette voie, l'âme trouve en peu de temps son centre, ce qui n'arrive pas par la simple abstraction d'esprit : car quoique l'âme y ait une certaine paix qui vient de l'abstraction des objets multipliés, cette paix n'est ni savoureuse ni si profonde que par la voie de la volonté.
Madame Guyon, Oeuvres mystiques, éd. par D. Tronc, Honoré Champion, p. 618
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