Coucou ! Je suis pure conscience, mais je suis aussi désir !
Les approches non-dualistes proposent de reconnaître la Source - ou Dieu, ou la Déesse, comme vous voudrez - par la connaissance, l'intuition, la perception. Dans cette perspective, ils 'agit de voir. Et comme la Source est cela qui voit, on présente la Source comme vision, pure conscience, regard immaculé pareil à un ciel sans nuages, une immensité limpide. On peut transposer cette approche pour les autres sens : la Source est pure écoute, silence qui enveloppe bruit et silence, etc.
Mais qu'en est-il des émotions ? Que deviennent le désir, la volonté, l'amour, les affects, dans cette (non-)histoire ?
Eh bien... rien.
C'est que les discours non-dualistes contemporains sont en grande majorité inspirés par la doctrine de Shankara. Selon lui, la Source est pure conscience, témoin de tout le reste. Y-compris des désirs et émotions. Donc la réponse que l'on entend souvent sur l'émotion est : "L'émotion est un objet qui va et vient dans l'espace de la conscience. Soyez-en le témoin et les émotions s'apaiseront d'elles-même".
Ce qui n'est pas faux. Mais insatisfaisant. Car sec. Aride. Je crois aussi que la plupart des enseignants de non-dualité (les éveillés sans histoire, etc.) sentent bien cela. Surtout les femmes. Mais, prisonniers jusqu'à un certain point du style de Shankara, ils/elles n'arrivent pas à exprimer leur expérience.
Car enfin, l'"éveil", ça ne peut pas juste consister à réaliser un fait du genre "il n'y a pas d'individu", il n'y a rien, juste un mécanisme universel impersonnel ! Ce genre d'idée peut amener une paix temporaire. Provisoire seulement.
Pourquoi ? Parce qu'elle est en partie fausse. En effet, l'individu n'est pas un simple objet ou construction dans la conscience. Il y a une différence entre une personne et une table !
Mais laquelle ?
Le désir justement. L'émotion. L'affect. La sensibilité. La réactivité.
C'est cette dimension essentielle de notre être que le courant actuel de la non-dualité ignore, car il ne le comprend pas, même s'il en a une intuition profonde. Il ne le comprend pas, littéralement : il le rejette parmi les objets, les choses inertes et privées de conscience propre, là-dehors dans le monde des bidules et autres constructions mentales.
Pourtant, il existe une autre approche, celle de la non-dualité tantrique, celle d'Abhinavagupta, celle "du Cachemire" : le tantra non-duel. Selon Abhinavagupta, la Source n'est pas une conscience-témoin, passive devant ce qui passe. Elle est la Source créatrice.
Autrement dit, conscience=désir. C'est le point-clef.
Mais, dira-t-on, le désir c'est le mental, l'imagination qui nous éloigne de l'ici-maintenant, nous emporte dans des histoires, des labyrinthes de souvenirs dont on ne sort plus. Sauf à se reconnaître dans l'instant comme conscience-témoin...
C'est vrai. En partie. C'est vrai pour les désirs. Mais tous ces désirs n'en font en réalité qu'un seul. Si l'on considère le désir tel qu'il est coloré par son objet - désir d'une pomme, désir de cette femme, désir de cette expérience-là, etc. - alors oui, on peut parler des désirs.
Mais c'est comme pour la conscience. Si l'on considère la conscience sans la distinguer des choses, alors elle se réduit à une succession de pensées : conscience de la pomme, de cette femme, d'un souvenir de la pomme, etc. Mais au fond, il n'y à qu'une conscience qui semble "colorée" par une succession de choses - pomme, femme, etc. La conscience se confond avec les pensées parce qu'elle s'aveugle, elle s'identifie aux choses à la faveur d'un manque de lucidité.
Eh bien, il en va exactement de même pour le désir, les émotions. A première vue, une succession de désirs et d'émotions nous traversent. Mais cela est vrai seulement si l'on envisage les choses visées par ces désirs, ces émotions. Si l'on regarde l'émotion en elle-même, elle est une, d'une seule saveur. Il n'y a qu'une émotion. Un seul désir. Et, de même que dans la reconnaissance de la pure conscience, on reconnaît que tout est en nous, dans la reconnaissance du pur désir, de l'émotion pure, on ressent que l'on ne fait qu'un avec la Source.
Mais alors l'expérience n'est plus aride, sèche. Ce n'est plus cette non-dualité quelque peu anémiée qui lasse et qui passe. Car quand je reconnais que le premier ébranlement de tout désir est désir de tout, désir de la Source, désir provenant de la Source, et qui est la créativité pure de la Source elle-même, je me ressens comme un avec tout et tous. J'en fais l'expérience directe, immédiate, au cœur du désir. Toute émotion est mouvement vers la Source, élan vers le divin. Et ressenti comme unité avec toute chose, Avec tout être. C'est très différent ! La saveur de l'expérience est alors celle de la plénitude. Pas juste une morne paix "sans personne pour...". Le cœur s'ouvre. Lentement, avec des rechutes, mais il s'ouvre. C'est indubitable. Alors que dans l'approche non-dualiste "sèche", l'amour tarde. S'il arrive jamais. Ca reste un peu abstrait, si vous voyez ce que je veux dire... On ne fait pas immédiatement l'expérience de l'amour. On entrevoit plutôt l'amour à travers un raisonnement : "Je suis conscience, tout est conscience, donc je suis tout, donc je suis l'amour". Mais l'expérience de la conscience-témoin n'est pas celle de l'amour.
Encore une fois, je suis persuadé que, parmi les "éveillés", beaucoup font l'expérience directe de la Source comme désir, comme émotion, comme amour. Mais ils manquent des mots pour le dire, et ils sont un peu prisonniers de doctrines et de discours qui ne sont pas adaptés à ce qu'ils désirent partager. D'où des "satsangs" parfois un peu laborieux. Et des remises en question, des évolutions. Comme celle de Jeff Foster : parti du monde de l'impersonnel bien lisse, il a ensuite redécouvert l'individu, le personnel, le singulier, l'affectif, le désir. A côté de l'approche par la vision, il existe une approche par le désir.
Donc voilà. Je voulais juste signaler qu'à côté du non-dualisme impersonnel, il existe d'autre possibilités.
Bonne journée !
Le changement se produit lorsqu’on prend la responsabilité de sa conscience et qu’on l'applique à notre vie quotidienne, instant après instant.
RépondreSupprimerJe suis d’accord avec vous David, toute émotion se réfère à l’émotion centrale : il n’y a qu’une émotion, c’est l’émotion d’être. La joie, la tristesse, la peur, ne sont que des prolongations. Il y a différents « niveaux » d’émotions. Observer les emboîtements. Et remarquer, qu’au final, derrière, il y a toujours l’émotion ultime, la joie, la félicité, la paix. ânanda.
RépondreSupprimerMais un homme sensé, c’est quelqu’un qui vit en harmonie avec ses émotions : il connaît ses peurs, ses anxiétés ses jalousies, ses culpabilités, ses désirs, etc. Or, trop souvent on repousse les émotions, on ajourne. C’est cela qui créée des résistances et c’est ça qui fait mal.
L’approche non-duelle en général oublie cela. Tous vos exemples restent, malgré ce que vous pensez, encore complètement abstraits.
La vie est un processus d’alchimie ! Des changements constants apparaissent dans notre corps, notre situation, notre environnement. La manière dont nous répondons à l'évolution du monde est directement liée à notre capacité à intérioriser notre conscience, et la façon dont nous nous concentrons sur nos actions justement à partir de cet espace intérieur sacré.
Il ne s’agit pas d'éliminer l'ego. Il s’agit de permettre à notre nature supérieure d’absorber l'ego et de le transformer dans cet espace supérieur. Pour devenir aimant, généreux et respectueux, nous devons faire des efforts en nous comportant en fonction de nos valeurs les plus élevées. Chaque moment est une occasion de nous recréer : un sentiment, une pensée, un geste.
C’est comme si la notion d’effort était bannie de votre vocabulaire. Dès qu’il y a une émotion ou un désir, ou que sais-je, plongez-vous dans la réalité des êtres qui vous entourent ? Ou vous retirez-vous dans votre coquille non-duelle ?
Le voyage intérieur de l'âme vers la transformation n’est pas simplement un changement de caractère, mais une prise de conscience de notre vraie nature. Cela signifie que notre identité et la conscience ordinaire cessent d'être déterminées par notre histoire. Nous changeons de dimension, laissant le contenu du passé résider dans notre présence éternelle.
Nous sommes des êtres spirituels vivant dans des corps humains. Relâchons les hésitations et les doutes, et osons devenir qui nous sommes (déjà).
Merci David, je partage ton point de vue et expérience.
RépondreSupprimerSi "tout est Cela", alors "tout est Cela", pas juste une partie de Cela regardant les autres parties. L'une et les autres sont Cela, sans hiérarchie, ni différence de nature; et même sans division des "parties" entre elles.
Seb
Oui Sébastien, le Tout en chaque partie. Par contre, pourquoi pas de hiérarchie ? Et des différences sans hiérarchie, est-ce possible ? Moi aussi je préfère pas de hiérarchie et j'apprécie pour cela la métaphore des fractales. Mais... ça me paraît toujours un peu mécanique, répétitif, comme les univers simulés des jeux vidéos, comme dans les mandalas bouddhiques avec des myriades de bouddhas-clones. Cela manque d'imprévu, de singularités, d'individualités. Mais bien sûr il existe d'autres modèles que les fractales. Cela dit, hiérarchie = "organisation fondée sur le sacré". Pourquoi pas ?
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