Au-delà de nos pensées, de nos sensations, de nos perceptions,
par-delà le monde,
il existe un espace de pure présence.
Il ne brûle pas quand le monde brûle,
il ne souffre pas quand nous souffrons.
Mais ceci n'est que partiellement vrai.
C'est une astuce pour éveiller la conscience à son immensité.
Car cet espace existe t-il vraiment à l'état pur, sans les choses ?
On dit "conscience pure", "sans objet".
Mais cette conscience vierge existe t-elle vraiment ?
Cette reconnaissance d'une conscience "transcendante", pure, présente un avantage, certes.
Mais aussi deux inconvénients.
Un avantage : si "je" souffre et que je me découvre comme conscience pure, je réalise que "je" ne souffre pas réellement. La souffrance est un objet qui passe en moi, espace de pure conscience, comme un nuage dans le ciel.
Mais deux inconvénients : D'une part, si je me conçois comme conscience pure, j'aurai tendance à vouloir faire disparaître les objets, les choses, le monde. J'aspirerai à la conscience pure, vidée de tout contenu. Et alors, d'un côté je voudrai m'éloigner du monde, et de l'autre j'aurai un problème avec mes pensées et mes émotions, car elles reviendront sans cesse. D'autre part, je vais croire que la conscience est coupée de tout, comme un espace qui contient tout, mais qui ne ressent rien, qui est indifférent. Cette indifférence apporte une certaine paix à la faveur de laquelle la personne peut s'épanouir jusqu'à un certain point. Mais alors, il restera toujours une séparation entre la conscience et les choses (dont mes pensées, etc.).
Pour éviter ces écueils, je crois qu'il est important de réaliser que la conscience n'est jamais totalement immobile et vide.
L'Absolu n'est jamais absolument vidé du relatif.
Regardez un miroir : sa surface n'est pas altérée par ce qu'il reflète. Il ne brûle pas quand il reflète du feu. Il ne gèle pas quand il reflète de la glace.
Mais il n'est jamais sans reflet.
En un sens, il est au-delà de ce qu'il reflète, car il n'est pas altéré par eux ; mais en un autre sens, complémentaire, il n'est jamais sans reflets, et il fait corps avec eux.
C'est le paradoxe de la conscience, de la pleine conscience :
je suis vide de tout, mais aussi, en même temps, plein de tout.
Je ne suis rien et je suis tout.
Même dans les traditions de non-dualité, cette réalisation est courante.
Ainsi Vasishta le dit, l'Absolu
ne peut rester sans la manifestation,
qui lui est naturelle et qui est simplement ainsi.
(Pourquoi ?) Parce qu'il est conscient !
De même, l'or ne rester sans forme...
Toi qui est sage !
Dis-moi comment
le poivre pourrait être du poivre
sans avoir la saveur du poivre ?
Un sucre sans goût de sucre
serait-il du sucre ?
Une conscience sans conscience
serait-elle "pure conscience" ?
La conscience ne peut jamais exister
sans une subtile vibration
qui est l'essence de la conscience,
tout comme une chose ne peut être cette chose...
sans être cette chose !
Le Yoga selon Vasishta, VI/2, 82, 6-14
Et il ajoute :
L'or n'existe pas sans forme.
De même, Dieu n'existe pas
sans monde
et sans sentiment du "je".
Le Yoga selon Vasishta, VI/2, 93, 43
Ce point est très important.
Si nous ne le comprenons pas, nous tomberons dans l'impasse d'une vie intérieure qui nie la vie.
La méditation n'est jamais "sans forme".
"Méditation sans forme" signifie seulement que je perçois sans saisir les formes, sans m'accrocher, en relâchant l'attention.
Mais la conscience n'est jamais absolument vide,
de même que l'océan n'est jamais immobile.
RépondreSupprimerLa conscience d'un objet n'est pas fondamentalement un voile sur la conscience sans objet.
La métaphore du nuage qui passe sur un ciel pur ou celle des vagues sur l'océan n'expriment pas que même les expressions de la conscience sont pure tranquillité identique à la conscience pure.
La métaphore des vagues est meilleure car la conscience n'est pas l'océan sans vagues, la conscience c'est l'eau.
Probablement il faut en passer par la conscience sans objet, ce qui est tout à fait possible, pour ensuite la reconnaitre aussi dans la conscience avec objets.
Oui.
RépondreSupprimerUnité. Innocence.
Dualité. Découverte.
Dualité réintégrée à l'unité. Amour.
Simple :)