mardi 11 février 2020

Marché ou pas Marché ?

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Les lecteurs attentifs auront remarqué que, d'un côté, je parle du Marché comme d'un monstre alors que, de l'autre, j'appelle une spiritualité du laisser-faire.

N'y a-t-il pas contradiction ?

C'est que, en fait, le Marché actuel, ce monstre, ne me semble pas tout à fait libre. Loin de là. C'est grâce à des politiques de "dérégulation" qu'il a, depuis le début des années 80, connu une réalisation sans précédent. Mais ce Marché, comme au Monopoly, a eu tôt fait d'engendrer des monopoles qui sont devenus des lobbys, qui n'ont de cesse de réduire les libertés. Jamais il n'y a eu autant de règles, souvent créées sous la pression des lobbys, c'est-à-dire dans l'intérêt des gagnants du Monopoly mondial. Il ne s'agit pas d'un "libre" Marché. Bruxelles n'est pas l'arbitre du Marché, mais le bras juridique des gagnants. 
Donc, le monstre que je condamne n'est pas le Marché idéal, mais le Marché des accords gagnants entre gagnants, le Marché de la fausse concurrence et des véritables ententes entre puissants. La "démocratie" qui est sa justification est une oligarchie, un jeu de chaises musicales à l'intérieur d'un sérail qui détruit les nations, les Etats, la citoyenneté et toute forme de démocratie locale, en faveur d'un pouvoir impersonnel procédurier, technocratique pseudo-scientifique, qui ne peut que des consommateurs endettés (des "consommacteurs" tout au plus) pour gonfler la bulle.

Mais, me dira-t-on, le Marché a-t-il jamais été autre chose qu'un Monopoly ? Et, comme ce nom l'indique, ce jeu est fait pour concentrer les richesses, non pour les distribuer... Quant à la démocratie, a-t-elle jamais été digne de ce nom, dès lors qu'elle était "représentative" ?

Certes, ces questions se posent. A mon sens, la démocratie représentative doit être un moment de l'Histoire. Les innovations techniques obligent à d'autres formes de citoyenneté, plus participatives, voire davantage directes. 
De même, le Marché est comme un réacteur nucléaire : il doit être régulé (tel est le sens de la fonction "régalienne" de l'Etat, à mon sens) et les richesses redistribuées en partie. Un libéralisme social : contradiction féconde, tant qu'elle est tenue en équilibre, équilibre aujourd'hui brisé.

Ou alors, il faut chercher en direction de pouvoirs plus locaux, revenir du commerce vers la communauté. Je ne dis pas communisme, mais davantage de communion. Une juste distance entre individu et société, comme nous l'enseigne la fable des hérissons en hiver : trop éloignés, ils ont froid ; trop proches, ils se piquent. 

Comme je l'ai dit avant, je n'ai pas la réponse complète et achevée. 
Néanmoins, je suis convaincu d'une chose : la liberté d'abord. Libérale, libertaire ou libertarienne, je ne sais pas. Mais la liberté au-dessus de tout, au-dessus de la sécurité. Cette dernière n'est acceptable que si elle est une forme de liberté. Autrement, elle n'est pas même sécurité. 

Que ce soit en spiritualité ou en politique, je suis pour la liberté. Comme cela laisse le champ (libre !) à de nombreuses possibilités, je dis que je ne sais pas. Mais cette formule doit être complétée : "je ne sais pas dans les détails, mais je sais que je veux la liberté". 

Pour la spiritualité, je suis contre le commerce et la marchandisation universelle à laquelle nous assistons à la faveur des innovations techniques. Mais je ne suis pas contre le Marché, pour peu qu'il soit régulé afin de protéger la société et la décence. Commerce et communauté sont deux forces contradictoires, mais nous avons besoin des deux, et nous devons sans cesse veiller à leur équilibre.

Mais actuellement, je constate que le Marché, divinisé, est en passe de détruire toutes les formes de sociétés, y-compris animales. Voilà pourquoi j'en parle comme d'un monstre. Voilà pourquoi je tiens et j'assume ces contradictions. Nous avons besoin de ce Léviathan, mais nous avons besoin également de nous en garder. Nous devons réveiller toutes les formes de société, tout en sachant porter haut la bannière des libertés individuelles.

Au fond, je suis et je reste pour la liberté, spirituelle ou politique. Une liberté critique, éduquée, instruite, éveillée, dialectique, sans langue de bois. Une liberté libre.

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